22/02/10 Cadavre exquis à la mode de chez nous



Voilà un exercice auquel nous aimons particulièrement nous adonner.
Chacun a composé un incipit en utilisant toutes les lettres de l'alphabet, avant de passer sa feuille à son voisin de gauche. Celui-ci donne une suite à cette première phrase durant huit minutes et passe à nouveau sa feuille à la personne qui se trouve à sa gauche, tandis qu'il reçoit celle de son voisin de droite...
Vous me suivez ?

Texte remanié par Ben

Cow-boy, jazzman ; moi effrayé par la scène, vivais, unique et déchu, le grand whisky.

Toujours le nez fourré dans un flacon de Jack Daniel’s, toujours une fiole à portée de main. Toujours dépendant à ce poison ambré, ce tord-boyaux. Et encore si conscient de cette déchéance. J’étais devenu une loque, imbibée comme une éponge de comptoir.

Où étaient restées mes tripes ? Et mon souffle, où était-il allé ? Aspiré par les ténèbres de ma peur ? Je ne sais pas… Ce soir, je hurle ; je hurle comme les coyotes dans une nuit de décadence.

Ma mort. Une lente et silencieuse au vu et sus de tous. Une mort programmée, sans heure ni date, juste un moyen comme un autre d’en finir. Je ne voyais pas d’autre moyen d’ailleurs. Qu’est-ce que la mort ? Elle peut être brutale, irrespectueuse? peut-être pas. Douloureuse ? ça oui. Mais surtout elle peut être inattendue… Elle nous amène où ? ça c’est une bonne question !!!

Houlà ! Je divague sur d’étrange mer, moi dis donc. Ah, ça y est : c’est le point crucial. Quand la hauteur de mon tabouret est plus grande que n’importe quel immeuble que j’ai vu et que mon verre danse le french cancan avec Jésus, c’est pas une super bonne nouvelle. ‘Faut dire que, moi, je suis la main chaude qui me traîne. Sachez, mesdames et messieurs, que je tente de suivre six lampes qui devraient me conduire vers l’antre obscur et cotonneux que l’on appelle la mort. Cependant, je sais, pertinemment, qu’il n’y a qu’une lampe et que les cinq autres et ben, elles existent que pour mes strabismes d’hommes imbibés jusqu’au cerveau de whisky. J’ai conscience, quand même, de m’écraser par terre comme une merde sur un trottoir. Sauf, que je suis pas sur un trottoir mais sur les pieds d’un pote. Je vomis sous des volutes de couverture, les yeux tournés vers mon crâne, complètement anesthésié, prêt à imploser.


Mais comme à son habitude, cette fiote de Tony, m’a amené à ma chambre. Malheureusement sobre après des heures de dodo, je vais recommencer l’expérience. Même mourut cent fois, je n’ai jamais vu ma copine et sa grande faux.




Texte remanié par M


La lame du XVI

A dix huit ans je découvris la kabbale dans les rues de New Delhi et la passion qui grisait tes yeux zélés. A la fois incrédule et hypnotisée, tu retrouvais cette candeur angélique de petite fille en mal d’amour.

A l’époque nos corps avaient encore l’occasion de se mêler. Nos respirations s’associaient dans un tempo toujours plus soutenu, tu caressais délicieusement mes reins et je glissais mes mains dans tes cheveux.

Nos regards témoignaient l’amour, notre amour mordu, notre amour mordant, un amour si imparfait.

Maintenant nous revoilà, mais les choses on bien changé, on a noué nos yeux ensemble pour ce qui semble l’éternité. Et dans ces seconds élastiques, mon corps rompu par toutes ces années perdues, par toutes ces courses épineuses vers le halo ridicule de la puissance, mon corps grignoté par mon propre cœur a repris connaissance. Soudain empli des souvenirs il a éclos sur d’être au chaud dans les hypothèses du futur.

Mais le futur, c’est maintenant, dans cette arche susceptible de surnager le déluge, de m’éloigner de la tour foudroyée de l’arcane 16 du livre de Thoth.

Oh perfection vaniteuse et dérisoire, j’avais oublié que je portais en moi tout ce dont j’avais besoin pour exister !

Si tu veux comprendre la violence : met-toi à la place de celui qui la subit… Si tu veux comprendre l’amour : met toi à la place de celui que tu embrasses… Et si tu veux rêver, retourne à New Delhi arpenter les rues sombres ou dorment les secrets. Voilà ce que j’ai fait, je suis reparti là où tout avait commencé. La boucle était bouclée…




Texte remanié par Mistraline

Les jeunes wellingtonias de virginie, ombrageaient le pays des yankees ; ceux qu'on disait crasseux... "zoïles en folie".

Il y avait là, trois hommes, effectivement crasseux, imbibés et ignorants, qui bavaient leurs imbécillités, gorgés d’alcool, négligemment allongés sur l’herbe tendre du parc.

Amorphes, ils ne remarquèrent pas l’arrivée nonchalante du gentleman, vêtu d’un flegme arrogant et d’un calibre.

Soudain, ils se levèrent ne sachant que faire et écoutèrent docilement, les ordres de cet agresseur d’un nouveau genre. Le gentleman s’approcha du plus jeune, pointa son calibre sur sa tempe et appuya sur la gâchette.

Un jet d’eau en sorti.

Se croyant mort - mort de honte - le jeune homme s’écroula, sous les yeux béats, exorbités de ses amis qui tentèrent de le réanimer. Mais têtu comme une teigne, le tordu gardait sa tête dans la terre.

N’en pouvant plus, les autres appelèrent au secours. Surtout le gentleman.

Des gouttes de sueurs perlaient sur son front. Une blague ! Ce n’était qu’une blague !

Pourtant le garçon ne se réveillait pas. Blanc comme un cierge, qu’il était.

Quand le shérif arriva, le gentleman qui ne l’était plus vraiment, c’était changé en cuncumberman confit, au bord des larmes.

Le shérif s’approcha de lui et éclata de rire !

Tout le monde alors se mit à rire aux éclats.

Cuncumberman devint aussitôt tomatoman, suite à sa stupéfiante carnation faciale, avant de se changer très vite en cloudman, l’homme nuage, lorsqu’il découvrit sa jeune victime se relever et lui rire au nez.

Après ce funeste pied de nez, l’homme nuage s’évapora.

Les trois compères reprirent leur sieste à l’ombre des paisibles wellingtonias, un sourire de pouacre suspendu à leurs lèvres.






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