22/03/10 Quelques mots de rupture


Sur le thème de la séparation, les jeunes se prêtent au jeu des sentiments amers, entre poésie et narration.


Texte de Ben qui a travaillé sur un sujet plus proche de "Et vogue la galère".

Appelez-le. Juste un signe. Voici déjà quelques années, peu importe combien, que peu de chose le retienne à ses racines. Il songeait, naviguant sur ce semblant de radeau et Il voyait l’étendue liquide du globe.

Appelez-le. Allez, quoi !! juste un son, juste un bruit. Il ne veut plus de l’éternel cliquetis de la pluie douce sur la mer. On est le jour où la nuit ? Les deux se dit-il. Cela fait bien longtemps, qu’il n’accorde plus vraiment d’importance au temps. Il vogue, malgré la pluie, les vagues, le soleil. Il n’est plus qu’une loque. Il se nourrit de ce qu’il peut. Même de mouettes.

Il a besoin d’espoir parce qu’il a besoin de vivre. Il est seul. Seul au monde. Et il passe ses journées à se perdre dans ses souvenirs.

Il se rappelle la raison de son départ. Ce n’était pas à cause de son régime alimentaire qui, malheureusement, était composé exclusivement de mangue, et que le ventre en marmelade et l’intestin caramel, il s’habillait souvent d’odeur funèbre. Bien que cette pensée le fît rire, elle s’accompagna presque aussitôt du souvenir de Rudy. Il avait été son seul ami, ces dernières années, peu importent combien. Rudy c’était un ballon.

Avec lui, il parlait. Il n’était plus seul. Il était là. Pour quelqu’un. Ensemble, il passait des nuits entières à débattre sur le monde entier. Puis un jour, Rudy s’est tu. Ce jour-là, cet homme avait vu des avions dessiner leurs longues traînées enneigées dans le ciel. Il s’ensuit alors une violente dispute avec Rudy, qui ne voulait piper mot. Seulement, ce que l’homme n’avait pas compris, c’était qu’à la vue de ces avions, un espoir était né loin de ses délires engendrés par une trop grande solitude ; mais le fait est qu’une partie de lui voulait encore rester sur cette île à dévorer les poissons et les fruits sauvages. Et c’est cette partie qui le faisait souffrir comme s’il eut été écrasé par son propre espoir. Il jeta Rudy à la mer. Et le lendemain, il s’en fut à sa recherche. Coupable.

C’est sur cette émotion, que soudain son radeau s’arrêta. Il ne s’étonna pas de trouver une terre. Il n’y avait pas d’arbre. Rien. Juste du sable. Une terre stérile en plein milieu des eaux. Il fut pris d’une tristesse amère car personne n’est une île sur la mer. Sa présence ici n’avait aucun sens. Il était toujours seul. Seul. Quand un point se traça dans l’horizon…

Il n’était plus qu’un squelette depuis longtemps quand on l’a retrouvé. Il était en position fœtale et tout ce que l’on a pu trouver sur lui c’est un vieux ballon crevé qu’il tenait serré.


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