25/01/2015 LA POÉSIE : Terre de résistance
1/La poésie : Terre de résistance
Texte de CHANTAL :
Texte de SUZANNE:
La poésie de Marina Tsvetaïeva, on la vit, on la reçoit avec toutes ses contradictions et ses éclats intérieurs. On l'écoute avec une attention toute particulière, elle qui dès les premiers temps de son écriture affirme : « Mes poèmes sont un journal intime»
Ma journée est absurde non-sens
J'attends du pauvre une aumône,
Je donne au riche généreusement.
Sans un mot il s’est enfui
Texte de CHANTAL :
3/ Et si...
Texte d'Evelyne:
Texte de JOELLE:
Texte de SUZANNE:
Anna
Akhmatova s'était drapée dans les mots de la poésie, dont elle fit son maquis,
sa terre de résistance. Elle reste la recluse, la beauté irradiante mise en
cage par les bourreaux staliniens.
ÉPILOGUE
Et j'ai appris l'affaissement des
visages,
la crainte qui sous les paupières danse,
les signes cunéiformes des pages
que dans les joues burine la souffrance
;
les boucles brunes, les boucles dorées
soudain devenir boucles d'argent grises,
faner le sourire aux lèvres soumises,
et dans le rire sec la peur trembler.
Et ma prière n'est pas pour moi seule,
Mais pour tous ceux qui attendaient
comme moi
dans la nuit froide et dans la chaleur
sous le mur rouge, sous le mur d'effroi.
Anna
Akhmatova ,1940
Texte de JOELLE:
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour les boucles brunes dorées et d'argent grises.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour que pétille le regard des vieillards et le rire des enfants.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour les mains tendues qui reçoivent et qui donnent.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour la source jaillissante qui désaltère ce monde.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour tous ceux qui aiment et oublient les rancœurs.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour ce monde qui meurt dévoré par l'argent.
Ma prière n'est pas pour moi, mais pour la beauté des cœurs dressés sur cet abîme.
Ma prière n'est pas pour moi, mais....
Texte de CHANTAL :
Les
joues burinent la souffrance sur le visage émacié, la crainte sous les
paupières danse. Dans un élan effréné de survie tous
les sens repoussent la peur, trembler.
Revenir sur ses pas, faire un voyage dans sa mémoire, effacer le présent, l'effroi. Croire qu’hier existe encore, revoir les boucles brunes de l'enfant qui dansent dans le soleil.
Croire que le jour peut se lever à nouveau et chasser la nuit froide.
Croire que le sourire peut effacer les horreurs du monde des hommes.
Croire qu' une prière universelle peut rassembler les hommes les faisant s'élever dans un choeur de voix cristallines, dans un même regard partagé empli d’espoir et d'humilité.
Revenir sur ses pas, faire un voyage dans sa mémoire, effacer le présent, l'effroi. Croire qu’hier existe encore, revoir les boucles brunes de l'enfant qui dansent dans le soleil.
Croire que le jour peut se lever à nouveau et chasser la nuit froide.
Croire que le sourire peut effacer les horreurs du monde des hommes.
Croire qu' une prière universelle peut rassembler les hommes les faisant s'élever dans un choeur de voix cristallines, dans un même regard partagé empli d’espoir et d'humilité.
Texte de SUZANNE:
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grises, danse la prière d’un miracle.
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grises, un feu de joie réchauffe ma cellule
humide.
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grises, les cris et les rires de mes
enfants répondent aux ordres aboyés.
Sous mes paupières
frémissantes, monte le souvenir de repas familiaux gais, savoureux. Moments de
partage, loin de cet isolement, cette solitude juste rompue par la promiscuité.
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grises, je revois la beauté
ensoleillée du temps des moissons et des vendanges.
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grises, le mistral chasse au loin le
noir de mes soucis et mes souffrances dans un ciel devenu pur.
Sous mes paupières cachées par
les boucles brunes, les boucles d’argent grise, la laideur cède la place à la
beauté, au bonheur, que rien ni personne ne peut empêcher. Le bonheur de rêver,
d’être toujours en vie, le bonheur d’espérer.
Texte d'Evelyne:
Texte d'Evelyne:
Pour tous ceux qui attendaient comme moi
Les signes cunéiformes des pages,
Ma prière n’est pas pour moi seule.
Loin des dogmes,
Loin des théories,
Loin des apparentes différences,
Loin des mots d’apparat,
Loin de leurs tromperies immédiates.
Pour tous ceux qui attendaient comme moi,
Près des mots - un sens,
Prêt à éclairer les pages,
Près d’une beauté retrouvée,
Près du joyau de nos univers,
Près du Cœur-enchâssé de soleil.
2/Une journée de non-sens
La poésie de Marina Tsvetaïeva, on la vit, on la reçoit avec toutes ses contradictions et ses éclats intérieurs. On l'écoute avec une attention toute particulière, elle qui dès les premiers temps de son écriture affirme : « Mes poèmes sont un journal intime»
Ma journée est absurde non-sens
J'attends du pauvre une aumône,
Je donne au riche généreusement.
J'enfile dans l'aiguille un rayon,
Je confie ma clef au brigand
Et je farde mes joues de blanc.
Je confie ma clef au brigand
Et je farde mes joues de blanc.
Le pauvre ne me donne pas de pain,
Le riche ne prend pas mon argent,
Dans l'aiguille le rayon ne passe pas.
Le riche ne prend pas mon argent,
Dans l'aiguille le rayon ne passe pas.
Il entre sans clef, le brigand,
Et la sotte pleure à seaux
Sur sa journée de non-sens.
Et la sotte pleure à seaux
Sur sa journée de non-sens.
