07/06/2010 Consignes à la carte

Aujourd'hui, je vous propose trois consignes, choisissez celle qui vous tente le plus.

I Cupidon fait des aphorismes

Sur le mode burlesque, imaginez comment la vision idyllique que l’on se fait de l’être aimé se transforme au fil du quotidien. Ou plus simplement :

« Je t’aimerai le temps de voir dans ce grain de beauté une verrue. »
(Jules Renard)


II Mot d’Amour…

S’il n’y avait qu’un mot pour évoquer l’amour, quel serait ce mot ?

Je vous propose d’écrire sur le mode de l’énonciation :
Ce mot ne serait pas…
Ce mot serait peut-être…
Ce mot ressemble à…

Avant de conclure par le mot en question !



III Scène de ménage

Vous êtes le témoin d’une scène de ménage et vous assistez impuissant à ce règlement de compte entre Eros et Cupidon….
Les propos que s’échangent les protagonistes sont dénués de vulgarité mais ils sont d’une rare méchanceté.

« Le mariage est une expérience chimique dans laquelle deux corps inoffensifs, peuvent, en se combinant, produire un poison. » Edouard Pailleron;



Texte de MISTRALINE

L’amour est une petite motte de beurre dont il faut profiter avant qu’elle ne rancisse.

« Mes cactus me passionnent bien plus que la plupart des types », déclara Sharon Stone chez Oprah, dans l’émission la plus suivie des Etats-Unis.
Anouchka qui suivait le programme de son canapé regarda soudain son homme avachi dans le fauteuil à côté d’elle. Quelques miettes de chips aux coins des lèvres, Pietro dormait tout son saoul, bouche grande ouverte et narines ronflantes.

Anouchka se dit que l’attirance dans un couple pouvait fondre aussi vite qu’un carré de beurre sur du pain chaud.
Chez Oprah, Sharon minaudait la quinqua féline et indomptable.
« Tellement indomptable, qu’aucun matou n’en veut ! » ricana Anouchka.
Elle regarda Pietro une nouvelle fois ; il avait grossi ces dernières années, et s’était empâté dans un quotidien aussi morne que leur soirée télé. Il ne prenait plus la peine de la faire rêver, de la surprendre ou de l’attendrir.

Lassitude de la vie à deux, parce que l’amour a de commun avec le beurre, la certitude de rancir. On fait avec, on s’accoutume à ce goût rance de vieille motte oubliée au fond du frigo. Mais on pense sans cesse au goût du beurre frais.

Anouchka se sentie soudain l’âme d’une philosophe. Elle ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder. "Du discours des corrélations du beurre et de l’amour", murmura-t-elle.
Elle s’imaginait déjà chez Oprah, expliquant le rapport évident du beurre et de l’amour. Car ce qui vient des mamelles, ne peut évoquer que l’amour !
Pietro qui s’était réveillé la regardait du coin de l’œil, complètement abasourdi. Elle était assise en tailleur, yeux clos et menton relevé, la bouche agitée de murmures insensés et les mains remuant comme celles d’un politicien draguant la foule.
Pietro amusé finit par lui dire :

- Il va être temps d’aller prendre ton traitement, ma chérie !

Anouchka, d’abord confuse, se mit à rire avant de se jeter sur Pietro pour engager la lutte du beurre contre la tartine.
A l’évidence la tartine va se craqueler.
A l’évidence…
Mais parfois le beurre est tendre et il épouse la tartine avec bonheur.
Anouchka éteignit Oprah et étreignit Pietro.

Le désir peut se figer et revenir aussi vite que quelques grammes de beurre chauffés sur une flamme vive.

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