19/04/2011 Pantagrueline prognostication


Extrait de Pantagrueline prognostication (1532) de François Rabelais dans lequel il présente un pastiche des prédictions que l’on trouve dans les almanachs.


« Cette année les aveugles ne verront que bien peu, les sourdz oyront assez mal, les muetz ne parleront guieres, les riches se porteront un peu mieulx que les pauvres et les sains mieulx que les malades.


Et attendu le comete de l'an passé et la retrogradation de Saturne, mourra à l'hospital un grand marault tout catharré et croustelevé, à la mort du quel sera sedition horrible entre les chatz et les rats, entre les chiens et les lievres, entre les faulcons et canars, entre les moines et les oeufz.


Ceste année seront tant d'ecclipses du Soleil & de la Lune que iay peur (& non à tort) que noz bourses en patiront inanition & nos sens perturbation. Saturne sera retrograde. Venus directe. Mercure insconstant. Et un tas d'aultres planètes ne iront pas à vostre commendement.


Dont pour ceste année les chancres iront de cousté, & les cordiers à reculons, les escabelles monteront sur les bancs, les broches sur les landiers & les bonnetz sus les chapeaulx, les coissins se trouveront au pied du lict, les couilles pendront à plusieurs par faulte de gibessières, les pusses seront noires pour la plus grande part, le lard fuyra les pois en quaresme: le ventre ira devant, le cul se assoira le premier, l'on ne pourra trouver la febve au gasteau des Roys (…) »


À la différence de la parodie, le pastiche tente d'imiter une oeuvre en s'en rapprochant le plus possible, au point de tromper parfois sur l'origine ou de semer le trouble sur l'intention de l'auteur (jeu, canular, plagiat, imitation sérieuse et créatrice...).

Consigne :

Utilisez les prédictions classiques des almanachs (jargon astrologique, conseil pour le jardin, éphéméride…), employez les formules qui leurs sont propres et détournez-les. Appuyez-vous sur des généralités mais aussi sur des faits précis de l’actualité.


Pour pimenter le tout amusez-vous de pléonasmes, d’oxymores et d’hyperboles.


L’oxymore rapproche deux termes que leur sens devrait éloigner, dans une formule d'apparence contradictoire. Exemples : un silence éloquent, une ardente patience, une philosophie féroce…


On utilise l’hyperbole pour exagérer, grossir les faits, Rimbaud affectionnait cette figure : "balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse"




Pastiche de Patrick



En 2012 le grand prix de Monaco se déroulera dans les rues somptueuses et montueuses de la Principauté où Iglesias, le sportif, le sportman, tout auréolé des victoires victorieuses de la saison passée devra en remontrer à ses concurrents de toujours, ivres de revanche, ivres de troquer leur casaque d'outsiders contre un maillot tout frais pimpant de nouveau-nés de l'exploit, bien mérité, sonné, conclu. Et plus d'un sera déçu car un seul sera premier, en 2012 comme cette année, une année prolifique, grandiose, métamorphosée par les réussites successives des plus grands, combien grands, face à l'adversité, tout entier occupés à mobiliser toute l'énergie de leur désespoir.

Mais 2012 ne sera pas que sportif, le croisement de Mars et de Vénus devant être négocié avec brio par les enfants de la Reine dont le mariage sous les auspices douteux de Wall Street et du Golden Stock Exchange sera célébré aux tout premiers jours de l'année. Marquée par les scandales répétés et discutés du fils cadet qui tout discutables qu'ils soient et parce que discutables font les aubaines des paparazzi, la Couronne ne manquera pas de retrouver à cette occasion inespérée mais pleine d'espérance l'instrument d'une restauration des façades bien lézardées de la famille royale.

On fêtera aussi les fiançailles d'une ex-dame de France avec l'ex-Président Moubarak d'Egypte, le Sphinx, de quatre-vingts ans son aîné mais support d'une richesse toute considérable, qui laissera tant de troubles dans le paysage politique et médiatique de la France à la veille d'élections convoitées, convoquées et révoquées si n'eut été la loi électorale et constitutionnelle qu'un Président même ne saurait bafouer.

Mais l'année ne saurait être tant judicieusement caractérisée que par la Science que la présence de Saturne dans le treizième signe du Zodiaque, le mystérieux, le trouble-fête, élicitera aux plus hauts sommets désirés, cherchés, gourmandés par la piétaille des astres évincés. Et son aura se déploiera tant dans l'infiniment petit que dans l'infiniment grand, rivalisant là avec l'homme à la talonette, ici avec ces myriades d'humains dans l'affichage ô combien héroïque d'une dignité revendiquée, dite, retrouvée d'un bout à l'autre des continents en un gigantesque tsunami balayant les potentats et l'Histoire dans un séisme irrépressible, incontrôlable, un soulèvement tectonique ivre de cette liberté, fossoyeurs du vieux monde, insurgés des lendemains qui chantent, bien nés d'une inextinguible soif d'expression les portant au sommet de l'échelle ouverte de Richter.

