04/11/2013 Éloge de la paresse

A chacun sa vision de la paresse... Les textes du jour s'interrogent, affirment, racontent la paresse, textes truffés d'aphorismes à propos.

Texte de Henry :
FARNIENTE, suprême bonheur, comme un chat qui s’étire en baillant, queue dressée…Waouh !
Il y a eu des monuments au travail, des hymnes à l’effort mais personne n’a osé glorifier la déesse Paresse que tant de gens honorent en secret.
Car enfin le travail est une malédiction divine, «  tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».
Mais le pain gagné, que faire du temps en plus ?des économies ?
Il y a eu un éphémère ministre du temps libre pour organiser la chose alors que pour le farniente pas besoins de directives, pas besoin d’instructions ministérielles, pas besoin d’équipements coûteux, se laisser envahir par la torpeur, régler sa vision sur l’infini lointain, et PROFITER, muscles détendus, tête vide, doigts de pieds en éventail déployé, qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous … et même…
S’abandonner à la paresse plutôt qu’au paraître dans la plénitude de la douceur, de l’harmonie du corps et de l’esprit, rien de produit, rien de donné, rien de reçu comme l’escargot en sa coquille qui passe l’hiver dans son trou de mur : HEUREUX                                 En attendant le printemps pour des plaisirs plus primesautiers.
Les hyper actifs  et les drogués du travail ne connaîtrons jamais sur terre ce repos céleste.                 
A chacun la vie qu’il choisit et pour risquer quelques aphorismes :
La paresse est un don naturel qu’il faut  cultiver avec  constance et obstination sous peine d’être entraîné dans le désordre du monde.
Paresser ce n’est pas vivre en léthargie, c’est rêver le bonheur en interne et bâtir des cités idéales pour un usage privé.
Paresser, ce n’est pas négliger  le monde, c’est le laisser tourner sans mettre un seul doigt dans les rouages.
Paresser ce n’est pas être contre productif puisque cela fait le bonheur du paresseux et que  produire du bonheur même en très petite quantité n’est pas négligeable.
Paresse, paressons, paressez  mais surtout n’en laissez rien paraître.


Texte de Joelle :
La paresse faut-il en pleurer, faut-il en rire? je ne saurais vous le dire. Pour les uns, le pire des défauts, pour d'autres l'aboutissement du bien être. Mais pour moi?
C'est le temps que je m'autorise à prendre au moment des courses.  Arrêt au rayon livres, je feuillette, je jauge , j'évalue, je pose...au rayon fringue, je touche, je regarde, j'explore mais ne prends rien, ...au rayon conserve je lis l'étiquette, je tourne et retourne la boite entre mes doigts , à croire que je compte le nombre de petits pois. Les bruits me parviennent comme au travers d'un brouillard épais, je ne vois personne, je crois réfléchir  et  oublie la moitié des courses.
C'est aussi les instants passés à rêvasser sans tourner une seule page de mon bouquin, lire et relire le même passage sans rien comprendre, à lézarder sur la terrasse laissant le soleil me chatouiller le visage, les yeux fermés, les oreilles ouvertes au bruit du vent , du bourdonnement des insectes et au chant des oiseaux et sentir mon corps s'endormir dans la douceur.
C'est la plage, allongée sur ma serviette les yeux fermés, le ressac de la mer et le piaillement des mouettes, les bavardages environnants tel le bourdonnement d' abeilles et moi la tête dans les nuages loin de toutes sollicitations.
La paresse c'est ouvrir ma porte au bien être et à la plénitude et la fermer au tumulte et à l'agitation.
Nous sommes loin de la fainéantise qui vous enlève toute volonté d'entreprendre et vous donne l'impression que tout travail est une action démesurée et irréalisable, ou encore de l'inertie qui est plus de l'ordre de l'a-réactivité. 
Non! la paresse est un moment dans la journée, dans la semaine ou votre être tout entier est en accord avec le rayonnement de la nature.

La paresse, c'est la " zénitude". 

