25/11/2013 La liste des interdits

Si vous deviez lister tous les interdits rencontrés dans une vie, vous pourriez publier un bon gros bouquin !
On va se contenter de ceux de l'enfance et de l'adolescence pour cet atelier.
L'intérêt de cette consigne c'est qu'elle nous apprend à poser des mots neutres sur des émotions parfois vives.


Texte de JOELLE :


Il est interdit de dire des gros mots, sous peine de fessée...mais on peut toujours dire SVP ou merci.
Il est interdit de courir dans la rue...mais on est autorisée à marcher sagement auprès de maman.
Il  est interdit de mettre les doigts dans le nez  ou de frotter son nez plein de morve sur la manche de sa veste ou encore de tirer la "nifle", mais... on est chaleureusement encouragée à prendre un mouchoir.
Il est interdit de faire pipi dans sa culotte sous peine de moqueries des petites copines.
Il est interdit de faire des tâches sous son cahier au risque d'un coup de règle, mais écrire en respectant les interlignes, les majuscules, les soulignés en rouge ou bleu... ça c'est autorisé.
Il est interdit de ne pas apprendre ses leçons, mais il est ardemment recommandé de ramener de bonnes notes.
Il est interdit de tourner en ville, mais on peut toujours aller aux réunions du curée.
Il  est interdit de rentrer après 20 heures sous peine de manger la soupe à la grimace.
Il est interdit de mettre ses habits du dimanche en semaine, mais il est permis de porter les vieilles frusques de sa sœur.
Il est interdit de sortir en boite mais on peut toujours retrouver ses copines au cinéma.
Il est interdit de porter jupe courte, talons hauts et  vernis à ongles sous peine de passer pour une gourgandine, par contre, sandales, socquettes blanches, jupes aux genoux sont justifiés.
Il est interdit de parler ou de rire pendant les informations, on  est autorisée  à manger dans un silence religieux ponctué de bruits de fourchettes, de mastications et de fou- rires rentrés.
Il est interdit de répondre ou de désobéir si non on est privée de sortie pendant une semaine, mais il est tout à fait permis d'avoir des discussions sur n'importe quel sujet avec nos parents.
Il est interdit de rire comme une bécasse, de marcher les pieds en dedans, de se tenir le dos voûté, d'être mal assise sur une chaise, de se goinfrer, de..., de ..., et de tant d'autres choses.




Texte de MISTRALINE :

Il est interdit de continuer à dormir entre papé et mamé quand je suis chez eux.
Il n’est pas interdit de dormir la porte entrouverte pour conjurer l’obscurité de ma chambre.
Il est interdit d’appeler papa : papa.
Il n’est pas interdit d’appeler Jean-Marc : papa
Il est interdit de mentir.
Il n’est pas interdit de se taire quand les adultes mentent.
Il est interdit de colorier la tapisserie.
Il n’est pas interdit de dessiner des fleurs sur du papier.
Il est interdit de défier maman et de lui répondre.
Il n’est pas interdit de lui dire qu’elle est belle.
Il est interdit de dire du bien de mamé à maman et du bien de maman à mamé.
Il n’est pas interdit de faire semblant.
Il est interdit de répéter à quiconque ce qui se passe à la maison.
Il n’est pas interdit de rapporter ce qui se passe chez les autres.
Il est interdit de frapper ses frères.
Il n’est pas interdit de les ignorer.
Il est interdit d’aller dormir chez des copines.
Il n’est pas interdit de les inviter exceptionnellement.
Il est interdit de falsifier son classement…
Il n’est pas interdit de ramener de bons bulletins.
Il est interdit de faire le mur en colonie.
Il n’est pas interdit de le faire si on ne se fait pas attraper.
Il est interdit de dormir dans le dortoir des garçons.
Il n’est pas interdit d’essayer.
Il est interdit de grossir.
Il n’est pas interdit de manger des pizzas, des lasagnes et de la moussaka.
Il est interdit de séduire.
Il n’est pas interdit de rester transparente.
Il est interdit d’avoir trop de répartie.
Il n’est pas interdit d’acquiescer à tout.
Il est interdit d’être libre.
Il n’est pas interdit de prendre la porte définitivement.


