25/10/2011 Rire de soi

Ce soir nous écrivons avec emphase sur un détail de notre physique qui nous chiffonne. Nous allons l'apostropher ce détail et user d'hyperboles pour que le rire s'en prenne aux complexes.





Texte de Marie-Pierre


Ô, toi, mon bedon, bidon bidonnant,
Ma bataille éternelle toujours perdue,
Le siège de mes angoisses, de mes tensions,
Toujours tu me devances sans vergogne.
Je n’aime pas tes rondeurs, mais tu t’incrustes,
Faisant fi des séances d’abdominaux,
Courses d’endurance et autres séances transpirantes.
A certaines époques prégnantes, tu justifiais ta présence.
Pointé comme un obus vers l’avant, tu me précédais
Et la vie que je portais te remplissait
Me transformant en marshmallow moelleux.
Venaient ensuite des périodes d’exercices frénétiques
Pour te faire perdre ton emprise et ton ampleur.
Mais tu te rebellais, farouche, protégeant ton territoire,
Ne cédant à contrecœur que quelques centimètres.
Tu es mon baromètre, le siège de mes humeurs,
Si je te contrarie, tu te convulses en torsions douloureuses.
Tu me rends insomniaque et me reproche sans délai
Mes excès de la veille, « Jiminy Cricket » de mes nuits.
Tu conditionnes mes choix vestimentaires,
Me faisant osciller entre un style de vêtements dits confortables
Et un fantasme de femme-femme en vêtements moulants.
Mais sois-en sûr : je n’abandonnerai pas la lutte,
Je finirai par te vaincre et te réduire à un état si plat
Que tu n’existeras plus que dans les annales du XXème siècle.
Car j’ai trouvé l’arme fatale qui te fera disparaître à jamais :
                               La ZUMBA !!!!!!




Texte d'Anne-Sophie


Ne vas-tu donc cesser de croître et te répandre ? Serais-tu la rançon d’une épaisse et sombre chevelure ?
Je me plais à penser que si tu n’étais point là je n’aurais pour cheveux qu’un fin plumage. Or il faut bien avouer que, malgré tout le plaisir que me procure ma soyeuse toison, tu es on ne peut plus disgracieux.
Tu as l’outrecuidance d’être épais, foncé, exagérément fourni. Toi ! Poil ! si je ne t’arrache pas ou ne te coupe pas sous ton pied, tu envahis généreusement ma peau claire, au point de me confondre avec une femelle simiesque. Dieu que tu es hideux, sans honte tu envahis mon intimité alors que je la voudrais joliment rose, satiné, sans l’ombre d’une taïga.
Je me désole de te voir t’installer là où seuls les hommes s’en préoccupent chaque matin. Partout où je te vois pousser démesurément  avec une certaine allégresse, je te déracine non sans peine ni douleur, mais envahie d’une vive satisfaction qui frôle la perversité !
Tu persistes et résistes à tout traitement car la nature t’a fait dormant, mais résignée, je t’attends, outillée de pince et de lame pour te faucher.
Toi ! Poil désopilant tu m’horripiles !



Texte de Mistraline



Tu aurais pu être distingué, angulaire, carré ou même prognathe !! Mais non toi, tu as opté pour la doublette ! Car monsieur n’en fait qu’à sa tête quand il s’agit de la mienne.
Monsieur est un créatif débordant, imposant, sans limite...qui par sa nature insolite, ô combien généreuse m’inciterai presque à me demander si je ne suis pas de la famille du pélican !
On en a vu d’autre, rappelez-vous Edouard le ballotté, descendant direct du pélican royal de Chamonix.
Monsieur n’a heureusement pas poussé le vice aussi loin, il m’a épargné la triplette.
Quelle enflure, tout de même ! A ce point c’est verser dans l’exhibition. Tout cet étalage charnel, cet embonpoint obséquieux, cette opulence tapageuse dans un monde en crise qui ne parle que de restriction ; monsieur est un provocateur !
Avec ses formes rebondies qui débordent jusqu’à ma glotte, j’ai le profil d’un pélican qui aurait fait des réserves pour un millénaire.
Si l’albatros est le roi de l’azur il me semble opportun de hisser le pélican au rang d’empereur du double menton ! Et je me tiens en bonne place dans le peloton de tête des prétendants au trône des goitres magistraux.

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