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Affichage des articles du janvier, 2009

27/02/09 Du côté de chez Proust

Et si nous détournions le fameux questionnaire ... Le "Je" étant proscrit, ce jeu devrait vous plaire. Si vous le connaissez vous retrouverez, les réponses de chaque participant dans les textes suivants. La première question est : votre vertu préférée... Texte de Pierre Simplicité La simplicité. Il aimait par-dessus tout la simplicité de cette épicière. Elle aurait pu l’écraser de sa hauteur et lui demander, comme l’autre con, là, du Tabac, pourquoi son père ne lui donnait jamais une somme suffisante pour payer les courses. « Je suis compliqué ! Tu comprends ça mon fils ? Com-pli-qué ! Alors tu prends ça et tu vas chercher les patates ! » Ceci étant… Pour prendre conscience de la simplicité d’une dame, quand on a dix ans, honte, et qu’on vient de se faire rembarrer par le Tabac… Il était envahi par cette vague brume de l’esprit qui l’écartelait entre l’humanité d’un père qui s’avouait sans retenue « compliqué » et la franchise de Madame Chantegrain avec son « je sais que tu n

23/01/09 Réussite

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Image après image le texte prend forme, guidé par le hasard et l'imaginaire . Texte de DB Le rire était au centre de sa vie, il avait passé tellement d'années enfermé en lui même, avec des regrets interminables ! Il avait décidé d'en finir avec cette sinistrose ... Maintenant, lorsqu'il se baladait, il regardait les sourires des femmes, leurs lèvres pleines, leurs dents régulières. Son regard ne se portait que sur les bouches parfaites. C'en était fini de la laideur, du gris, il se l'était promis, désormais il mènerait une vie en couleur. Il se rappelait parfois ce petit coin de nature baigné de soleil, sa femme et sa fille se réjouissant. C'était avant le drame, l'accident de voiture qui leur avait coûté la vie. Il n'avait pas vu le camion... Il faisait de longues promenades et laissait le soleil réchauffer sa peau, il fermait les yeux et se laissait imprégner par le chant des oiseaux, l'odeur des fleurs. Il se sentait vivant. Tellement vivan

13/01/09 Je cherche un mot à méditer...

Ce soir nous sommes neuf, un nombre suffisant pour tenter le jeu des prénoms. Attention : neurones en surchauffe !! Texte de Mistraline C’est l’histoire d’un âne sophi ste, maître de rhétorique et de philosophie qui traîne ses sabots aux States où il chemine de bourgades en villages pour enseigner l’art de parler en public. Un jour, alors qu’il franchit l’enceinte d’un bourg, il entend à peu près ceci : - Oh la Marie ! Pierre qui roule n’amasse pas mousse. L’âne sophistiqué n’avait jamais entendu pareille expression, il avait bien lu La martine et Rousseau, mais jamais il n’avait écouté les Rolling Stone. Médusé, il regardait la Marie … raphäell ique à souhait, tant ses traits auraient sans doute pu être inspiré à la nature par le Grand Raphäel lui-même. Elle ondulait fièrement, tourneboulant sur son passage la tête des badauds, si bien que même la chorale de chérubins finit par en perdre son solfège : - Ré … Mi … Do … Fa … - Bien ! Mieux vaut s’en tenir là pour aujourd’hui bande de

09/01/09 Boris Vian

Extrait de " JE VOUDRAIS PAS CREVER ... "de Boris Vian, à partir duquel nous ébranlons nos lyres si souvent muettes. Je voudrais pas crever ... Avant d'avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques Les araignées d'argent Au nid truffé de bulles (…) Je voudrais pas mourir Sans qu’on ait inventé Les roses éternelles La journée de deux heures La mer à la montagne La montagne à la mer La fin de la douleur Les journaux en couleurs Texte commis par MERCIEL de ses petites mains Je voudrais pas passer Sans avoir retrouvé ma liberté Avoir connu Guardaia Le bleu iceberg L’aurore boréale Les escaliers de Bénarés La poussière de Djanet Et le jardin des Hespérides Je voudrais pas repasser Sans avoir compris la vie Appris les tourments de l’âme La vérité derrière les sourires Intégré la beauté Sans avoir grandi un peu Démêlé le monde Compris enfin pourquoi. Je voudrais pas trépasser Sans la fusion des âmes Sans le silenc

19/12/08 Proverbial

Textes à inclusion ... Proverbes pré-sélectionnés : Créole : Avec patience et crachats on fait entrer un pépin de calebasse dans le derrière d'un moustique. Russe : La douleur embellit l'écrevisse. Expressions pré-sélectionnées : Grossier comme du pain d'orge Se laisser manger la laine sur le dos. Texte de M LES DRAPS La grande mère n’était pas du style à se laisser manger la laine sur le dos. Assise sur sa chaise roulante elle prit la petite bonne par la manche et la secoua d’avant en arrière pour lui faire lâcher le paquet qu’elle pressait sous son aisselle. -« ‘es draps » disait-elle avec sa moitié de bouche encore valide. La petite leva les yeux au ciel et fit mine de ne pas comprendre. _ « Calme toi, laisse cette fille tranquille » Le grand père lui effleurait les cheveux lorsqu’il lui parlait doucement, convaincu qu’avec patience et crachat on fait entrer un pépin de calebasse dans le derrière d’un moustique. - « Non ! Non ! » La grand- mère repoussa sa caresse d’un