29 juillet 1918 (traduction Véronique Lossky. Inédit) -
Cité in Véronique Lossky, Marina Tsvetaïeva, Seghers 1990, collection Poètes
À AKHMATOVA
Texte de SUZANNE:
7 heures : le réveil sonne, je m’endors
Hier, jour abyssal
Ce devait être une journée ensoleillée d’amour mais,
Caresses rugueuses et sans tendresse
Baisers donnés refusés
Sourires grimaçants
Corps à corps léthargique
Baigné de sueur sèche
Regards divergents
Lèvres entrouvertes sur des paroles muettes
Silences éloquents
Voyageurs immobiles
Sans un mot il s’est enfui
En apnée, je respire
La pesante légèreté de mes pensées s’évanouit soudain
Et ma nuit s’illumine.
Texte d'Evelyne:
Textes de JOELLE:
2/
Texte d'Evelyne:
Une journée comme les autres
Je me lève, liquide
sur le tapis
Le café-ciguë me
terrasse
La douche m’encrasse
le corps
Mes pas pesants
m’aspirent vers ailleurs
Les pigeons
sédentaires détournent les messages
La soirée s’ensoleille
Je me lève :
bonne nuit !
Textes de JOELLE:
1/
Mauvaise journée,
Je veux boire du thé, je bois du café.
Mon chemisier fleuri fait rempart à la bise.
Je me gèle les orteils dans des nu pieds- fourrés.
Le temps passe trop vite, la journée s'effiloche,
Je n'ai encore rien fait et je suis fatiguée.
Je m'englue dans un bain de vapeur.
Je veux boire un café, je ma fais un bon thé.
Dans le clair-obscur de ma nuit blanche, le cri aigu du
silence berce mon insomnie. Ma journée se dessine clairement dans le noir.
Journée de succès ratés et de galères réussies, rien ne se
passe comme je l'espérais.
Texte de CHANTAL :
J 'avance sans bouger englué dans mes pensées
Je regardes dans le trou béant du néant
Je cherche le reflet de mon regard dans l'eau sombre
Je bois les larmes sèches de mon amour perdu.
Je regardes dans le trou béant du néant
Je cherche le reflet de mon regard dans l'eau sombre
Je bois les larmes sèches de mon amour perdu.
Si j'étais platane si je me reposais à
son ombre
si j'étais livre
que je lirais sans ennui dans mes nuits d'insomnie
crayon, je ne voudrais pas l'être
même pas entre mes propres doigts
si j'étais porte
je m'ouvrirais aux bons je me fermerais aux méchants
si j'étais fenêtre
une fenêtre sans rideaux grande ouverte
si je faisais entrer la ville dans ma chambre
si j'étais verbe
si je vous appelais au beau au juste au vrai
si j'étais parole
si je disais mon amour tout doucement
Moscou, 27 mai 1962- Il neige dans la nuit et autres poèmes de Nâzim Hikmet
si j'étais livre
que je lirais sans ennui dans mes nuits d'insomnie
crayon, je ne voudrais pas l'être
même pas entre mes propres doigts
si j'étais porte
je m'ouvrirais aux bons je me fermerais aux méchants
si j'étais fenêtre
une fenêtre sans rideaux grande ouverte
si je faisais entrer la ville dans ma chambre
si j'étais verbe
si je vous appelais au beau au juste au vrai
si j'étais parole
si je disais mon amour tout doucement
Moscou, 27 mai 1962- Il neige dans la nuit et autres poèmes de Nâzim Hikmet
Texte d'Evelyne:
Si j’étais coccinelle sur l’herbe la plus haute
je rougirais
Si j’étais rose
Si j’étais ton parfum préféré
Si j’étais blonde au bout de tes doigts
Si j’étais l’amour qui se consume
Si j’étais arbre pour atteindre le ciel
Si j’étais nuage sur le dos du vent autour du
monde
Si je soufflais ton nom
Si j’étais lune pour pêcher les étoiles au fond
de la mer
Si j’étais le langage des oiseaux
Si je chantais
le silence.
Texte de JOELLE:
Si j'étais oiseau, libre de m'envoler,
Si j'étais parfum de la violette au vent léger,
Si j'étais herbe, légère caresse sur ses pieds nus,
Si j'étais fauteuil, les bras ouverts pour la cueillir,
Si j'étais neige poudreuse où elle viendrait se couler
Si j'étais nuages, promesses de longs voyages
Si j'étais parole, je serai promesse de beaux jours,
Barreaux, je ne voudrai pas l'être, surtout pas à mes
fenêtres.
Si j'étais mot, pourquoi pas "Amour"?
Texte de SUZANNE:
Si j’étais rose, je m’ouvrirais aux regards et me
fermerais dans la main
Si j’étais cascade,
j’étancherais les soifs et laverais les
soupçons
Si j’étais chêne majestueux, je
servirais d’alcôve aux amours interdites
Si j’étais oiseau, je serais messager pour les amoureux
exilés
Si j’étais chat, je me
blottirais au creux de bras câlins, en écoutant les confidences
Si j’étais disque je
déroulerais sans fin mon sillon, en une douce balade musicale
Jamais je ne serais couteau, qui donne la vie mais aussi la mort
Si j’étais phare, je guiderais les poissons loin des
chaluts et j’illuminerais les yeux des enfants perdus
Si j’étais cathédrale,
j’apporterais la lumière à tous ceux qui me rendent visite
Si j’étais montagne je transmettrais ma force et ma
sérénité à tous les grimpeurs
Si j’étais fauteuil, je serais
rocking-chair, pour porter le doux nom créole de « berceuse »
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