16/02/10 Gratinée, la pomme de terre !!









Disons que l'on peut écrire à partir de tout et de rien.
L'exercice d'aujourd'hui en est l'illustration parfaite.
Prenez une liste d'une dizaine de mots biscornus comme des noms d'anciennes variétés de pomme de Terre et laissez filer votre imagination vers un récit improvisé mais pas improbable!


Texte d'Anne-Sophie


Je m'appelle Marie, Marie-Charlotte, mais bon je ne précise pas mon second prénom car il me semble trop chichi pompon, en décalage avec la couleur de ma peau et mes origines. D'ailleurs je préfère largement, et de loin, mon sobriquet, Négresse patraque car je suis souvent fatiguée ou malade, bref une fille qui a pas vraiment la frite !
Je travaille pour un créateur espagnol depuis une dizaine d'années, Tochareña. Tochareña est tellement guindé, typé british qu'il est secrètement prénommé king Edouard.

Très tatillon en vue de sa nouvelle collection, il avait décidé de faire un tour du monde et d'y trouver lui même ses modèles, de toute taille, toute forme et toute couleur.

C'est comme ça qu'un matin de printemps, vêtue de mon tailleur criolla, jaune et rose fuchsia bariolé d'un bleu d'Auvergne, je me suis retrouvée embarquée dans un avion aux côtés d'un patron très chic mais sensiblement gay, ou plutôt rosabelle comme il me plait de le qualifier.

Il voulait des filles d'Amérique latine, une du Mexique ronde, puis, une bien gratinée du Pérou, et enfin une toute petite de Colombie, une patusa. Moi je commençais à avoir des vapeurs, à ressembler à une vieille tortilla.

Comme une chasse aux trésors nous étions en quête de femmes extraordinaires, quasiment introuvables. Il me traina jusqu'au fin fond de l'Afrique, en robe des champs, cuite, rotie à point tant l'épuisement me gagnait, tel un hachis de pieds et un cerveau en purée.
Après 10 jours de marche tel un forcené il dégota une jeune femme aux
cornes de gâtes, coiffe mêlée de tresses, d'ocre et d'ossement. Moi à côté la vitelotte négresse je semblais quelconque, surtout déracinée, tout droit venue d'un institut de Beauvais, ou bien d'un club Miss France, la belle de Lorraine, fief des Gaulois et autre Astérix du genre.

La dernière destination avant de dévoiler les créations était le Tibet. Dans ces pays où la culture et les moeurs ne le permettaient pas, Tochareña ne pouvait s'afficher en rosabelle mais plutôt en roseval. Il troquait ses froufrous early rose en violette oblongue, un style de grande gandoura de lin sombre. Une somptueuse tibétaine, du peuple des Azalia, attendait là sur une pierre caressant un tout petit animal, une ratte. Roseval lui proposa son fameux contrat. Elle attendit 3 jours et 3 nuits pour lui donner sa réponse. La désirée finit par me la chuchoter.

Le quarta était fin prêt, nous sommes rentrés à Paris après 2 mois de voyage avec mon king déjanté pour un défilé bigarré.



Texte de Mistraline


Criolla était une italienne hystérique avec des origines ibériques, elle avait épousé Patusa du pérou à Quarta, et malgré sa fière moustache, ce dernier n’avait rien du vaillant Astérix dont il savourait les aventures à chaque passage aux toilettes…

Criolla avait fini par surnommer « désiré », ce mari toujours occupé à se distraire.

Je vais en faire du hachis Parmentier hurlait-elle, excédée d’attendre en vain une implication quelconque du père de famille retombé en enfance et barricadé dans les toilettes durant des heures. Car Criolla et Patusa avaient trois filles, Rosabelle l’aînée, Roseval la cadette et Early rose la benjamine. Un trio détonnant, aussi frais et épineux qu’un bouquet de roses, qui ne suscitait qu’un seule envie chez leur père, celle de prendre ses jambes à son cou, direction les waters et les aventures du gaulois intrépide dont il avait adopté la moustache et le pays.

Depuis douze ans, Patusa était ingénieur agronome à l’institut de Beauvais, il avait quitté le Pérou avec sa femme, débordant de fierté à l’idée de partir vivre sur le sol gaulois. Mais les choses n’étaient pas aussi rose qu’il l’avait espéré, il faut bien l’avouer la vie de famille lui mettait le cœur en purée. Ses filles étaient sanguines comme leur mère, ça se chamaillait pour un oui, pour un non, ça se griffait, ça se giflait, n’en faisant toujours qu’à leur tête et aussi débonnaire que fut Patusa, il n’aimait rien tant que les charlottes aux griottes et sa sacro sainte tranquillité.

Mais il avait du faire une croix dessus depuis belle de Lorraine, se plaignait-il à ses collègues, amusés par ce péruvien acrobate maladroit de la langue française.