Texte de SUZANNE :


Il était une époque pas si lointaine et pourtant…, qui n’était faite que d’interdits :

Interdit aux enfants de s’exprimer par des pleurs, des cris, de parler sans y être expressément convié, de réclamer un jouet, un vêtement, de donner son avis, de s’opposer ouvertement à ses parents, ses enseignants, ou toute autre autorité, mais il n’était pas interdit de respecter ceux-ci, d’être poli, de se contenter de ce qu’on avait, de faire la tête, ou de bâcler ses devoirs

Interdit de manger des produits qui ne soient pas de saison, une nourriture saine, bien qu’il n’était pas interdit lors de fêtes religieuses ou familiales de déroger à cette règle par quelques abus

Interdit de ne pas participer au culte religieux et leçons d’instruction religieuse, mais il était possible de trouver un prétexte de santé pour y déroger

Interdit pour certains enfants de choisir leur métier, mais recommandation, voire obligation, de suivre  la voie ou la voix paternelle et il était toutefois conseillé de finir par apprécier ce métier

Interdit aux adolescents de boire, de fumer, de lire des lectures licencieuses ou politiquement incorrectes, de s’adonner à des plaisirs de leur âge au-delà d’une heure stricte, mais ils pouvaient s’ennuyer sans problème, de préférence s’ils ne s’en plaignaient pas

Interdit aux jeunes filles d’attirer le regard des hommes par leur tenue vestimentaire ou du maquillage, de flirter et surtout de perdre sa virginité avant le mariage, mais il était vivement souhaité que leur éducation leur apporte toutes les qualités d’une parfaite femme d’intérieur soumise

Interdit aux mêmes jeunes filles de choisir leur mari pour certaines ou d’exercer une activité professionnelle, sous peine d’être considérées comme des personnes de peu de vertu, mais elles pouvaient en toute confiance, selon le choix avisé de leur père, passer allègrement du joug paternel au joug marital

Interdit pour ces épouses d’exprimer leur opinion, de voter, de se plaindre d’une quelconque douleur, ou de l’infidélité de leur mari, qu’elles devaient subir sans pouvoir l’imiter mais il ne leur était pas interdit d’acquiescer sans retenue aux choix ou décisions de leur époux, de subir leur désir mais s’il n’était pas partagé

Interdit pour elles de rêver à une vie meilleure où elles auraient pu être indépendantes et libres de toute entrave

Bref, les maîtres mots de cette époque en partie révolue, étaient obéissance, respect, devoir, absence de liberté de pensée, de parole, d’action, mais le chemin était tout tracé, on courbait l’échine et on faisait comme la génération précédente, sans se poser de question sur son avenir.

Aujourd’hui notre époque est sans interdit :

Il n’est plus interdit aux « enfants rois » de réclamer leur « dû » que ce soit en jouets, vêtements, sorties, choix de leur vie professionnelle, maritale, de s’exprimer et critiquer parfois violemment ses parents, ses enseignants, ses employeurs allant jusqu’à lever la main sur eux, sans omettre de les assigner pour tout et n’importe quoi

Il n’est plus interdit aux enfants de faire ce qu’ils veulent de leur corps, de le vêtir de tenues bizarres, de tatouages ou autres piercings

Il ne leur est plus interdit par désœuvrement et esprit de compétition de se mesurer entre eux pour voir celui qui tombera ivre le plus vite, ou de mourir d’une overdose

Il ne leur est plus interdit de rêver à un emploi indéterminé improbable, de pointer au chômage

Il n’est plus interdit aux jeunes femmes d’attirer le regard des hommes, de mener une double vie épuisante, professionnelle et maternelle, de ne plus être le pivot de la famille

Il n’est plus interdit aux hommes comme aux femmes, de coucher à droite et à gauche sans amour, pour simplement comptabiliser des conquêtes ou juste jouir de sa liberté sexuelle et se prouver qu’on est encore en vie, au risque même de la perdre.

Il n’est plus interdit de faire un « burn-out » pour avoir privilégié sa vie professionnelle aux dépens de sa vie familiale, de se sentir perdu, loin des valeurs morales ou religieuses d’autrefois, avec pour unique but : le gain d’argent


Il existe certainement un juste milieu, un équilibre entre ces deux époques, la Voie à suivre, notre voix intérieure, celle qui nous guide loin de tous les pièges, il suffit de la chercher et de la trouver.




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