22/02/2011 Melting Contes

Sur une idée de G.Rodari, "la salade de contes" consiste à mélanger autant de personnages et de situations empruntées aux contes pour inventer un "melting conte" !




Melting conte de Martine :




            Il est 14h30 quand Jack ouvre la porte de la cuisine et fait trois pas dans le jardin.
Le chant vif du ruisseau et les stridulations des insectes emplissent l'air. Jack ressent la chaleur de l'été. Un banc l'attend un peu plus loin dans l'allée, un coussin bleu et blanc, une toile bleue décolorée par le soleil en font une couche royale. Le civet de lapin se fait pesant sur l'estomac et l'idée d'une sieste s'impose sans qu'il ne s'en rende compte. Il câle sa tête sur le coussin et s'endort.

            Voilà que le portail du jardin s'ouvre en grinçant doucement et qu'à la queue leu leu entrent les sept nains coachés par Blanche-neige. Elle a décidé de se venger de son Prince Charmant. Il a atteint la quarantaine et s'est découvert des velléités de changement, en deux mots, il s'est trouvé une jeunesse et le changement de pâture tente l'âne qu'il est devenu.

            Jack l'ignore, mais sa maison est superposée celle de la nourrice très chère du Prince, dans une 4éme dimension qu'on évoque parfois dans les contes. Quatrième dimension, mais Blanche-neige est furieuse et ne fait plus la différence entre la 3é ou la 4é dimension... Dans le plus grand silence, les 7 nains commencent à démonter la maison. Volets, fenêtres, portes passent devant le banc du dormeur qui ne se doute de rien, Suivent l'évier, la cuisinière, le frigo et la baignoire. La vaisselle  de Jack n'aura jamais été si vite faite!! Le passage du lit de bois et son matelas se fait non sans mal et Jack a bien manqué se réveiller, mais le civet de lapin est encore trop pesant.
Le démontage du toit commence et c'est alors que survient le drame : Grincheux qui a le vertige refuse de monter à l'échelle quand vient son tour de prendre les tuiles que lui tend un autre nain. Celui-ci s'énerve en haut de l'échelle tape du pied et le pan de mur s'effondre entrainant le haut du pignon, l'échelle et quelques nains qui passaient par là. Le frappeur colèrique avait oublé la consigne donnée par Blanche-neige quand elle leur avait distribué un chaudron de potion magique.





Melting Conte d'Eliane :



Il était une fois, un prince pas charmant du tout. Consciemment, il croyait être un prince mais en réalité c’était Barbe Bleue.

Ce soir, grand bal dans son château hanté.

Sa gouvernante, la Fée Carabosse, s’est occupée de tout.