Texte de Marie-Hélène :
La paresse, enseignée dès la maternelle à des bambins déjà submergés d’activité, constituerait  l’avancée la plus importante des dernières décennies dans l’éducation nationale. Des cours de Rêverie devraient être organisés dans les écoles primaires, entre les maths et le sport. Un diplôme Es-Paresse pourrait même être décerné en fin d’études secondaires.
Si rester blotti au milieu de son lit, les draps remontés jusqu’au menton, à écouter la rue s’agiter peut donner mauvaise conscience, c’est, au contraire, pour moi,  un moment de plénitude et de bonheur.
Paresser, c’est un moment privilégié pour apprendre à s’aimer. Paresser, c’est un moment parfait pour s’écouter. Pour reprendre le fil du rêve abandonné sur un coin de table, pour s’étirer mollement et bailler bruyamment,  pour reprendre un livre oublié et se perdre dans la contemplation de sa couverture, pour organiser une journée de « rien ». Juste écouter le vent, juste laisser pleurer la pluie le long des vitres sales, juste promener son pyjama et ses pantoufles avachies de la cuisine au salon, une tasse de thé parfumé à la main, juste laisser les heures s’écouler, lentement, à regrets et regarder les ombres du soir envahir le silence. Paresser, c’est penser qu’il faudrait sortir, faire le ménage, une lessive, le repas et ne rien entreprendre. C’est répondre un voluptueux «  rien ! » à la question sournoise « qu’as-tu fait aujourd’hui ? » Un « rien » délicatement posé sur des sourires envieux, jaloux, parfois méprisant.
Paresser, c’est regarder pousser un arbre.  Paresser, c’est la liberté.
Le Prix Nobel de la Paresse devrait être attribué chaque année, au même titre que le Prix Nobel de la Paix. Gageons qu’Alexandre le Bienheureux serait un candidat aussi sérieux que truculent !



 Texte de LAETITIA :
« Il semblerait que paresser soit excellent pour les neurones et le système nerveux. »
Ca tombe bien, j’adore paresser ! Oui, mais c’est quoi paresser ?

Est-ce, par exemple, boire un café sur sa terrasse en contemplant le paysage avant de démarrer sa journée ? C’est justement ce moment que je choisis pour établir la liste de ce que j’ai à faire ; et comme les journées ne sont pas assez longues, le café est vite bu et le paysage à peine observé.
Je me souviens, étudiante, nous pouvions rester des heures assis au bistrot, sans rien faire, juste bavarder, rigoler et s’amuser du passage. Même l’approche des examens ne suffisait pas à lever nos fesses paresseuses. Aucune culpabilité !

Est-ce que la paresse pourrait-être ce moment où l’esprit vagabonde au cours d’une activité qui ne requiert pas toute notre attention ? Mais ce sont aussi les moments pendant lesquels je planifie, organise, prépare… En bref, je règle mes soucis quotidiens.

Difficile de paresser en fait… Ne rien faire… Ne penser à rien… A la limite de l’ennui…

Finalement, paresser pour moi, ce serait avoir fait ma liste des choses de la journée, la contempler sans culpabiliser pendant que mon café refroidit et mon esprit vagabonde.



Texte de Suzanne :
Paresse : non-action positive qui permet la maturation des idées qui se décantent peu à peu (cf. l’écrivain qui contemple des heures durant sa page blanche, avant d’organiser sa pensée, de trouver le mot juste).

Il n’y a point de meilleure préparation pour un athlète avant la course, qu’un moment de paresse intense, vacuité totale, muscles et mental relâchés, avant l’explosion d’énergie du départ.

Bailler, s’étirer, allongé mollement sur le sable, contempler entre les yeux mi-clos les nuages qui dérivent, la paresse est un état proche de la béatitude.

Errer le nez au vent,  au hasard des rues et des rencontres, voilà une paresse constructive qui dépose ses sédiments invisibles au tréfonds de notre mémoire.

Contempler le brin d’herbe qui pousse lentement mais inexorablement, se perdre au fil de l’eau dans les méandres de la rivière alanguie, humer les effluves de lavande, paresser, se laisser vivre.

Ô paresse Divine, indispensable à notre bon fonctionnement, comme le préchauffage des bougies avant le démarrage du moteur, temps Sacré, où nous rechargeons nos batteries.

La paresse est un « temps mort » entre deux actions et pourtant chargé d’émotions et de sensations diverses.

Bouddha n’est pas paresseux, il est Eveillé.





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