11/03/2013 Le jargon de la pomme de terre



Rassemblez tous les mots qui ont un rapport avec la pomme de terre. Utilisez-les de façon rapprochée, emboîtez-les au maximum dans une même phrase. Détournez leur sens et jonglez avec leur nombre pour écrire un récit qui a la patate !

Texte de LAETITIA


C’est la semaine de la pomme de terre au restaurant. A cette occasion, les producteurs présentent chacun leurs variétés au nom plutôt évocateurs : Adriana, Apollo, Belle de Fontenay, Charlotte, Corne de gatte, Galante, Rate du Touquet, Rose de France… On se croirait à l’hippodrome ; chaque variété de patate représentant un cheval.

Et voici que pour lundi, le tiercé gagnant est :
-          Rate du Touquet en hachis Parmentier
-          Galante en robe de chambre
-          Rose de France en mousseline
Mardi, Apollo en chemise suivi de très par Vitelotte en crique.

C’est ainsi que nous avons composé notre menu de la semaine : utiliser les variétés de pommes de terre au nom plus enjoué que les plats eux-mêmes.
Mais surtout, nous voici partis pour une semaine d’épluchage à froid ou à chaud, de coupage, de cuissons diverses, au four, rissoler, à l’eau. Quel bonheur !

Et plus encore, quel défilé dans les assiettes : des gratins, des gouères, des pommes en tout genre : dauphine, noisette, grenaille, avec ou sans la peau, quelque fois noires mais plus souvent à chair blanche. De quoi contrarier celui qui fait péché de cabaret ! Il est à parier qu’il reprendra un autre verre.

Après cette semaine de diète à la patate, arriverons-nous encore à cuisiner cette duchesse ?
Bref, à quand la semaine de l’artichaut !



Texte de MARIE-HÉLÈNE

KING EDOUARD

Pressée, Agatha s’installa dans la Safrane et mit le turbo. Les graviers, tels des pommes grenailles jaillirent hors de l’allée.
Un œil sur la route, l’autre sur son agenda, elle éplucha son emploi du temps de la journée.
-Purée ! pensa-t-elle dépitée, Je n’ai pas une minute  à moi.
Son premier client était le « King Edouard », chanteur sexagénaire à la mode.  Son nez, plus un tubercule qu’un appendice nasal normal, ses prunelles rondes comme des pommes noisettes, sa bouche molle aux lèvres pelées, sa peau jaunâtre et fripée, tout en lui la rebutait et elle le considérait comme le mildiou de la profession. Elle devrait une fois encore avoir de la peau du derrière de reste et rien que d’y songer elle avait des vapeurs. Pour retrouver son calme, elle craqua une allumette et tira sur une nouvelle cigarette.
Enfin, elle se gara le long d’un trottoir étroit comme une frite et, soufflée, détailla le bel immeuble dressé devant elle.
Pourvu qu’il ne la reçoive pas en robe de chambre, ses pieds, aussi boursouflés que des pommes dauphines, boudinés dans ses pantoufles.
La porte de l’appartement s’ouvrit en grand et il lui tendit ses bras habillés de mousseline pour une longue embrassade. Un véritable hachis de mots s’échappa de ses lèvres.
-Vous êtes dorée à point, une jolie croquette, une vraie duchesse.
Elle comprit qu’il n’avait pas fait péché de cabaret. L’entrevue promettait d’être gratinée !
Une pensée germa dans son esprit et alors qu’il lui susurrait :
-J’ai bien envie de vous sauter
Elle fit demi-tour, dévala l’escalier, s’engouffra dans sa voiture et hurla sa déconvenue.
-J’aurai du lui mettre une grosse gouère dans la figure à cette vieille patate toute ridée !


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