18/02/2018 Images et nano fictions
1/ Images’in
PROPOSITION : Plusieurs images
pour un récit au débotté.
1 carte chute imposée
1 carte personnage chacun
1 carte objet chacun
Avec le reste des cartes, nous faisons
un scénarimage commun.
TEXTE D'EVELYNE :
TEXTE D'HENRI :
TEXTE DE FRANCINE :
TEXTE D'EVELYNE :
Solitude
Réfugié au fond d'une salle obscure. L'écran géant
dégoulinait de sucre et de miel, bons sentiments sur fond de soleil couchant.
Une seule envie : plonger dans cette histoire d'amoureux transis. Les
larmes brouillaient la scène.
Seule, l'image de ma mère s'imposait à mes yeux.
Elle, si gracieuse, si fine, si belle. Mon cœur, à son souvenir, arrachait ma
poitrine. Quand pourrais-je la retrouver ? Jeté sur les routes du monde,
arraché à mon pays natal, j'ai appris à m'imposer chaque jour un masque
différent pour survivre. Souvent je trouvais refuge près de la grande maison.
Je passais la nuit à écouter ce chant, cette plainte, une pommade pour mon cœur
malade.
La solitude me rongeait, serpent venimeux, elle
rampait dans mon corps, se répandait dans mon sang. Un jour elle aurait ma
peau, c'est sûr ! Tout revenait, les sons, les odeurs, mon village, ma
famille et ce jour où il est arrivé, lui, ce blanc aux paroles empoisonnées.
Cette vision fit renaître ma haine et le désir de
le tuer quand je serais grand.
TEXTE D'HENRI :
Gloria était portugaise et portait un fichu bleu sur ses cheveux noirs.
Face au soleil couchant qui illuminait son visage elle rêvait et éprouvait à
nouveau le délicieux élan qui l'avait précipité sur les lèvres de Manuel hier
au soir à la même heure.
Instant magique ou le temps avait suspendu son vol, attendant l'heure
propice.
Le ciel orangé illuminait son visage et allumait un feu intérieur qui
l'emplissait de sa chaleur.
Cécil Mac Laurens se mit à chanter dans sa tête une mélopée
intime et sensuelle.
Soudain cela arriva , la révélation, le Big Bang qu'elle avait renoncé
à espérer.
Un doux vertige la saisit.
Comme une coupole de télescope qui s'ouvre sur les espaces infinis son
esprit appréhenda l'immensité sidérale, le monde et les êtres dans toute leur
complexité.
Elle transcendait les connaissances, évoluait dans une parfaite
harmonie, plus forte que la jouissance.
Elle éprouvait un amour infini de la vie et des humains dont elle
perçait aisément tous les mystères.
Un masque de chaman phosphora dans l'ombre, il lui demanda quel était
son désir le plus secret qu'il était prêt à réaliser.
Elle murmura simplement 'Manuel', il comprit immédiatement ce à quoi
elle pensait, c'était un génie, ce fut fait.
Une chaleur intense l'envahit, elle vit sa vie se dérouler comme un
long fleuve tranquille, marchant enlacée, la tête appuyée sur l'épaule de son
novio séduit.
Le masque ancien de doute et de douleur tomba de son visage, un sourire
discret s'accrocha à sa face et elle sut que c'était irréversible, elle se sentit
forte pour le restant de son passage terrestre.
Dans l'ombre, un cow boy solitaire entonna une mélodie rythmée par sa
guitare face à la lune naissante; c'était doux et crémeux comme ces boules de
ces beignets fourrés que l'on déguste au village pour carnaval.
Un serpent sortit des massifs de lavande et la mordit au talon, elle
glissa doucement à terre.
Manuel qui était revenu lui aussi sur le lieu de leur premier baiser
avait assisté fasciné à sa transfiguration se sentit embrasé par un intense feu
intérieur qui lui révéla son futur auprès de Gloria et pressentit ce qu'il lui
dirait au crépuscule de leur vie commune.
"Et quand tu t'es réveillée, je faisais partie d'un monde
nouveau".
TEXTE DE FRANCINE :
Derrière les étiquettes
Encore engourdie d’une nuit langoureuse, Zoah sent
les rayons de l’astre de lumière lui caresser le visage. Sous ses doigts la
douce face de l’être aimé palpite encore. Son cœur se serre et la réalité la
rejoint.
Zoah ne peut oublier son Viêt-Nam natal les
combats jusque dans les rizières. Les soldats, leur brutalité animale. Les
guets à pan. La fuite dans un hélicoptère. Les pales qui soulèvent la poussière
… Elle se souvient de la musique, ces sons nouveaux, le jazz qui entêtait
l’habitacle et couvrait le bruit des bombes.
