29/09/2014 L'insurrection poétique
Sur les traces de Paul Valet...
Éloge de l'Insoumission
« Sa vision du monde est celle d’un maudit exilé au Paradis. Ce paradoxe explique, en partie tout au moins, l’étrange coexistence chez lui d’un lyrisme frénétique et d’une réflexion sereine. Ses vers sont d’un déchaîné, ses propos d’un sage. » CIORAN
« Je dis NON aux miasmes et marasmes et à tout ce qui rampe et glisse et se décompose. Je dis NON aux paroles en beurre avec tous les honneurs, prix des prix, médailles, promotions, nomenclatures, carrières diverses et de sable. Je dis NON aux nargues et venargues et subardes à l’air conditionné. Je dis NON aux cabotons pieds de biche, archivoltes, croupions et portails, jarretelles et jarretières et collants intégraux. Et je dis NON au gros, au détail, aux tarifs, aux clients, au débit, au crédit, aux factures et l’escompte. Je dis NON aux affaires fructueuses, au lugubre, à la lie. Pas d’argent, pas de sang. Je dis NON à tout ce qui se dérobe clandestinement à la folie naturelle. »
Paul Valet, in Jacques Lacarrière, « Soleils d’insoumission » : Paul Valet, Jean-Michel Place Poésie, 2001, p. 88
Texte de JOELLE
Je dis non au miracle, aux minables, aux mignons du milieu.
Je dis non aux magiciens de la magouille, à la malchance du
maladroit.
Je dis non au rapace qui passe, au raccourci rachitique, au
racket ragoutant.
Je dis non au parapluie parasite, au paradigme paresseux, au
pataquès du patachon.
Je dis non au nanti narcissique, au narquois naufragé, à la
nature nauséeuse.
Je dis non aux câlins calibrés, au carambolage casse-cou,
aux catastrophes casse-pieds.
Je dis non au grigri gribouille, au graffiti gracile, au
grondement grognon.
Je dis non aux affiches affalées, aux afflux d'affliction,
aux affolements affabulés.
Je dis non à tout ce qui se détourne, se débat, se débauche,
se déchire, se déchaîne et nous décourage.
Texte de MISTRALINE
Je dis non aux
mirages, aux mirifiques éclats de rage, aux miroirs peu sages, aux miradors qui
ne dorment jamais
Je dis non aux
Marques, au manque qui se démarque, aux énarques qui se manquent, aux arnaques
qui nous marquent
Je dis non à
tout ce qui nous rafle ; aux rapts, aux radins affables, aux affreux qui
rapinent, aux racolages de la pub qui tapine
Je dis non aux
passants rageurs, au passé orageux, aux palabres enragés, aux palais perdus
Je dis non aux
narrations nombrilistes, aux narrateurs égoïstes, aux navrants égos tristes, aux
narre-qui-peut
Je dis non à
tous les cafouillages, cafardage, capharnaüm et même aux capitaines de naufrage,
au calme avant la tempête suivit de capitulations chaotiques
Je dis non aux
grimaces de grillage, aux cages grises, aux cases vides, aux cachots glauques,
aux calvaires hideux
Je dis non aux
affolants menteurs, aux affameurs de chairs, aux affabulateurs, aux affranchis rêveurs
Je dis non à
tout ce qui se délite, se décompose, se démolit et finit en compote, je dis non
à tout ce qui détruit la vie et démembre nos enviesTexte de FRANCINE
Je dis non aux mythes mythomanes, murs mitoyens des milices aux mirettes mimolettes mi-figue mi-raisin.
Je dis non au matin quand le mari malin, majesté machiavélique en majuscule, mange margoulin son maroilles tel un mariole manifeste en marge des masses malades et pâlichonnes.
Je dis non aux radis rachitiques, aux raisins rabougris, aux raviolis rances, aux rasades radines des racailles ravies qui ravinent les rastas raides des rats musqués râleurs.
Je dis non aux paradis pâles, aux palanquins parfumés, aux paroles de Panurge, aux pales des paravents pas lent qui se pavanent et partent en paquet de pâmoison.
Je dis non aux nards narquois des narguilés qui narguent les narines natives ou rétives, au narcotique national nageant au plus près des naseaux de Nadal.
Je dis non aux cagettes castagnettes, carquois caves de calissons, aux calbuts en casernes et aux câlins des cavernes.
Je dis non aux grelots grèges des gravillons grelottants, grognons et grabataires, qui griffent les grandes gravures en grillons grégeois.
Je dis non aux affiches affadies à l’air affligé, affaires affectées, affranchies et affables.
Je dis non au débile dément qui déambule délirant, découvert et dénudé, en délicat déshabillé déjà déjanté.
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