7/10/2013 Affiner l'ouie
Objectif du jour : écrire à partir des sons, se replonger dans l'instant, le découper, faire des parallèles, inventer des corrélations.
Texte de SUZANNE :
« Quand on traverse la forêt de peupliers, on croit entendre le
bruit de la pluie. C’est parce qu’au mois d’octobre, même quand le vent ne
souffle pas, les feuilles des arbres font en frémissant un petit bruit de
tambour. Rien qu’en entendant ce bruit, Hyuni a les larmes aux yeux, comme si
le lait lui revenait aux seins. »
La
philosophie de son boudoir, JEON GYEONG-NIN, 2003, Corée du sud.
Texte de SUZANNE :
CLAPOTIS,
CLIQUETIS ET AUTRES BRUITS
Allongée
sur la plage, les yeux clos, le corps moulé dans le sable, j’entends le
clapotis paisible de l’eau, martèlement cadencé, régulier, apaisant, sur la
coque d’une barque échouée, tam-tam syncopé, égrenant les heures. Cela me
rappelle l’action de ma mère frappant délicatement à ma porte, pour ne pas
déranger mon sommeil d’adolescente.
Simultanément,
du port tout proche, me parvient le cliquetis des drisses qui sous l’effet du
vent frappent les mâts des navires. Ce bruit vrille mes tympans, insistant,
agaçant, sinistre, comme le trousseau de clés qui s’entrechoquent lors de la
ronde du gardien de prison, ou les chocs des épéistes qui ferraillent dans la
brume du petit matin. Me revient tout à coup en mémoire, le cliquetis de ma
voiture souffrant d’une combustion anormale la semaine dernière…
Dans
l’ombre bienfaisante d’une forêt profonde, j’entends soudain un claquement de
doigts, puis un sanglot rauque, étouffé, l’ouverture gémissante de la porte
d’une vieille armoire de famille et enfin, le bruit sourd d’un corps jeté à
terre. Je me retourne, pour découvrir que le chêne centenaire vient de perdre
l’une de ses branches maîtresses.
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