Puis la découverte du vaste monde. Le survol de
ces contrées arides et l’arrivée en réfugiée, étrangère en ce pays immense,
impersonnel, froid, si froid.
Il a fallu se battre, survivre, figer un sourire
éternel sous ses yeux bridés. Apprendre à baisser la tête et être servile,
malléable. Les marchands de rêves, sous leur masque protecteur, l’ont enchaînée
à cette machine dans un atelier borgne. De l’aube à la tombée de la nuit, Zoah
pédale sur sa machine et coud de jambes de pantalons ou des chemisiers qui
finiront dans la vitrine d’une grande marque. Elle pique toute la journée, sans
même déjeuner, sans parler à ses voisines qui, comme elle, portent les
stigmates des travailleurs de l’ombre. Des cernes noirs sous les yeux, toutes
identiques dans la misère, reconnaissables à leur bravoure, à leur combat comme
un corps à corps avec la vie. Cette arme, tel un sabre de lumière, leur
instille courage et espoir.
Quand la nuit tombe sur la ville, pareille à une
ombre sous la lune, Zoah trottine à petits pas, rasant les murs, pour regagner
la pièce en sous-sol qui lui sert de refuge où étendre sa natte et cuire le riz
quotidien. Là l’attend, silencieux et triste, celui pour qui elle a tout
quitté. Malade et chétif, son corps est une plume arrachée, qui lentement
s’éloigne. Un souffle s’échappe, encore fétide et brûlant, des lèvres
craquelées. Il git sous une pauvre couverture rêche.
Zoah connait les remèdes et médecines, les potions
et les pommades … Mais ici ! dans ce pays étrange elle ne sait où les
trouver. Alors jour après jour Zoah pédale sur sa machine à coudre d’un autre
âge et confectionne des vêtements qui couvriront des corps bien portants, gras
et indifférents.
Zoah se souvient de l’histoire de ce rameau
d’olivier, et malgré son sourire sur son visage sans ride, elle se prend à
croire que, tel le serpent assassin, la vie fera regain et lui sourira enfin.
Zoah se love aux côtés de son compagnon endormi,
le prend dans ses bras, ferme les yeux. Elle revoit les verts paysages, la
douceur des forêts des cajeputiers, leur odeur et l’éclat de leurs feuilles se
détachant du tronc blanc, la multitude de ses fleurs aux couleurs variées.
Si seulement elle pouvait en récolter ne serait-ce
qu’un dé à coudre de cette huile merveilleuse. Elle en frictionnerait son
compagnon, il retrouverait sa vigueur, ses poumons se libèreraient, se muscles
se sentiraient plus la douleur…
Epuisée Zoah effleure le front de l’être aimé et
lui murmure doucement une chanson de son enfance
« Une clochette tinte sur la pente des
mousses où tu t’assoupissais, mon ange ».
2/ Nano fictions
PROPOSITION : Ecrire
3, 4 micro nouvelles en un tweet à la manière de Patrick Baud.
3/ Néologismes imposés, chacun invente sa définition
En manque d'inspiration elle se dirigea vers la
cuisine. Elle remplit son verre d'eau. Au contact de ses lèvres une brise salée
surprit ses narines. La vague immense la jeta au sol. Elle se sentit couler.
Elle repris conscience sur une plage de sable blanc. (Evelyne)
Elle menait une existence amidonnée et un peu à
l’étroit mais à l’abri de la folie du monde jusqu’à ce que tout son univers
bascule. Elle plongea comme les autres dans la grande marmite de la vie, noyée
dans l’eau salée, elle est morte al dente. (Mistraline)
3/ Néologismes imposés, chacun invente sa définition
Evelyne :
pleurgoler : pleurnicher en roucoulant pour
amadouer son interlocuteur
grinchiant : individu de mauvaise humeur
constante et qui en fait profiter tout le monde
dormioter (giono) : miettes de sommeil qui
s'éparpillent au réveil
étoilettes : espace sanitaire sous les
étoiles
joconder (troyat) : sourire de façon
énigmatique d'une situation improbable
paperoles (proust) : transcription de paroles
divinatoires sur bandelettes de papier lâchées dans le vent
phallucination (almira) : état fébrile d'une
femme en situation d'abstinence forcée pouvant provoquer des visions
cauchemardesques.
Touchatouisme (cocteau): aimer les chats tous
azimuts
se racoquiner : se réconcilier sur l'oreiller
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