D’abord, elle a couché Hansel et Gretel et le dernier de la fratrie, le petit Poucet. Elle a fait le tour de la ménagerie : quelques croquettes pour le chat botté, de minuscules morceaux de gruyère pour les petites souris et des graines pour les oiseaux de Cendrillon. Bambi attend comme tous les soirs son biberon et Dumbo, lui, dort et rêve déjà à son cirque.
Mais attention, c’est la Fée Carabosse et ils savent tous, qu’ils doivent se tenir à carreaux après son passage et à l’extinction des feux.
Elle s’est occupée de tout ! Façon de parler ! Car personne ne le sait mais elle fait travailler, au noir, Aurore, la Belle du Bois d’à côté. Elle lui a trouvé, provisoirement, une petite chambre sous les combles. Elle a également créé un atelier clandestin avec les 7 nains, qui malgré ces conditions de travail, sont très contents car précédemment ils turbinaient à la mine et actuellement s’occuper du parc et du potager est beaucoup moins éreintant. Tout ce petit monde vit et travaille clandestinement au château.
Comme elle le pense souvent, sans oser le dire, sans ces travailleurs clandestins jamais elle n’aurait pu subvenir aux besoins du Prince et à son train de vie.
Ils peuvent s’estimer heureux ! Ils étaient beaucoup plus malheureux chez eux !, estime (attention aux répétions) très sincèrement la Fée Carabosse.
Bien sûr, ce bal n’a pas été organisé simplement pour faire la fête. Le Prince et Carabosse ont un projet machiavélique.
Après mûre réflexion, ils ont arrêté la liste des invités qui comprend les principales personnalités de la Région.
D’abord le Roi Lion, dont la présence est importante. Il est impossible pour eux d’envisager qu’il décline l’invitation. Et pour mieux l’appâter, Carabosse lui a glissé subrepticement à l’oreille que Blanche Neige serait présente….. et bien d’autres jeunes filles également.
La présence de l’Ogre était également indispensable et ils l’ont alléché avec la promesse d’une pomme magique.
En fin de compte, la présence de tous les notables du Pays était primordiale. Leurs venues allaient garantir la réussite du projet.
Un feu d’artifice a accueillit les invités.
Blanche Neige est descendu de sa citrouille et en deux enjambées, grâce à ces bottes de 7 lieues, s’est retrouvé devant le Prince, ébloui par tant de charme.
Cendrillon avait mis ses plus beaux atours et a semé de petits cailloux lumineux à chacun de ses pas.
Les 3 petits cochons, étaient habillés de pied en cap en rouge, apportant dans leur panier d’osier une galette au Prince.
Ils étaient suivis par le loup, fier comme Artaban, car agrippé à son bras, se tenait la grand-mère de Blanche Neige.
La petite Sirène, vêtue de sa peau d’âne, qui espérait arriver discrètement, a tombé toutes ses allumettes en descendant de la calèche.
Belle et le Clochard ont commencé à se disputer et a aboyé.
Il ne fallait surtout pas oublier les 101 dalmatiens, qui à 2 heures du matin (nouvelle règlementation concernant l’ouverture des lieux de fêtes), devaient être lâchés dans le parc. A ce moment là, les 101 dalmatiens devaient se transformer en un immense parc de Ferrari.
Petit à petit, ils furent tous là. Puis ils se dispersèrent rapidement dans la salle de bal.
Ah ! J’en oubliais deux. A l’instant où les portes du château allaient se refermer, arrivèrent le Corbeau et le Renard, tout essoufflé, car du portail à la porte du Château ils s’étaient lancés un défi pour savoir qui arriveraient le premier.
Reprise
La fête commençât. Tout ce vilain [1] petit monde se jetât sur la piste pour danser, se ruât sur le buffet, s’éparpillant dans la salle en jacassant et en se scrutant les uns les autres pour mieux pouvoir se lancer des perfidies.
Les Musiciens de Brem se mirent à jouer de la  techno et tous dansèrent du hip hop, de la  break dance ; enfin tout ce qui se dansait actuellement.
Le Joueur de flûte d’Hammelin, qui s’était mis à détester la musique, avait mis des boules Quies et bien sûr n’arrivait pas à suivre la conversation de la Princesse Petit Pois qui lui racontait qu’elle était en pleine forme car Boucle d’Or l’avait invitée pour une soirée pyjama et elle avait passé une excellente nuit dans le lit de Mamam-Ours.
A moment donné, sans que personne ne s’en aperçut le Prince et Fée Carabosse quittèrent le bal et se dirigèrent vers le sous-sol.
Là, dissimulé sous un tas de bois, une caisse. Le prince en sortit 2 mitraillettes et les chargèrent en munitions.
