17/05/ 2010 Je me souviens...




« J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. »

Baudelaire, Les fleurs du mal


Texte de Ben

Je me souviens d’il y a très longtemps, quand je ne connaissais pas encore les mots, je ne voulais pas quitter mon oiseau. Il y a longtemps, je volais à bord d’un oiseau.
Ses ailes s’étalaient comme un son grave qui percute les murs en jour de silence. Mon oiseau n’est pas n’importe quel oiseau. Il est de plumes et de pensées que même ma conscience de bébé aimait chatouiller. Mon oiseau était le fil de mon temps : il était mon passé, il est mon présent, il sera mon futur.
Je me souviens que dans son œil, je pouvais voir tout ce qui voyait. D’ailleurs, pensons au mot « œil », ce n’est qu’un mot et pourtant imaginait tout ce qu’un œil voit. Puis, plus encore, imaginez tous les yeux qui regardent dans le monde entier ; et prenez juste un moment pour imaginer, encore, qu’en prononçant le mot « œil » on recréerait tous les yeux du monde entier. Un mot pour tout dévoiler. Alors pensez à mon oiseau quand il me regarde. Je sais qu’il sait. Et il sait que je sais qu’il sait.
C’est un oiseau majestueux qui m’accompagne.
Je me souviens m’être, un jour, assoupit dans son feuillage. Il volait sans s’arrêter. M’emmenait loin de la vie, au pays du rêve infini quand, sous la douche, par la douleur, ma mère me réveilla. Puis une autre fois encore, mais c’est mon père qui, par autorité, me ramena.
Quand mon esprit fleurit et que « Papa » et « maman » sont sortit de ma bouche, mon oiseau redevient un œuf. Un œuf qui bat toujours dans ma poitrine.

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