27/06/2012 La pierre dans l'étang

Cette technique d'écriture est empruntée au génial Gianni Rodari.
A partir d'un seul mot nous avons la possibilité de construire tout un univers littéraire. Durant cet atelier de deux heures nous allons mettre en place un début de récit en béton armé !
Il faut chercher les histoires en plongeant sous l’eau pensait Rodari.
« Les mots sont comme les pellicules superficielles d’une eau profonde » écrivit Wittgenstein...

Pour cet atelier nous sommes tous partis du mot demeure.


Texte de Mistraline

Lorsque l’éminent peintre, Marita Bergman posa ses valises dans le grand hall illuminé, l’atmosphère de la demeure s’en trouva bientôt changée. La danoise semblait répandre autour d’elle un calme bienfaisant. Aucun employé ne l’accompagnait, aussi s’affaira-t-elle à transporter ses bagages. Des toiles vierges encombrèrent rapidement toute la verrière.

Dès le lendemain, quelques mioches se présentèrent à la grille. Des garçons et des filles faméliques, aux regards envieux. La cloche tinta plusieurs fois avant que Marita Bergman n’apparaisse dans la contre allée du jardin. Elle fit entrer ses petits visiteurs et les guida jusqu'à la verrière pour les installer sur une estrade de coussins.  Les enfants regardaient partout à la fois. Soudain leurs yeux découvrirent deux plateaux recouverts de pâtisseries multicolores. Lorsque chacun comprit qu’il pouvait se servir, Marita Bergman les regarda engloutir la première bouchées et commença à tracer leurs contours sur une immense toile. Elle les dessinait en courbes subtiles et ajustait son trait sur la trajectoire de leur gourmandise. Les enfants mangeaient sans interruption tandis qu’elle peignait cet évènement aux couleurs du plaisir. Lorsqu’ils eurent achevé leurs agapes, la torpeur les gagna, ils sombrèrent lentement dans un oublieux sommeil. Marita Bergman posa alors ses pinceaux et s’approcha d’eux avec un intérêt accru. Elle les passa tous en revue, soulevant un menton par-ci, une frange par-là avec le détachement d’un animal repu. Elle n’était pas femme à renoncer.
Avant que les enfants ne s’éveillent, elle avait achevé sa toile qui les représentait endormis dans une orgie de plénitude. Marita Bergman ne savait pas changer le plomb en or mais elle avait appris à usurper le bonheur.

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