08/04/2013 Incursion chez Monsieur Audiard

Quand le dialogue pointe le bout de son nez, Audiard n'est jamais loin. Ses répliques cultissimes mitraillent nos mémoires de perfection verbale. Chez lui les mots sont comme le sel et le poivre, un grain de trop et tout devient mauvais...


DIALOGUE de SUZANNE

-       Décidément, Marcel n’a pas inventé le fil à couper le beurre !

-       Que se passe-t-il Albert ? Qu’a-t-il fait cette fois ?

-       Tu le bouscules toujours ce pauvre Marcel.

-       Je lui avais demandé de me préparer le dossier X pour ma plaidoirie de cet après-midi et bien sûr, il l’a confondu avec le dossier Y…

-       Il va falloir que je repasse à l’étude. Avec tout ce trafic, je risque d’arriver en retard au Tribunal !

-       Vraiment on ne peut compter que sur soi-même. On ne peut jamais faire confiance aux autres…

-       Tout de même, je trouve que tu exagères, ce n’est qu’un stagiaire après tout, tu l’impressionnes avec ta grosse voix.

-       Stagiaire, stagiaire, toujours sa tête en l’air à compter les mouches au plafond !

-       S’il croît que la réussite va lui tomber toute rôtie dans le bec, y s’fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Décidément,  y casse pas trois pattes à un canard !

-       Allons Albert, tu y vas fort,  laisses lui juste un peu de temps…

-       Ô toi, toujours à défendre la veuve et l’orphelin, tu devrais prendre ma place !

-       Non crois moi ma pauvre Suzanne, quand on « naît » con, c’est pour la vie et ce freluquet détient le pompon !

-       Albert, tu n’as aucune indulgence !

-       Au fait, as-tu pris tes médicaments ?

-       N’oublies pas non plus de prendre ton écharpe et ton parapluie, la météo a annoncé des ondées cet après-midi.

-       Arrêtes une fois pour toutes de me materner. Je ne suis plus un chiard !

-       Écoute ma bonne Suzanne. Tu es une épouse modèle

-       Oh…

-       Mais si, t’as que des qualités et physiquement, t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, je crois que je t’épouserais de nouveau. Mais tu m’emmerdes.

-       Albert !

-       Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour, mais tu m’emmerdes.



DIALOGUE de MISTRALINE

-   « - Écoute ma bonne Suzanne. Tu es une épouse modèle. 

-    -    Oh...
- Mais si, t’as que des qualités et physiquement, t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, je crois que je t’épouserai de nouveau. Mais tu m’emmerdes.
- Albert !
- Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour mais tu m’emmerdes. » 

-    - Albert crois-bien que tu m’emmerdes aussi et pas si gentiment ou si affectueusement que ça. Et pourtant, je ne dis rien.
-   - Bien sûr que tu dis ! C’est dans tes regards quand je pars au Club et dans la froideur de ton accueil à mon retour.
-   - Ecoute-moi bien Albert, un pigeon c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole.
-   - Si tu pouvais éviter de tout emberlificoter ma bonne Suzanne.
-   - Ma bonne Suzanne… tellement bonne cette brave Suzanne !!
-   - Non mais enfin quelle mouche t’a piquée ?
-   - Peut-être une moche dont tu es piqué, va savoir.
-   - Je n’aime pas du tout la tournure que prend notre conversation.
-   - Très cher, pour une fois que nous faisons quelque chose ensemble, c’est inespéré.
-   - Tu m’emmerdes copieusement, là !
-   - Je ne suis pas certaine de me contenter de cet assaut verbal.
-   - Suzanne ne pousse pas le taureau dans l’arène.
-   - Depuis le temps que la reine attend, j’ai envie de te dire…
-   - Tu as envie de me dire quoi au juste ?
-   - Et bien, j’ai pris la liberté d’équilibrer la donne. J’ai une sainte horreur de l’injustice.
-  - Voilà, on y arrive, enfin je perce le secret de ta nouvelle coiffure, du feu dans ton regard...
-  - Oh ! Tu as donc des yeux ?
-  - Comment s’appelle-t-il ?
-  -  Tut, tut, tut… tu vas te faire du mal mon Albert. Ne perds jamais de vue que l’ignorance est ton plus gros atout. 
-    Quel coup bas !
-    Tu m’as ignorée durant trop longtemps mais voilà, aujourd’hui le bonheur rangé dans une armoire plie bagage.
-   - Suzanne, je n’ai jamais voulu te perdre !
-   - Oh mais tu ne m’as pas perdue, je ne suis pas le petit Poucet.  C’est toi qui t’ais perdu.
-   - Tu as toujours su ?
-   - J’ai toujours tout su, gros nigaud.
-   - Et tu n’as rien dit.
-   - Non. De la même façon que toi non plus tu ne vas rien dire. C’est ça le mariage, non ? Pour le meilleur et pour le pire.
-   - Tu as raison. Un pigeon c’est plus con qu’un dauphin mais ça vole.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

05/10/09 Après le tremblement

12/06/09 La fille d'acier

03/05/2011 Notes de chevet