16 et 17 mai Atelier d'écriture en Yourte Mongole



Voici la restitution de deux jours d'écriture en Cévennes sur le thème des "variations de genre".



I/ Le récit de voyage


1/ A la façon de Marco Polo



Récit de FRANCINE :

Débarquement de la felouque nous ramenant de la montée du Nil, passé les barrages d’Assouan laissant au loin le temple d’Hatchepsout et la Vallée des Rois, les ruines millénaires et les richesses innombrables de cette histoire passionnante où les dieux et les morts dictent leurs rituels. Les oasis ensablées et les méharis de caravaniers – aujourd’hui les touristes- mais hier, on l’imagine. Ce pays grandiose parcouru de palmeraies de couleurs mordorées qui scintillent aux rayons de feu de l’astre de lumière. Les odeurs piquantes des épices et des parfums chatouillent nos narines et entêtent jusqu’à l’écœurement.
Le Caire, ses places pullulantes et ses marchés ouverts, les moucharabiehs surplombant les ruelles étroites où les étals s’entrecroisent, où le bruissement permanent chante et se murmure. Les minarets pointent vers le ciel leur aiguille et leur appel. Puis les cafés bleus et blanc où les voiles des tentures cachent à demi les hommes, leur petit gobelet de verre à la main, les vieux devant le plateau de dominos, les autres faisant jouer une lanière comme un petit fouet pour égrener les prières.
La gare étouffante, noire et agitée. Des familles avec bagages et paniers tressés, des pneus, des petits meubles, tout un bazar qui passe de main en main, de wagon en wagon. Les couchettes sont étroites, les mécanismes rouillés. Les valises tombent de leur étagère. Le lavabo est sommaire, rustique, à la limite de l’archaïsme.
Le train s’ébranle, quittant le quai, la civilisation. Le soleil nous accompagne, se fond au loin sous les nuages, puis disparaît à l’horizon. Le noir absolu nous entoure. Parfois nous apercevons des lumières, éphémères points brillants dans l’obscurité. Les voix se sont tues. Les voyageurs somnolent. Seul le roulis irrégulier troue la nuit égyptienne. La vitre abaissée, accoudés à la fenêtre, nous nous laissons bercer par la douceur du soir, absorbés par la magie.
Demain Alexandrie, son palais, ses musées, son port, et si nos yeux le veulent, le phare mythique et son rayonnement qui guide les aventuriers et les amants du bout du monde.





2/A la façon de Stevenson


Récit de FRANCINE :

Quant à moi je voyage non pour aller quelque part, mais pour trouver un sens à ma vie. Partout où je passe, je m’interroge sans cesse sur ce pourquoi on a bâtit tel ou tel monument, pourquoi cette route et non pas ce chemin-ci, pourquoi un pont et non un contournement de la rivière ou bien tout au contraire pourquoi un tunnel et non un passage par un col grandiose où le paysage me sidérerait. Je furète, je visite, j’occupe les lieux. Je me joints aux groupes pour profiter des visites commentées, j’explore le guide bleu, le guide vert, le guide Michelin pour la gastronomie. Je parcours les musées, monte en haut des tours et des châteaux. J’ausculte les traboules et les cathédrales. Je passe au microscope les peintures et les tissus. J’analyse les parfums capiteux des jardins et des roseraies. Je m’abreuve de tout ce que mes yeux, mes sens, mes frissons appréhendent. Je suis insatiable d’apprendre. Les contes et les légendes me tiennent compagnie. J’interviewe les autochtones. Je suis bouche bée à l’écoute des rossignols et des merles qui se moquent de ma soif et de ma souffrance de savoir.
Je voyage dans mon fauteuil, les livres sont mes découvertes, mes amis à cœur ouvert. Ils me partagent l’ambiance du transport et je goûte à tous les secrets. Je connais tous les pays. Je suis la langue universelle.
Pas besoin de partir loin, dans mon jardin, au coin de ma rue, je rencontre l’inconnu et je me débats dans l’invisible et l’insoluble pourquoi de la vie. Je me heurte aux murs de pierres, mur de silence. Je me griffe aux rosiers pâles et le souffle se hachure. Mes genoux s’égratignent, mes mains saignent, j’ai les ongles arrachés. J’ai la voix enrouée, le nez qui me démange et les yeux agrandis par la torpeur de l’incompris.
Je voyage au fil du temps, je voyage de l’air du temps. Mes étapes s’éternisent et je dérape vers le ravin. D’un coup de reins le train s’enlise, puis doucement vers le matin, mes pas me portent vers demain et le voyage s’effiloche en turban de lumière et de ronces. Je marche et je visite, j’apprend le souvenir, plus loin je monte encore, je voyage à l’infini.






