15/09/2013 Je fais rien que des bêtises

Une journée d'écriture sur le thème de la bêtise !

Trois consignes ont été proposées pour illustrer ce thème riche et succulent :



1 – INVENTAIRE DE BÊTISES


Inventaire de MARIE-HÉLÈNE :


Je  fais rien que des bêtises
Je te réserve une surprise
Une énorme gourmandise
Et tu paieras pour ta traîtrise

J’ai déchiré le papier peint
J’ai tout cassé tes planches à pain
J’ai démonté ta  cave à vin
Et fait un feu dans le jardin

J’ai tout fait fondre le cacao
Avec la paille de tes chevaux
J’ai mis des œufs dans ce gâteau
Pour l’étaler dans le patio

J’ai éventré les édredons
J’ai déplumé tous les dindons
Mis le duvet dans le chaudron
Pour parfumer tout le bouillon

T’aurais pas dû me critiquer
T’aurais pas dû m’prendre mes idées
Je voulais juste cuisiner


Pour m’faire un nom dans le métier.


Inventaire de SUZANNE :

Je  fais rien que des bêtises,
J’ai cueilli toutes les cerises,
Fruits de ma convoitise,
Chez ta voisine tout’ surprise.

J’ai repeins tous tes tableaux,
Que je ne trouvais pas très beaux,
Et j’ai démonté ton piano,
Ai fais des touches, un tas bien haut.

Tes partitions j’ai découpées,
Des origamis j’en ai fait.
Tes vêtements les ai lacérés,
Pour te punir de m’délaisser.

Tu trouveras dans ta baignoire,
Tes livres, tous tes grimoires.
J’oubliais, si tu veux boire,
J’ai tout versé sur ton peignoir.

Ce n’est pas de la maladresse,
J’ai l’âme noire et vengeresse,
Je n’aime pas que l’on me blesse,
Adieu, je pars et te laisse.


Inventaire de MISTRALINE :

Je fais rien que des bêtises…
J’ai coupé les poils de cerise
Le caniche de tante Elise
Je suis la reine des sottises

J’aime faire pipi sur ses radis
Qui deviennent jaune et riquiqui
Et j’aime cacher sous son tapis
Des petits bouts de pain rassis

J’ai jeté toutes ses Marlboro
Et même son magnifique Zippo
Du haut du pont jusque dans l’eau
Ça a fait PLOUF, comme c’était beau !

J’ai poivré toutes ses tartelettes
Vidé le mir dans sa blanquette
Mis des asticots sous sa couette
Et un crapaud dans les toilettes.

Au fond du pot de Nutella
J’ai caché son billet de tombola
Quand on a eu les résultats
Ça lui a déclenché un zona...

Elle aurait gagné le pactole
Si elle perdait moins la boussole
Ma vieille tante, cette cagole
Qui veut me passer au vitriol !



2 – LE RECIT DE LA BETISE


Récit de MARIE-HÉLÈNE :


-Je t’ai dit de mettre du sucre, pas du sel !

-J’ me suis trompé. C’est pas la cata quand même.
-Si ! Toute la confiture est à jeter maintenant. J’ai travaillé toute la matinée pour rien.

-Ouais, m’en fiche. J’aime pas la confiture de fraise. Salée ou sucrée, c’est pas bon.  Et pis, t’as jamais fait de bêtise toi ? Hein Mamie ?

-Si. Un jour, j’avais ton âge. Si,si. J’ai versé un litre de vin rouge dans la pâte à pain que ma mère avait préparée.

-Ça c’est rigolo. Pourquoi t’as fait ça ?

-Je n’aimais pas le pain complet.

-Donc tu me comprends. Tu n’aimes pas alors tu rates.

-Il n’y avait pas de boulangerie dans le village. Ma mère faisait le pain  tous les lundis et nous en avions pour la semaine. Nous avions tout juste assez de farine pour un gros pain.

-D’accord, alors c’était bien. T’as pas mangé de pain pendant une semaine. Super !

-En effet. Personne n’en a mangé. Ni ma mère, ni mon père, ni ma sœur. J’ai privé de pain la famille entière.

-Ouais et alors ? Toi, t’en pas mangé, et moi j’ mangerai pas de confiture de fraise.

-En effet, personne n’en mangera, alors que ton grand-père, ta mère et moi nous aimons beaucoup la confiture de fraise maison. Et comme il n’y a plus de fruits dans le jardin, cette bassine était la dernière de la saison.


-Bon, ok  Mamie, on achète de nouvelles fraises et c’est moi qui fais. Faudra pas oublier le sel, y’en a plus.


Récit de SUZANNE :

-         « Julie, tu es une chipie et vraiment la Reine des bêtises !» 

-         « Mais Mamie, tu n’en as jamais fait toi des bêtises ?» 

-         «  Oh si bien sûr, j’en ai fait quand j’étais enfant, en particulier une, mais…»

-         « Raconte, Mamie !» 

C’était un jeudi après-midi. A cette époque nous n’avions pas école ce jour là, comme toi le mercredi.

-         « Quel âge avais tu ?»

-         « Une douzaine d’années.

