13/04/2010 A la Saint- Glinglin



Nous connaissons tous cette expression qui évoque un Saint sinon zinzin, du moins Glinglin...
Son origine est assez obscure, ce qui revient à dire que les hypothèses ne manquent pas pour expliquer son origine.
Aussi, nous allons aujourd'hui tenter de vous raconter nos versions de la Saint-Glinglin !


Texte de Marie-Raphaële

Au Moyen-Age, la tradition voulait que lorsqu'un homme déposait un ruban à la porte d'une jeune fille, celle-ci lui devenait sa promise.
Or, la veille de la Saint Jean, dans le petit village creusois de Glintignon sur Meuchère, cette pratique séculaire connût quelque anicroche.

Ce matin-là, Blandine, le fille du tanneur de peau de lapin, bègue de son état, aperçut un ruban vert sur le pas de sa porte. Aussitôt la pucelle se met à hurler si fort que toutes les bonnes femmes alentours accourent.
Que se passe-t-il?
Maheude la mère de Blandine rigole aux éclats, le père se tamponne les cuisses pris d'un fou rire.
Alléluia! Notre fille a enfin un promis, à bientôt 25 ans, nous désespérions avoir des petits enfants!
Cependant, leur fille continuait à hurler de plus belle et devenait aussi violette que la robe d'un cardinal.
Après 12 heures d'intenses vocalises, épuisés par tant de démonstration, les parents purent enfin demander à leur fille la raison de ce comportement étrange.
« Je suis sussûre que c'est le Lulucas qui a déposé le ruruban vert. Je dédéteste le vert. Comment puis-je épouser un lourdeaudeau qui ne sait même paspas choisir u-u-une couleur décen-cente?
 « Si ma fille, ainsi tu feras. Tu dois t'incliner comme le commande l'usage. Sinon, petite grue, il nous serait impossible de te garder parmi nous. Sois heureuse d'avoir trouver un parti. Allez, va aider ta mère à terminer ton trousseau. «
La fille ne répondit pas. Un étrange sourire se dessina sur ses lèvres. Elle se souvint du dernier cours de lecture et d'écriture qu'elle a suivi avec le Curé du village. Mardi dernier, il était tout tourneboulé par la nouvelle directive de son Évêque. Monseigneur a annoncé que le Pape établi en Avignon, avait décidé de remanier le calendrier. Le nouveau entrera en vigueur dans une lunaison.

Petit à petit germa une brillante idée dans la tête bien futée de la disgracieuse Blandine. Elle continua à obéir à ses parents. Lucas, le fermier, vint lui déclarer ouvertement son tendre sentiment.
Deux semaines défilèrent et il fut question de la date du mariage.
Le monde agricole vit au rythme de fêtes anciennes, leur Saint associé organise le quotidien et les croyances populaires.
Le nouveau calendrier entra en vigueur. Le bourgmestre et le curé restaient dubitatifs sur la façon de le lire, plusieurs saints illustraient le même jour. Les mois portaient des noms différents et n'avaient plus la même longueur. Plus personne ne s'y retrouva.
Le père de Blandine proposait la Saint Barthélémy, patron des tanneurs, car il fut écorché vif.
Il en fut hors de question. De plus, cette fête tombait pendant les moissons et le Lucas avait bien besoin de travailler à ce moment.
C'est Blandine qui trancha :
« Puis-Puisqu'il faut trouver une da-date, je propose de fêter-ter nos épou-pousailles à la Saint-Saint Glinte-Glinte, il protège les sermen-ments sincères-re. »
Lucas, trop heureux d'avoir des bras supplémentaires pour les récoltes s'empressa d'accepter.
Le curé resta perplexe. Des jours puis des mois durant, il chercha dans ses livres la trace de ce Glinte-Glinte. Il dénicha un saint Glyn en Irlande mais faute de traduction du vieux gaëlique, il ne pu trouver son jour de célébration.

Des années passèrent. Blandine était tranquille. Elle avait créé le nom de Saint Glinte-Glinte à partir de la première partie du nom de son village Saint Glintignon.
Involontairement, elle venait de faire vaciller des siècles de tradition. La rumeur se propagea comme une trainée de poudre. Les filles des villages, des cantons, des régions voisines eurent vent de l'affaire de la Saint Glinte-Glinte et purent ainsi berner des prétendants non désirés.
Au gré des accents régionaux et du charme du bégaiement de Blandine, le Glinte se transforma en Glin. Depuis ce jour, donner rendez-vous à son promis le jour de la Saint Glin-Glin équivaut à l'éconduire et il ne faut pas le dire deux fois (si-si).





Texte de Mistraline


Il y a très longtemps, un jeune garçon surnommé, Glinglin le glaneur, contait fleurette à toutes les crémières du canton, leur prodiguant bien des marques d’affection et de dévouement. C’était un brave gars, une vraie crème à dire vrai, surtout quand les filles se trémoussaient, alléchantes comme des religieuses au café, sous son nez de crème subitement renversée.

A l’évidence, Glinglin avait un faible pour les filles et celles-ci en abusaient volontiers, Glingin fais-ci, va chercher ça, emmène nous ici et achète nous cela.

Le brave Glinglin s’exécutait avec la ferveur d’un jeune puceau. Et de cela aussi les filles se jouaient :

- Alors Glinglin, quand est-ce que tu nous emmènes dans le bois du père fouettard ?

- Est-ce que tu n’as pas envie d’emmener le petit au cirque ?

- Aurais-tu peur ?

Glinglin se risquait bien de répondre, c’est toujours à ce moment là qu’il prenait la tangente.

Lorsqu’il fut en âge de se marier, Glinglin n’avait toujours pas fait la chose.

Toutes les filles se moquaient de lui depuis des années, lui qui les abordait, les complimentait, dansait avec toutes mais n’avait jamais quitté la salle de bal avec une demoiselle à son bras. Comment un garçon qui aimait autant la compagnie des femmes, manquait à ce point de désir pour elles ?

Les femmes du canton avaient bien du mal à comprendre. Mais un soir, par hasard tout leur fut révélé. C’était par une nuit d’été, aussi limpide que le jour, à l’écart du village, dans un bois protecteur, il y avait là, deux hommes nus qui s’aimaient sous la lune.

Leurs gestes étaient souples et tendres, leurs muscles luisaient. Plus loin, un autre couple cherchait à son tour un tapis moelleux pour accueillir ses ébats bucoliques. C’est par inadvertance qu’ils surprirent les deux hommes enlacés, luisants de sueur. La femme se retint de crier mais elle avait reconnu Glinglin le puceau, qui cachait bien son jeu.

Dès le lendemain toutes les femmes répandirent la rumeur, du lavoir à l’estaminet aucune maison ne fût épargnée, le bruit couru aussi vite qu’un chien affamé.

Le glinglin est une Madame !!

Ainsi les femmes comprirent que jamais Glinglin ne ferait la bête à deux dos avec l’une d’entre elles et la Saint Glinglin devint à la mode ; ça résumait très bien le fait, qu’on pouvait bien attendre des années, en définitive, ce jour là ne viendrait jamais.

Le Glinglin aimait les poilus, rien de plus !


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