26/05/2014 Misogynie



« La plus belle parure d’une femme, c’est son silence »


Ce proverbe Grec remonte à l'Antiquité et pourtant, il n'a pas pris une ride. Dans cet atelier, nous comptons essentiellement des femmes. c'est l'occasion pour nous de vous faire partager notre point de vue sur la question !



Poème de Suzanne


Serait-elle sotte, muette ? Non point, elle pense
Dès l’enfance, elle a dû se taire
Obéir et se laisser faire
A toutes les corvées se plier
Sans jamais pouvoir rechigner
De l’homme elle est le faire-valoir
Ses idées ne peuvent prévaloir
C’est ainsi qu’elle doit avancer
Effacée et les yeux baissés
Pourtant elle aurait tant à dire
A ses oppresseurs, les maudire
De l’avoir sa vie muselée
Pour asseoir leur autorité
Mais elle seule a tous les pouvoirs
D’enfanter et de savoir
Qu’un homme n’est rien sans sa moitié
Qu’il ne peut vivre sans ce pilier
Que souvent sans le comprendre
A ses vues il se laisse prendre
Car même bâillonnée elle s’exprime
Ce qu’elle ne dit, elle le mime
A quoi sert de se révolter
Elle ne rêve plus de liberté
A présent c’est en conscience
Qu’elle a choisi le silence





Texte de FRANCINE

Sur ta balançoire petite fille insouciante, tes tresses volent au vent et se fichent des convenances. Des mèches folles s’échappent et brillent au soleil. Tes rires sont innocents, mais tu tiens déjà fortement les cordes pour aller plus haut, plus longtemps, pour montrer à tous ces tireurs de tresses que tu es brave et que tu ne cries pas pour rien.

En classe, tu te bats, tu sais que tu vaux la première place et tu la veux ! Et surtout tu veux moucher le nez à tes camarades qui cultivent le style « bon élève » pour attirer les regards bienveillants de leur tante vieille fille qui mise leur succession sur ces rejetons boutonneux.
Arrivée à l’adolescence, tu te renfermes et baisses les yeux. Il est mal vu de s’affirmer, de s’afficher, d’exister. Oui d’exister. Etre telle que tu es est une erreur de la nature. Etre une fille est une calamité, une ruine quand vient le temps du mariage, un déshonneur si tu n’es pas l’aînée, une béquille si tu l’es.

Une fille, ça n’existe pas. On dit sexe faible, puis mademoiselle. Dit-on damoiseau pour un jeune garçon ? Puis si tu arrives à te transformer en femme, abandonner les jeans et les baskets plates, mais être féminine, contractée, patiente image de magasine, couper tes cheveux mais les garder longs pour attirer les reflets du soleil…  il n’y a bien plus qu’eux pout te faire briller ! Sourire de tes dents blanches, tricoter de tes petits doigts de fée ( la peinture c’est dépassé, et puis le rouleau te sied mal, plutôt une marine ou une sculpture au ciseau - le chalumeau laisse-le à ton frère…)

Ta voix. Quoi ta voix. Tu as voulu le droit de vote. Il a fallu 30 ans pour le mettre en application !Et encore, quand tu t’exprimes ton père sourit négligemment , ton frère rigole, ton mari se moque..
Ah ta voix, l’organe qui se morfond au fond de ta gorge. Tu as appris depuis bien longtemps à n’exprimer que ce qui peut être entendu. A n’en dire que très peu, à te mentir, à te cacher, tu arrives même à douter. L’ai-je dit ou l’ai-je pensé, très fort certes, mais pensé simplement…
Hélas que de cris muets ! On te viole, on te massacre. Tes yeux pleurent en silence. Le sourire est ton voile. Habillée de gris, l’âme des jeunes filles s’envole vers les nuages et plane, sereine, elle est là, elle te survit, c’est ce qui te garde debout.

Les mots que tu dis, c’est le dernier souffle d’espoir de celui qui veut encore croire… Ces mots te perdront, ils résonnent, tournent, roucoulent. Ils te suivront – alors tu te tais. Dans la rue tu fais silence. A la maison tu chantes parfois, mais les mots de ton cœur ne passent pas la frontière de tes lèvres. C’est ta force et ta faiblesse. Le silence t’enveloppe. Prend garde qu’il ne t’étouffe. Tous ces mots que tu voudrais dire, le son même de ta voix se délétère et s’abîme.

On  ne te prête attention que le temps d’une réplique. Puis le silence reprend ses droits, petite fille aux boucles folles. Le vide, le néant, les abysses insondables, ton chemin est plein de pierres et de racines. Le sang de tes pieds ne vaut pas plus que tes larmes. Ton cri aphone se perd aux rayons du soleil. L’heure viendra où tes cris résonneront, et tous les non-dits, toutes les paroles muettes se décoderont en langage humain.

Peut-être qu’alors ce que tu diras sera entendu. Peut-être même seras-tu écouté, qui sait ?




Texte de MISTRALINE


Nous qui sommes femmes, dans ce monde qu’il nous incombe de porter depuis la nuit des temps, nous savons combien les hommes ont peur. Nous sommes leur force et leur faiblesse. Ils nous rabaissent, ils nous méprisent, ils sont injustes et pourtant nous les aimons. Et même si pour certains avoir une fille, c’est arroser le jardin du voisin, sans nous ils ne sont rien.

Je suis née et j’ai grandi au milieu des femmes. Je connais leur chaleur, leur passion et leur puissance.
Je ne connais pas leur silence. Les femmes de chez moi ne gardent rien sur le cœur, on ne les bâillonne pas – encore que parfois elles se bâillonnent entre elles. Il y a toujours une aïeule qui se fait la dépositaire des vilains secrets de la honte. Il faut attendre son départ pour que les langues se délient. 

Les cœurs restent à  jamais prisonniers du secret, il est lourd, pesant, impossible de s’en débarrasser, c'est le legs des aïeux.

Chez moi, les hommes sont des trompes l’œil. Ce sont des beaux parleurs qui s’écoutent parler et se regardent vivre. Nous nous amusons de les voir si fragiles et nous les entourons d’affection malgré la peine qu’ils nous causent. Nous savons qu’il faut les aimer sans compter.

La femme est sage. L’homme rarement.
Quand la femme se contenterait d’un amour au singulier, l’homme le conjugue souvent au pluriel. Il court après sa vie qui l’attend patiemment à la maison. Il papillonne et s’étourdit dans le nectar de chaque fleur qu’il croise. Il semble qu’il ait toujours peur de manquer, de passer à côté de quelque chose d'exceptionnel.

La femme sait trancher quand l’homme hésite, elle décide quand il doute, elle assume quand il détale et rebondit quand il la largue. J’ai connu des femmes égales aux hommes. Mais chez la femme, la virilité est une verrue. Toute la puissance de la femme réside dans sa féminité.
La femme fait silence parce qu’elle voit loin. Elle n’a pas peur d’aimer. Peut-être parce qu’elle connaît la valeur de la vie ? Elle sait qu’il faut persévérer. Peut-être aussi parce que sa force est douce ?

L’homme est un être insatiable. Femme il te faudra l’aimer en silence. Fais lui croire qu’il est fort lorsqu’il faiblira sans jamais lui démontrer que sa force, c’est souvent toi. Aime le avec un grand A et ne compte jamais tout ce qu’il te doit.



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