 Mes parents m’avaient laissé toute seule dans notre appartement, afin que je termine mes devoirs, pour essayer de relever mes notes déplorables à l’école.
Ma mère devant passer un entretien d’embauche le lendemain matin, ils étaient partis se détendre au cinéma.

-         « Alors qu’as-tu fait ? »

Frustrée de n’être pas sortie avec eux, j’ai voulu me venger. J’ai commencé par mettre en tas sur le lit, toutes les robes de ma mère. »

-         « Et après ? »

Je les ai essayées l’une après l’autre devant la glace, en prenant des poses. 

-         « Tu te trouvais belle ? »

Pas vraiment. Je singeais ma mère. Je lui avais également emprunté ses escarpins… Soudain une idée m’est venue… 

-         « Laquelle, dis moi tout Mamie ! »

Je suis allée chercher les ciseaux dans la cuisine et j’ai fait de magnifiques franges sur la robe préférée de ma mère.

-         « Et ben dis donc ! »

Ce n’est pas tout, ensuite j’ai coupé les cols et les manches de tous ses chemisiers, ainsi que tous ses boutons.

-         « Que s’est-il passé quand ils sont rentrés ? »

-         «  Sur l’instant rien du tout, ils ne s’en sont pas aperçus ».

-         « Tu devais bien rire en douce, non ? »

-         « J’ai gardé ma figure angélique jusqu’au soir ! »

Mais le lendemain matin, quand ma mère a ouvert sa penderie pour se préparer avant d’aller à son rendez-vous, oh là la… 

Les pleurs de ma mère ont été plus difficiles à supporter, que la punition bien méritée.


3 – MA PLUS BELLE BÊTISE



MARIE-HÉLÈNE :

Je monte l’escalier sombre à pas de loup, et j’ouvre doucement  la lourde porte de l’atelier de mon grand-père.
J’en ai assez d’entendre toujours la même chose. Et les «  tu ne sais rien faire » et les « tu es trop petite » et les « tu ne comprends pas ». Ils vont voir si je ne sais pas.
Au milieu de la pièce silencieuse, une toile blanche est posée sur un chevalet. A côté, la palette est recouverte de peinture séchée, les pinceaux trempent dans un verre d’eau. Allez, j’y vais. Le ciel bleu, je le fais rouge, l’herbe verte, je la dessine en blanc, la maison sera violette mais le soleil restera jaune. Je travaille, appliquée, à grands coups de poignet. Je mélange, je barbouille, j’invente des reliefs. Les couleurs gorgées d’eau dégoulinent sur la toile, le long du pinceau, sur mes doigts et mon bras. Aplatis, les tubes de gouache tirent la langue sur le parquet. 
Derrière moi, un cri me fait sursauter. Je n’ai pas entendu mon grand-père entrer. Penaude, je me recroqueville dans l’unique fauteuil de la pièce. Je le regarde, pétrifiée. Je ne respire plus, je veux sauter dans le paysage dessiné et me sauver en courant. Tout à coup, il éclate de rire.
-Petite, tu aurais pu suivre les contours du croquis que j’avais esquissé hier. Mais bon, j’aime bien les couleurs. Tu devrais continuer.
Je n’avais même pas remarqué que le tableau était commencé !
Et le lendemain, j’ai pris un cours de peinture grandeur nature, au milieu de la garrigue, avec le meilleur des professeurs, mon grand-père.


SUZANNE :

Aînée de la famille et de ce fait plus sujette aux réprimandes parfois injustes à mon égard, je n’oublierai jamais le jour où,  je décidai de me venger sur mon petit frère.

Un soir, je pris ses lunettes sur la table de nuit pour les recouvrir de cirage noir.

Le lendemain, à tâtons comme tous les matins, il les mit sur son nez et se mit à hurler se croyant aveugle.

Entendant son cri, mes parents affolés arrivèrent en trombe dans sa chambre et malgré leurs efforts conjugués, mirent beaucoup de temps à le consoler, le rassurer et ôter la graisse laissée par le cirage.

Pour ma part, la gifle que je reçus, me fit voir rouge...


MISTRALINE:


La directrice de mon école est une sorcière, j’en suis sûre ! Elle est méchante et hargneuse, elle a un nez pas catholique et ses yeux sont remplis d’injures. Demain c’est samedi, l’école sera fermée et j’ai bien une petite idée qui me trotte dans la tête. Je sais qu’elle a un beau jardin, j’ai grande envie de le visiter…
A l’heure où tout le monde fait la sieste, j’escalade la petite murette, j’enjambe le grillage et me voilà au cœur de son éden. Je renifle les pompons blancs, les étoiles bleues, les clochettes mauves, tout sent très bon, tout est très beau. De ma poche je sors les ciseaux et c’est parti pour la razzia ! Je taille à tire-Larigot, dahlias, lilas, tulipes, j'improvise un somptueux bouquet destiné à mon arrière-grand-mère.
En le découvrant, elle s’étonnera, elle demandera qui le lui envoie et je mentirais sans vergogne : c’est un présent de la maman de ma copine Marlène. Malheureusement pour moi, le téléphone existe ! Mon larcin mis à jour, je devrais m’excuser, l’air piteux, je ferais amende honorable sous le nez crochu de la directrice…





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