16/12/08 Paul Gachet

D’ORES ET DEJA DORS Perdue en l’ombre scripte De textes obsolètes Poète de ce jourd’hui Ombre morte éperdue Qu’il te croyait retenir Mal vivant souvenir Délivrance en gésine D’un monde endormi Dont le front cauchemarde Que ses clameurs t’assaillent Que coulent tes entrailles Crapaud énergumène Endémique crasseux Contempteur du jasmin En les siècles des siècles Enfouisseur de charades Ami sans camarade Perdu en l’ombre morte Des palimpsestes abstrus Poète d’aujourd’hui, hui Ombres mortes éperdues dues. Paul Gachet Pour nous, en prime, une petite figure imposée : le tautogramme. Texte de Sonayâ SYMPTÔME D’UN LANGAGE : (les « euh » entre parenthèses sont là pour la pronnonciation…) Langage palindrome(euuuuh) Les muses, des fées, des gnômes(euh) Les labiales là, là…LÂÂÂ… Lalala tralalère(euuuuh)… Labyrinthe langage Langage palindrome(euuuh) Le grotesque fântome(euuuh) Ça dégouline de mots Ça transpire il fait chaud Ça grelotte il fait froid. Ces mots des mots démodés Clamés exaltés hurlés

05/12/08 Fantasmagorique !

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Sur le mur de ma chambre quelle ombre dessine (...) la fantasmagorique projection de sa silhouette racornie. Lautréamont Texte de Catherine Lanos ...D'abord, il y a le noir. Plus exactement un noir d'encre, féroce. Celui qui est si opaque, qu'on se sent comme englué, embourbé, noyé dans je ne sais quel glue étouffante. Et alors, on ne respire plus, tétanisée par une sorte d'impuissance horrible, comme du plomb fondu qui descendrait dans son corps. On se bloque dans une sidération silencieuse, fragile, abandonnée dans un désêtre palpitant, paniquant d’effroi devant l’inconnu. Vite on doit se ressaisir, allumer des lumières, appeler les autres à la rescousse. Incanter quelques litanies pour mieux défigurer l’angoisse Mais on ne peut pas. On est seule, abandonnée face à l'innommable qui nous terrasse et nous submerge - on le sait depuis la nuit des temps, depuis la nuit des contes habités d'ogres, de vampires de monstres tentaculaires aux allures de gorgones terri

02/12/08 La Malle

Une malle mystérieuse, quelques objets imposés ainsi qu'un début de scénario et les plumes se délient vers des récits sans frontière. Texte de Sonayâ Voici les mots dont j’ai hérités de Virginie : « La malle s’ouvre sur un tas de reliques ; un casque pointu, un carnet d’aquarelles, une photo prise dans les tranchées et des lettres poignantes. » Le 16 juin 1954 : « Le grenier : cela faisait des années que je n’y étais pas remontée. Il est tôt, et les premières lueurs de l’aube traversent doucement les toiles d’araignées et dévoilent des spirales de poussière. Le bric-à-brac est au calme ; tous ces souvenirs laissés là, imperturbables au temps qui coule. Je suis assise devant la malle de papa. Il est mort il y a une semaine, et maman m’autorise enfin à ouvrir cette malle. Elle m’a dit : « Voilà la clef, je t’autorise à l’ouvrir aujourd’hui. Ton père m’a toujours répété : « Tu ne lui donneras la clef que quand je ne serai plus de ce monde. » C’est maintenant chose faite hélas, paix t

21/11/08 Hundertwasser

Incipit : "Il venait de connaître le goût d'un canon de pistolet dans la bouche et s'en trouvait maintenant enhardi. On n'est jamais aussi fort, que quand on reprend vie de l'autre côté du fleuve désespoir." Sourires de loup, Zadie Smith. Logorallye : Géhenne, vol-au-vent, lacis, birème, ambroisie, quintessence, infrangible, bouif Texte de M IN MEMORIA Il venait de connaitre le gout d’un canon de pistolet dans la bouche et s’en trouvait maintenant enhardi. On n’est jamais aussi fort que quand on reprend pied sur l’autre rive du fleuve désespoir. Dès son arrivé à Buenos Aires à la recherche des informations sur la vie de son père il se trouva devant un silence infrangible. Sa grand mère lui racontait l’histoire qu’elle avait imaginé sur son fils disparu pendant la dictature et il ne connaissait personne d’autre à qui s’adresser. Tiré et poussé par la force que ce père mort-sans-corps avait crée dans sa vie, il se décida à chercher dans les archives des journaux

18/11/08 Le loup Mongol

Texte fendu extrait du Loup Mongol, d'Homéric. Logorallye : Agrarien, cachexie, bluette, orateur, subvertir, cosmogonie, haquenée. Texte de Pierre Steppe Nous avions quitté la grande steppe, alors que, déjà, le doute envahissait les hommes, dont les plus hardis grognaient sourdement, après s’être assurés que les capitaines étaient occupés à autre chose que cette surveillance qui redoublait depuis notre dernière défaite. Nous avions laissé les femmes, leurs haquenées et les enfants aux Onggirat, traversé l’Argoun, vaincu les cimes et les premières neiges, perdu le quart de notre grain subverti par le charançon, empoisonné les puits de nos ennemis, perdu le souvenir même de nos mères lorsque se leva, à l’aube d’un matin blême, un soleil cachexique sur le paysage des Étangs Bourbeux. De princes, alors, nous devînmes vassaux. Nul combat possible. Esclave fut notre nouveau sort. Nous étions venus mourir au royaume des seuls moustiques. Ô mon fils, toi que la vie a doté du talent d’orate