Le Prince et Carabosse se regardèrent intensément. C’était un mystère pour le Prince (il ne comprenait pas pourquoi) mais ils n’avaient jamais eu besoin de mots pour se comprendre. Ils s’étaient toujours compris d’un seul regard. Il y a très longtemps la Fée Carabosse, qui était à l’époque la petite Sirène, était devenue muette, volontairement, pour pouvoir, selon la légende, conquérir le cœur du prince. Mais il n’avait pas voulu d’elle. Elle en avait été tellement malheureuse qu’elle était devenue très méchante, avait changé de nom, avait fait de la chirurgie esthétique pour que le Prince ne la reconnaisse pas…… puis elle était revenue auprès de lui, comme gouvernante.
Ils montèrent, en effleurant à peine le sol, jusqu’au premier étage.
Dès qu’ils se retrouvèrent dans la lumière éclatante de la salle de réception, ils tirèrent en l’air.
Epouvante ! Stupeur !
Quelques secondes de stupéfaction. Tout se figeât. Après quelques secondes, ce ne furent que cris, pleurs, visages stupéfaits, incompréhension totale.
Que se passe-t-il ? Que nous veut-on ?
Que chacun se regroupe, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre et tous les autres au centre de la pièce, hurlât le Prince.
Et pour montrer leur détermination, ils tirèrent de nouveau en l’air.
Carabosse, tu téléphones immédiatement à la police et tu leur dis bien ce que nous avons convenu, lui dit le Prince.
Très calme, celle-ci suivit les instructions.
D’une voix très calme (elle est pas muette ?), sans précipitation, sans le moindre soupçon d’angoisse, de stress, elle répétât au Commissaire Principal le message prévu :
Nous avons une centaine d’otages au château. Vous devez, avant minuit, libérer les 7 princes noirs, détenus dans la forteresse d’Andersen. Si à 11 h 55, ils ne sont pas ici, nous ferons tout sauter. Le château a été ceinturé de dynamite et tout sautera à minuit cinq.
[2]          Mais revenons à notre histoire.
Le temps s’écoulât. Il faisait chaud. La peur des otages était palpable. Les minutes s’égrenèrent lentement. Le temps s’étirait mais pas de signe de la police. Pas un coup de fil. Ils se sentaient abandonnés.
Enfin ! Le téléphone sonnât.
Les otages comprennaient que la police voulait gagner du temps mais les preneurs d’otages restèrent inflexibles.
11 h 55. Pas une minute de plus.
Les otages, membres de la Confrérie des Contes de fées, savaient, eux, pourquoi il fallait que les 7 Princes noirs soient là avant minuit.
Selon la légende, aujourd’hui, à minuit, les 7 Princes noirs se changeraient en 7 cygnes noirs s’ils n’étaient pas libérés.
Le temps passait. Les preneurs d’otages et la police restaient fermes sur leurs positions.
Les prisonniers ne se faisaient pas beaucoup d’illusions. Les héros de contes de fées n’avaient plus grande importance actuellement. La police n’allait pas prendre le risque de libérer 7 prisonniers pour sauver de la mort des héros de contes de fées dont plus personne ne se préoccupait. Qui, à l’ère des Play station, Nintendo et télé à outrance prendrait leur défense et se battrait pour qu’ils survivent.
Le silence à l’extérieur était total. Pas de bruit, pas de sirène !
Chacun se préparait à mourir.
11 h 50…………… 11 h 55…………… Pas de signe de vie de la police.
Minuit, l’horloge sonnât.
Au même instant, la foule des prisonniers vit la statut de la Bête devenir vivante. La Bête se réveillait d’un long sommeil de 100 ans. Les ailes du cheval se déployèrent. La Bête et le cheval volèrent au-dessus de la salle de bal, plongèrent sur la foule.
La Bête se penchât et là, devant tous, médusés, attrapât, caché au milieu des otages, le Bossu de Notre Dame.
Au fur et à mesure qu’Icare remontait dans les airs, le Bossu se transformât en un magnifique jeune homme.
Tous, encore figés, les virent s’éloigner dans le ciel.
Plus jamais on ne les revit.
Mais l’on sut beaucoup….. beaucoup plus tard, par Twitter, qu’ils vécurent heureux et ne purent jamais adopter d’enfants.
Au moment où la Bête sortit du château, tout, mais tout (je dirais « tout ce qui avait une âme ») se pétrifiât. Chacun devint statut. Une forêt poussât instantanément, enfermant le château dans un écrin de verdure.
C’est à ce moment là, bien sûr, que la police arrivât sur les lieux. Trop tard !
Ils ne virent qu’une immense forêt, très haute et très dense.
Une légende dit que si un jour on laisse les enfants redevenir des enfants, alors tous ces personnages revivront.


[1] Pourquoi vilain ? Parce que chacun est venu avec des arrières pensées, des jalousies, des envies, des commérages à lancer à qui mieux mieux.
[2]  Ah ! ce que je ne vous ai pas dit et qui est tout de même important c’est qu’en haut du grand escalier du château se dressait la statut de « La Bête » sur son destrier blanc, telle la Victoire de Samothrace.




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