Car on entend de loin les moteurs turbiner, les reines couronner, les élections sélectionner, les peuples apprendre et prendre les pouvoirs qui leur sont dûs de droit et l'on sent qu'ils nous porteront ainsi jusqu'à Noël qu'on prédit en Décembre, pour le plus grand bien des enfants gâtés, pourris, choyés et dont le déplacement serait pour notre planète le signal cuisant d'un retour aux plus primitives, primaires, primordiales barbaries de l'aube de l'Humanité ou le signe d'un déclenchement prometteur des zygomatiques qui portera à dire qu'au pire 2012 échappera parmi tant d'autres années passées, présentes et à venir à la cohorte de celles qui ne valent pas d'être vécues, si la fin du monde pronostiquée, démentie, invraisemblable ne vient bouleverser le regard naïf et crédule du voyant tout confiant dans les messages éternellement réconfortant des astres.



Pastiche d'Eliane



OYÉ ! OYÉ
Avis à la population !
Ecoutez moi… TOUS !   Tout ceci ne sera pas rédit 2 fois.
Cette année des changements irréversibles s’annoncent :
Changement climatique
            Noël à la cave, avril dans les palmiers.
            En avril, couvrez-vous de multitudes de fils. Froid sidéral au printemps.
Changement du Président :
            Les nains ne seront plus éligibles  1,70 m est exigé.
Pour ce qui concerne la femme du Président, il est indispensable qu’elle soit audible lorsqu’elle chante pour que sa voix soit comptée.
Changements des rapports internationaux :
            Tout dictateur devra en passer par nous pour conjurer le sort des populations.
Changement des Primaires socialistes :
Plusieurs candidats ont perdu la raison. On les soupçonne d’être des agents doubles car on sait que lorsque l’on a plusieurs maisons, on perd la raison.
Changement de lapsus :
Tout lapsus au-dessous de la ceinture sera sévèrement réprimé, malgré le plaisir évident de la « fellation » pour Rachida Dati. Punition : relire Zaadig et Voltaire.
Changement de l’apparence physique :
            Attention !
Bouche charnu        =     cul perdu.
Visage lifté               =     corps grêlé.
Botox avant 9 ans    =     mère biberonné





Pastiche de Mistraline



2012 oblige, les astres perdront le nord et la terre écumera les désastres.

Cette année la lune rousse aura des mèches blondes flamboyantes car Dessanges, la divinité païenne des peroxydées en aura décidée ainsi. Le ciel décoloré se pâmera devant ce miracle à l’eau oxygénée.

La couche d’ozone anorexique fera une rechute sans précédent, notamment dans le périmètre de Fukushima.

La lune noire sera bien sombre augurant des saints de glace qui se les pelleront mignons.

Les comètes du showbiz traverseront la toile à la vitesse de la lumière avant de retourner à la poussière. Force est de constater que chaque année des wagons de Loana sont reconduits au frontière de la réalité sans télé.

La chirurgie inesthétique continuera de façonner des gueules de mérous ébahis aux people en mal de silicone. Les misogynes auront du pain sur la planche, la planche à pain étant une mensuration en voie d’extinction. Cette année la culotte se portera sous les aisselles et le string en bandoulière.

Une forte dépression touchera l’Elysée suite à un phénomène cyclonique qui se produit tous les cinq ans. Le Tsar à talonnettes, Nicolas sera ballotté par la houle des élections. De là à pronostiquer un ballottage, il n’y a qu’un pas. Heureusement pour lui, sa castafiore experte en ultras sons et à peine plus expressive qu’une colonne morris rénovée, sera là pour l’épauler, mais pour combien de temps, dieu lui-même l’ignore.

Pour l’aïd les merguez tireront la gueule aux godiveaux à moins que le cochon de lait ne fasse la nique au mouton.

Ephéméride : le prénom Marine perdra en odeur de sainteté, trop galvaudé au goût du pape qui en viendra à regretter l’usage de la capote chez les catholiques de souche.

Il fera beau tant qu’il ne fera pas mauvais, les culs-terreux, les bouseux et autres pétrousquins attendront la pluie comme le messie quand d’autres imploreront le ciel pour qu’un soleil de plomb leur carbonise l’échine. A Palavas-les-flots la mer sera d’huile – d’olive.

Le vent soufflera dans les bronches des éoliennes, en revanche le nucléaire n’aura plus le vent en poupe et il y aura de l’eau dans le gaz pour le schiste.

Les alchimistes ne changeront plus le plomb en or dans la mesure où l’opération s’avèrera plus fructueuse avec le pétrole. Le printemps arabe n’aura pas fait que des victimes.

Les énergies propres maintiendront leur statut de chimère et la pollution gagnera en valeur au CAC 40 car le malheur des uns fait le bonheur des autres.

La dinde n’aura pas de farce à Noël question de restriction, le nouvel an ressemblera au précédent et le vin nouveau sera antédiluvien. Les vieux auront le souffle court et les fumeurs les bourses vides.

Après la fuite de Varennes, la fuite du vocable qui ère : les trois tomes du Robert continueront de frustrer Ghislaine en usant de procédés puérils ; les mots s’échappant inexorablement du dictionnaire au moment où elle s’en saisit…

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