11/01/2011 Si l'habit ne fait pas le moine, il fait la femme !



Dans "L’amour, la mort, les fringues…" pièce de théâtre adaptée par Danielle Thomson, voilà ce qui se dit :

« C’est en s’habillant chaque matin que la femme choisit qui elle sera dans la journée. »




Le vêtement est une seconde peau, une identité à part entière.
Anecdote ou récit, la tenue ouvre la porte aux confidences féminines, aux anecdotes ou aux grands évènements qui marquent une vie.
Racontons ce rapport aux vêtements, cette condition de femme que le regard des autres déshabille.



Texte de Martine


Je me souviens de cette femme d'une cinquantaine d'année venue s'habiller dans ma maison, à l'occasion d'un mariage chez mes voisins. Elle n'avait pas attendu que j'ai quitté la chambre pour se dévêtir et j'avais aperçu sa poitrine encore ronde moulée dans un soutien-gorge de dentelle bleue. J'ai alors pensé qu'elle avait raison de mettre en valeur sa féminité. Depuis quelques temps déjà, je ne prêtais plus attention à la mienne. Absence de désir. Absence de regard.

            Dessous féminins et ambiance feutrée : je revois la première expédition faite en compagnie de ma fille adolescente dans un magasin de lingerie. Mon plaisir avait été d'autant plus grand que je voyais le sien tout neuf devant les jersey sages, les dentelles folles et les balconnets prompts à faire pigeonner nos modestes appâts.

            Ma préférence allait aux confortables et élégantes dentelles extensibles, douces à la peau, emboîtantes et seyantes que l'on ne trouve plus guère que dans des modèles hors de prix. Je maudis régulièrement certaine boutique au joli nom de thé indien qui nous  montre de si jolis modèles au contact si désagréables pour nos épidermes les plus tendres.

            Bien davantage que pour une robe affriolante je claquerais sans compter mes deniers pour de la belle lingerie confortable. D'ailleurs, puisqu'on en parle, j'irai demain à Nîmes dans une boutique désuète où j'avais l'an dernier essayé une chemise de soie comme une caresse d'ange sur ma peau, modèle trop grand, hélas!! Je l'aurais volontiers portée avec un jeans étroit aux longues jambes et un blazer sobre.

            Il m'arrive souvent de traverser les ProRiu, les Jacquelines de La Mode  ou autre Cache-Trouve qui balisent nos centre villes et d'en ressortir triste car aucun vêtement ne m'a fait envie : textures, coloris n'ont pas su me retenir. En contre-point, j'évoque les couleurs vives des vêtements dans les rues de Madagascar ou encore les saris et les penjabi des indiennes des villes et des campagnes, j'en éprouve comme une nostalgie.

            Sous nos latitudes, le chics'est fait noir ou gris ou taupe et la gaité des tons n'est pas de mise. C'est comme si la richesse des peuples s'accommodait mal de celle des couleurs, comme si l'argent laissait le gris et le noir mener la danse.  J'aime le bleu que tranche le blanc, le noir fendu de rouge, le vert émeraude éclairé de turquoise et les ocres, tous les ocres qui se chevauchent et amènent insensiblement du jaune à l'orange puis au brun, glissant parfois jusqu'à des rouges pulpeux comme des chairs de fruits.

            Je me souviens de la longue jupe rouge de mes 17 ans, achetée dans une échoppe bon marché du vieux Londres. Etroite, je l'avais fendue sur le mollet pour compenser. C' était  un de ces vêtements de l'ére « hippy », mal coupé et  inconfortable à la marche. Le ton cerise m'avait attirée, petite paysanne pour qui tout était beau. Des Puces aux allées de Harrod's, tout était nouveau dans cet étonnant London  dont j'avais rêvé pendant toute mon année de première au lycée.






Texte de Marie-Pierre


Trois mois. Comment camoufler ça ? Personne n’est encore au courant, à part le père, bien sûr. Juste un petit bidon qui me donne l’air d’une grassouillette, d’une fille qui se lâche sur les plats en sauce. Bien sûr, plus rien à me mettre, c’est comme si tout avait rétréci au lavage. Mon estomac est comprimé et je me sens moche dans tout ce que je porte. Un matin, je pars pour une réunion à paris. TGV à 6 heures du mat. J’ai mal dormi, je suis déjà crevée. Après moultes hésitations, j’ai enfilé un ensemble bleu-marine pseudo-chinois : jupe droite à taille coulissante et veste col Mao, en espérant que cette tenue masquera suffisamment mon état.


Réunion le matin, discussion avec mes collègues, mon ventre est tendu, je suis distraite. L’après-midi, rendez-vous au Ministère pour argumenter sur un nouveau contrat d’étude. Je dois me concentrer face à ces énarques au QI de 150. Mon ensemble chinois ne m’aide pas, qui me boudine et dans lequel je transpire. Mais j’essaie de ne pas perdre le fil….
Quand tout à coup…je le sens bouger pour la première fois. Et alors à ce moment, en pleine discussion « au sommet », je décroche carrément et je sens un ENORME SOURIRE qui s’empare de moi. Nos discussions méthodologiques passent au second plan. Je dois être ridicule avec mon air niais et mes fringues trop petites.

Il faut bien au bout d’un moment que je  revienne sur terre, histoire de justifier quand même mon salaire et emporter ce nouveau financement.
Après cette réunion au Ministère, j’ai rendez-vous avec un ex que je n’ai pas revu depuis au moins dix ans. Il m’a auparavant longuement écrit pour que je le rencontre. Après avoir hésité, je lui ai finalement proposé un rendez-vous ce jour-là, curieuse de le revoir, mais en lui annonçant des intentions purement amicales.

J’arrive dans un café à Denfert-Rochereau, fatiguée, mal fagotée, en me disant que pour des retrouvailles, même sans arrière-pensées de ma part, je ne suis pas à mon avantage, mais alors là, pas du tout. Ca me gène aussi de ne pas lui dire que je suis enceinte, d’autant que j’ai déjà passé la journée à le cacher. Je sens que je ne lui apporte pas ce qu’il attend, et pour cause, mais voyant ma fatigue, il propose gentiment de me conduire en voiture à la gare de Lyon, ce que j’accepte avec soulagement.

Retour à Nîmes vers onze heures trente. Mon ensemble chinois ressemble à un vieux chiffon. Il finira quelques mois plus tard à la poubelle.




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