28/09/2015 Le portrait végétal
Dans "L'homme-Joie" de Christian Bobin, vous verrez apparaître à la manière d'une devinette, le portrait d'un végétal exécuté avec brio, un peu comme Francis Ponge quand il nous régale dans "Le parti pris des choses".
Il est capital de travailler chaque phrase de ce portrait, qui se voudra concis.
Portraits végétal de SUZANNE :
UN PRINCE
« Un
prince à la chemise bouffante perlée d’or m’attendait dans la chambre. Je
l’avais fait entrer puis je l’avais oublié. Il patientait près de la fenêtre.
J’ai tout de suite vu en revenant vers lui qu’il ne m’en voulait pas de l’avoir
oublié. Humble et fort il était de la race des bénisseurs. Son âme ensoleillée
diffusait dans la pièce une odeur de sainteté à quoi, même les yeux fermés,
j’aurais reconnu mon invité : une branche de mimosa. » Christian BOBIN
Il est capital de travailler chaque phrase de ce portrait, qui se voudra concis.
Portraits végétal de SUZANNE :
Danseur, il cachait sa grâce
juvénile sous une cape. Il attendait que mon regard amoureux le découvre. A
chaque fois il testait ma patience, mon désir. Puis il m’apparaissait dans sa
tenue immaculée et virevoltait rien que pour moi sous la bise. Bienfaisant, les
riches comme les pauvres l’imploraient. L’odeur fraîche de mon brin de muguet
m’emportait ensuite dans un tourbillon sans fin.
C’était un roi triomphant tout
paré d’or. Il avait brusquement surgi derrière ma fenêtre, chevauchant les
ailes du vent. Orgueilleux, il affrontait fièrement son rival quotidien, dont
il suivait chaque mouvement en miroir. Malgré
sa magnificence, il veillait humblement sur ses sujets et tel Prométhée il
offrait son cœur aux affamés. Il avait une chaude odeur de noisette grillée, l’unique tournesol posté à l’entrée
de mon potager.
Portrait végétal de MISTRALINE :
Portrait végétal de MISTRALINE :
Une gitane en jupons rouges et
chignon noir égayait la cour du palais des papes. Personne n’y prêtait
attention, le monde semblait l’ignorer. Elle prenait le soleil adossée à la
pierre. Chacun aurait dû distinguer la délicate grâce qui ruisselait sur les
pavés. Fière et farouche elle était de la race de ceux qui émerveillent le
monde. De cette frêle silhouette s’échappait un parfum miséricordieux, simple
comme une prière au bon dieu, ou la
fleur d’un coquelicot précieux.
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