7/09/14 Ecrire au musée des arômes et du parfum

L'orgue du parfumeur



Une rentrée en beauté, dans un lieu à l'abri du tapage urbain. 
Ouvert 365 jours par an, ce musée est un havre de senteurs et de paix.


Première étape : écrire dans le carré des simples


Texte d'Evelyne


Bruissement chorégraphique

Bzzz à droite, bzzz à gauche… 
la mouche s’affole, jamais le temps de prendre la pause.
C’est égal !
Le régal des cigales ? se trémousser au son des maracas jusqu’à l’épuisement.
mais
la menue fourmi méticuleuse marche en mesure, tempo immuable. Du matin au soir sur ses talons aiguilles, tic tic tic, petits pas pressés, la course, vite vite vite, avant la nuit ; courir et s’éblouir au bal des étoiles filantes, pffffft !

Textes de Suzanne :

La  sarabande des châtaignes rôties

Clac, pif, paf, pschitt, explosions successives, craquements intempestifs, mon cœur sursaute à chaque claquement et mes yeux s’emplissent du spectacle chatoyant des châtaignes qui rôtissent dans la poêle.
Un vrai ballet s’offre à mes yeux. Les flammèches rougeoient, lèchent et dorent la peau brune et luisante des châtaignes,  qui s’ouvre en corolle un peu plus à chaque nouveau crépitement.
Sur un rythme endiablé, les belles, dodues à souhait sautent, caracolent, bondissent les  unes par-dessus les autres, dans des entrechats gracieux. D’autres par contre, restent rapprochées, comme apeurées, frémissantes, sous la chaleur de la braise.
Un doux fumet de châtaignes grillées emplit soudain la maison. Les ballerines sont prêtes à être dégustées, odorantes, chaudes, épanouies accompagnées d’un petit verre de vin blanc ou de Carthagène.


L’orage

Piaillements d’oiseaux qui zèbrent le ciel de leur vol rapide.  Chant presque continu de  la cigale, bruit des  pas crissant sur le gravier…
Soudain le silence – La nature s’est endormie en totale apnée. Le monde s’est tu – Silence minéral.
Une légère brise arrive  en éclaireur. Les  feuilles de l’érable bruissent imperceptiblement. Le souffle forcit peu à peu, lugubre : hou, hou, hou. Des nuages noirs recouvrent le  ciel de leur cape sombre.
Les branches de l’érable s’agitent en tous sens virevoltant sous l’effet du vent, subitement ensorcelées. Prises de frénésie, en transe, elles  s’élèvent pour plonger aussitôt, s’entrechoquent dans une joute fratricide. En avant, en arrière le ballet s’accélère, des feuilles tombent au sol, vaincues.
L’arbre centenaire gémit sous les coups de boutoir du vent maintenant déchaîné. Des craquements sinistres se font entendre… Crac, la branche maîtresse, celle qui depuis des générations portait la balançoire familiale, vient de mettre genou à terre. Pourtant, elle avait résisté à tous les temps la canicule, comme les plus fortes tempêtes et les balancements répétés des enfants.
Elle gît maintenant, tel un pantin désarticulé, inanimée.





Deuxième étape : écrire entouré d'alambics et d'effluves





Texte d'Evelyne:


Bleu d’été

Le cyprès devient bleu chauffé à blanc par l’été
amer, aigre, ce bleu inonde le nez
en une bouffée il vous rafraîchit.
Bain de mer, bleu salé et froid des profondeurs
bleu menthol d’un coktail exotique.
La cuiller dans la bouche, sale goût bleu métallique, le sang se glace.

Sang bleu : blues inodore, sans vie, des matins de solitude.


Texte de Suzanne :

L’odeur du bleu

Bleu, odeur des ronds de fumée, qui interpellent le ciel de leurs signaux.
Bleu, odeur familière des armoires anciennes, aux trousseaux de mariées imprégnés de lavande
Odeur douce des pulls en laine tricotés main, au bleu délavé par lavages,  dé-tricotages et re-tricotages successifs.

Bleu, odeur entêtante du lavandin, ou ténue de la fleur de lin.


DR

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