13/11/2010 Un paysage se cache derrière chaque visage

Petit exercice descriptif des membres de l'atelier....




Les portraits de Jeanne

Au-delà du grand champs en friche, à la limite de la terre qui bascule vers d'autres tableaux en mouvement, les cyprès se serrent en rang désordonnés. L'horizon impose l'hiver coriace, marqué par les voyages d'autres temps passés et attendus : les feuilles décharnées virevoltent telles un cycle infini qui laisse deviner l'ocre mélancolique de l'automne, la tendresse du printemps, l'été, à l'ombre doux, oppressant sous le soleil. Sur les longues herbes coupantes s'accroche le givre du matin prêt à poindre avec sa palette de couleurs. Les herbes sont solides, tenaces face au sifflant mistral ; elles écorchent presque la bouche du vieux cheval gris qui tente de les arracher à leur terre. La lumière point dans le plomb du ciel. L'odeur rassurante de la terre humide, le gigantesque silence peuplé de vent s'engouffrent dans chacune des cellules de ce théâtre sauvage.
(Virginie)


Le laboureur passe et repasse avec ses bœufs et son grand sombrero sur la tête. Il sifflote sans arrêt, avançant péniblement dans l'étendue de terre sans-dessus-dessous, à l'endroit, à l'envers, remuée par la lourde charrue. Les quelques champs écrasés de soleil sont traversés par les chemins sablonneux qui grimpent dans la colline peuplée de chênes, ou vers le village blanc perché sur son roc. Tel l'écho fictif des vies qui le peuple, le village offre à la vallée quelques rires de gosses des champs, quelques braiments saccadés, et la musique rythmée des insectes dorés perchés dans les hautes herbes ou endormis sur les galets brûlants.
(Benjamin)

Le long chemin de fer donne la cadence. D'une planche de coffrage à l'autre, l'image se dévoile, copiée à l'infini. Elle s'étire sans terminus, comme un rideau opalin déployé à la mesure de la rame. Blanche et vierge de vie perceptible, seuls les animaux solitaires, assortis à leur immense demeure enneigée, la fréquente. Elle n'est jamais découverte entièrement qu'aux meilleurs observateurs, qu'à ceux qui savent percevoir dans sa secrète harmonie les détails et les infimes frissons qui la font vivre.
(Jean-Michel)

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