II/ Les passerelles de l’imaginaire


Texte de FRANCINE :

Le matin de ses noces, James Superlight, hobereau pauvre et sans scrupule, se dressa face à son miroir, se détaillant ride après ride, il  jugea encore bien jeune pour aliéner sa liberté !
Sa promise, ne s’en déplaise un beau brin de fille, était pour ne rien gâcher une riche héritière et pour son malheur amoureuse.
Afin de ménager une surprise au jeune couple, l’oncle de la mariée avait fait entreposer les cadeaux des fiancés au fond de la remise, dans ce qu’il croyait être un grand panier d’osier.
Diana la jeune épousée arborait avec fierté un médaillon magnifique et montra avec candeur la parure qu’elle venait de recevoir. Toute à ses occupations elle oublia le coffret sur le manteau de la cheminée.
James le vît et se laissa tenter. Il glissa l’écrin sous son gilet et s’enfuit dans le jardin. C’était un casse-cou sans peur, toujours à tenter la mort et à repousser les limites de son courage.
Il tira de sous la bâche un amoncellement de tissus, le disposa en corolle et alluma la mèche de la bonbonne de gaz.
Une montgolfière ! A lui la liberté !
Il monta dans la nacelle, serrant contre son cœur le fruit de son larcin et adieu la corde qui lui coupait les ailes.
Puis là-haut dans les airs, son ballon assez stable pour lui permettre de se reposer, il aperçut au fond du panier des paquets enrubannés. Des nœuds et des papiers dorés. James compris qu’il avait dans sa fuite brisé le cœur et ruiné la jeune fille.
Mais James était un vil coquin, et sans regret il jeta son regard au loin, prêt pour de nouvelles aventures.




III/ Aïda – Un pied dans la tragédie


Texte de FRANCINE :

Dans les temps anciens, les états se livraient à une guerre cruelle. L’Egypte et son voisin étaient à feu et à sang.
Un terrible tremblement de terre secoua l’Ethiopie et ensevelit sous les ruines près de la moitié du pays.
Aïda, la fille du roi, décida de partir chercher du secours auprès de Radamès son amant égyptien. Le voyage fut long et difficile. La caravane avançait péniblement entre les rocs et les éboulis. Partout sur leur passage, ce n’était que détresse et misère.
Pendant ce temps, en Egypte, Radamès batifolait. Amnéris, fille de Pharaon, tomba sous le charme de l’éphèbe.
Pharaon persuadé que Radamès, expert en armement était  à l’origine du désastre éthiopien, décida de lui accorder la main de sa fille.
Aïda était désespérée. Son père Amonasro était enseveli quelque part, et seul le savoir technique de Radamès pouvait lui sauver la vie. Aïda usa de ses charmes pour que le jeune homme lui vienne en aide. Ce qu’il fit. Il construisit une machine qui soulevait les gravats. Bientôt Amonasro fut tiré de sous les décombres ainsi que des dizaines d’habitants.
Apprenant cela Pharaon entra dans une colère monstre et condamna son futur gendre à être enterré vivant. Mort atroce.
N’écoutant que son courage, Aïda implora la grâce de son amant. Pharaon demeura inflexible, sa fille ayant été bafouée et déshonorée.
A forcer de côtoyer Pharaon, Aïda apprit à le connaître et à l’apprivoiser. Elle découvrit aussi la trahison et l’infidélité de son amant.
Au fil des jours, Pharaon se laissa attendrir, prit goût à la compagnie de la jeune femme, et pour voir le soleil dans les yeux d’Aïda repoussait de lune en lune l’exécution de la sentence.
Amnéris oublia bientôt Radamès dans les bras d’un bel astronome nubien,
Pharaon couvrit de trésors Aïda qu’il chérit et éleva au rang d’épouse,
Aïda et son père vécurent heureux dans une Ethiopie en plein reconstruction, en bonne harmonie avec leurs voisins égyptiens,

Radamès se morfond encore au fond de son cachot, n’ayant pas comprit les mystères de l’amour féminin.





IV/ Poussons la chansonnette !


Chanson de FRANCINE :

On dit qu’le loup est revenu
Dans nos cités
Dans notre rue
Les filles ne sortez pas pieds nus
Des vos souliers
Battez bien l’ pavé

Mais oui, fermez vos portes à clef !
Fermez-les bien, jusqu’à demain
On dit que le loup est revenu….
Mais qui, qui c’est qui l’a vu !

Les gars armés bien vos fusils
Et agitez
Lances et tailles
Ce soir mettez votre énergie
Pour attraper
La bête damnée

Refrain

Margot, la belle du quartier
A aperçu
Le loup masqué
Le fier animal aguiché
Par la patte’ suspendue
S’est laissé caresser……

















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