08/10/2017 Le polar loufoque

Les personnages de Nadine Montfils sont déjantés, son humour noir est souvent en dessous de la ceinture mais on lui pardonne. Dans la petite fêlée aux allumettes, on plonge dans un univers sans complexe où les personnages sont tous plus cinglés les uns que les autres !

Pour cette consigne, des expressions Québecoises à inclure et des personnages avec des noms bien graveleux.


Texte de Suzanne :
Ce matin, le Maire de Trifouilly les Oies, a informé notre journal local « Le petit Délateur » de la disparition inquiétante de sa fille.

Blenda est une adolescente de 13 ans, au visage parsemé de taches de rousseur.
Comme elle aime bien se sucrer le bec, elle a été aperçue pour la dernière fois, sortant de la pâtisserie « Au péché mignon » à 10h, avec le gâteau dominical, mais elle n’est pas rentrée à son domicile.
Tout témoignage sera le bienvenu !
Mémé Lèvelajambe, qui n’a pas une poignée dans le dos a déjà une  idée à la lecture de l’article :
-         Ah, la gourgandine,  elle  a dû rejoindre un coquin
-         A l’heure qu’il est, elle doit se pogner le beigne et se faire masser les  nibards bien gonflés
-         Avec son air mutin et ses taches de son, je vois bien de ma fenêtre, comment elle aguiche les hommes dans la rue, même les hommes mariés…
Dring
-         Allo, « Le petit Délateur »
-         Je vous écoute Madame :
-         Oui, et ben la Blenda,  blindée de tunes comme elle est, elle a dû en profiter pour se casser de ce bled pourri ! Elle a bien fait.
Dring
-         ALLO,
-         Je vous écoute Monsieur :
-         Moi la môme, je me la passerai bien au trapèze avec son joli petit cul qui pointe sous sa minijupe ! Bon, mais je l’ai aperçue discutant avec un homme près du Monument aux Morts à 10h10. J’étais pressé, je devais rejoindre mes copains pour notre randonnée hebdomadaire.
-         Avez-vous vu avec qui elle était ? Monsieur… Monsieur ?
-         Monsieur Chaudebite.  Non, l’homme était penché sur elle de dos, je n’ai pas pu le reconnaître. La discussion paraissait véhémente.
-         Merci Monsieur Chaudebite pour votre témoignage. Je vais en informer la gendarmerie.
La journée s’achève, sans aucune autre information.
Le lendemain matin, nouvel article :
« Les policiers cherchent à identifier le mystérieux personnage »

Mémé Odile Lèvelajambe, le visage habituellement collé derrière sa fenêtre, décide de participer plus activement à l’enquête. Elle se souvient que dans sa jeunesse, quand elle faisait des abdominaux, allongée sur le dos en faisant des ciseaux, son cerveau plus oxygéné, lui permettait d’avoir des visions ! Si elle essayait ?
-         Aïe, je ferais pas ça tous les jours se dit-elle
-         Quand il faut, il faut !
-         Allez, fermons les yeux : 1,2 ; 1,2 ; 1,2
Soudain, l’image de la petite Blenda partant en direction du Pré Joli, lui vient à l’esprit.
Elle téléphone aussitôt à Monsieur La Feuille, le rédacteur du « Petit Délateur » :
Dring
-         Allo, j’ai vu la petite Blenda partir en direction du Pré Joli, dit-elle de sa voix chevrotante
-         Vous êtes sûre Madame Lèvelajambe, vous ne bougez pas de chez vous, dit Monsieur La Feuille qui l’avait reconnue
-         Ne me prends pas pour une valise, morveux. J’suis pet’être vieille mais mes quinquets et le reste, ils sont bien allumés. Je sais encore distinguer une puce d’un morpion et mon cerveau c’est pas de la mie de pain…
-         Bon, vous fâchez pas…. Etait-elle accompagnée ?
-         Ah ça, j’ai pas vu et elle raccroche aussitôt
-         Merci pour votre appel tuuuuuut

Le jeune  La Feuille transmet  ce nouvel élément aux gendarmes.

Monsieur Trésor, le  père de Blenda, arrive tout affolé au Journal.

-         Ma petite, ma pauvre petite.
-         Où peut-elle être ?
-         Est-ce qu’elle souffre ? Et si elle était morte ?
Il se ronge les ongles, s’arrache les quelques touffes grisonnantes qui ornent son crâne. Compatissant le jeune La Feuille lui :
-         Calmez-vous le pompon Monsieur Trésor, on va la retrouver votre Blenda ! Les gendarmes ont une nouvelle piste, ils sont partis vers le Pré Fleuri
-         Mais que peut-elle faire là-bas ? Il n’y a que des brebis et leurs agneaux…
-         J’ai la chienne poursuit le père désespéré.
Au village, les gendarmes auditionnent les habitants, pour savoir qui a aperçu ou non Blenda, la Pâtissière d’ « Au péché mignon », Monsieur Chaudebite, ses copains de randonnée… Tout à coup, Monsieur Chaudebite se souvient qu’il manquait l’un des leurs ce jour-là, Olivier Grandgourmand. Ils avaient pensé qu’après s’être empiffré comme à l’accoutumée et se virer une brosse, il devait être au fond de son lit à cuver.
Les gendarmes alertés par ce nouvel  élément, se dirigent vers la maison de Grandgourmand. Les volets sont clos, personne  ne leur répond, aucun bruit ne leur parvient. Apparemment le propriétaire a quitté le nid !
Afin de ne laisser aucune piste de côté, les policiers se dirigent ensuite, sans conviction, vers le Pré Joli.
Comme prévu, ils découvrent le troupeau de brebis qui paissent tranquillement, mais au fond  du pré, ils aperçoivent l’attroupement des agneaux réunis en cercle, comme s’ils palabraient.
Les flics s’approchent et distinguent sur le rond central bien brouté, la jeune Blenda à moitié dénudée, dont les doigts et les orteils ont été sectionnés, comme grignotés.
Quand les gendarmes ramènent le corps sans vie, au centre du village, la vieille ouvre sa fenêtre et les interpelle :
-         Vous voyez bien que j’avais raison, je ne suis ni décatie,  ni gogol, ni zarbie.
-         Quand  vous aurez à nouveau besoin de mon aide, je me remettrai à la gymnastique.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

05/10/09 Après le tremblement

12/06/09 La fille d'acier

03/05/2011 Notes de chevet