Il parlait du ciel bleu d’Auvergne quand il faisait beau et il disait d’une fille qu’elle était Mexique ronde quand elle était taillée en cornes de gâtes, il avait aussi un joli fécule en guise de pécule…

Il avait son propre langage Patusa et tout le monde à l’institut de Beauvais l’appréciait pour ses savoureuses expressions.

Malheureusement sa femme restait insensible à ce charme poétique et les reproches pleuvaient sur le pauvre Patusa, sitôt qu’il entrait chez lui.

Criolla avait la lamentation facile :

- Je ne suis plus que l’ombre de moi-même, gémissait-elle, je ressemble à une vieille négresse patraque et ramollie, poursuivait-elle, si au moins tu m’avais fait un fils ! Si au moins…

Elle continuait son numéro d’équilibriste après un bref instant d’un lourd silence prémédité :

- Je l’aurai appelé King Edouard, mon fils ! Je l’aurai aimé comme le dieu du Tibet, le Dala de là-bas, je lui aurais fait épouser Azalia, la fille de Ramon et j’aurais été la plus heureuse du monde ! La plus heureuse !!

Au lieu de quoi, j’ai la rate au court bouillon à force de m’égosiller contre tes trois filles qui n’en font qu’à leur tête depuis que leur père est parti en campagne contre les romains et César !

Patusa esquissait un sourire à l’évocation de son jardin secret. Il se sentait alors envahit de tendresse et susurrait des mots suaves pour apaiser sa vitelotte négresse, comme il aimait l’appeler dans l’intimité.

Si les mots ne suffisaient pas, il dénudait délicatement l’épaule de sa Criolla, découvrait la tâche de naissance violette, oblongue - sa petite aubergine – il y déposait deux baisers et gagnait à coup sûr, son laisser-aller pour les waters et les BD de Goscinny et Uderzo…

Au loin, Criolla ruminait et menaçait en sourdine, comme depuis des années :

- Si ça continue, je le plante là, avec ses trois pisseuses, et moi, je rentre à Tochareňa !


Texte de Marie Raphaële

Journal de bord de la mission Flore et Vestiges du Service Agronomie - de l'Institut de Beauvais - par Charlotte.

1er jour

Arrivée à l'aéroport de Lima, capitale du Pérou.

Nous faisons connaissance avec notre guide Tochareña, opulente femelle noire dans sa robe violette oblongue. Elle rassemble le groupe et souhaite la bienvenue dans un

cri-olà !

Tout le monde est là, les uns ont déjà leur appreil photo en main, d'autres ont sorti le plan de la ville.

D'abord, nous devons rejoindre l'hôtel « le King Edouard » afin de déposer les bagages.

Ensuite : topo sur l'organisation du séjour, de l'excursion du lendemain puis repas et soirée jeux de société.

2ème jour

Visite des vestiges de Patusa. Notre guide est en retard. Message de l'hôtel dans un style pittoresque : « négresse patraque, a ses vapeurs. »

Grande discussion dans le groupe, que faire ?

« Cornes de gâtes! » criais-je en m'énervant, reprenant ainsi le juron favori de ma grand-mère basque espagnole (c'est une ellipse pour corones de gâtes). Je n'ai jamais compris ce que de pauvres chats avaient à voir dans l'histoire mais bon cette expression de la frustration m'a libérée.

Après 10 minutes de réflexion, quartier libre pour chacun. Ne disposant pas de monnaie locale, je prends ma quarta-puce pour retirer du cash.

J'en reste comme deux ronds de frite, ça ne marche pas, ma carte est périmée. Je me g-ratte la tête, où trouver une banque ouverte? Je reconnais au loin l'enseigne de la Banque du Mexique, ronde comme un ballon de foot (réputation oblige). J'entre, explique mon cas et obtiens finalement la somme demandée.

Toutes ces émotions m'ont assoiffée, j'avise un estaminet et ai grande envie de thé. Je commande un early rose pour me détendre.

Oh purée! J'ai oublié le reste du groupe. Ils vont me couper en rondelles. En arrivant, je me fais gentillement affubler du sobriquet Désirée. Afin de ne pas perdre notre temps, nous décidons tels des Astérix, de partir à la conquête de la cité.

J'aperçois, trainant sur le sol, un dépliant vantant la beauté d'un jardin botanique exceptionnel « Rosabelle y Azalia jardines ». Nous y découvrons de rares variétés de roses et d'azalées ainsi qu'une collection particulière d'orchidées dont la très curieuse Vitelotte négresse, originaire du Tibet, pouvant grimper jusqu'à 10 mètres de haut. Très impressionnant!

3ème jour

Le cours normal du séjour reprend. Une ravissante nouvelle guide remplace l'autre, toujours souffrante. Elle se nomme Rose Val et parle parfaitement français.

Tout le groupe a de nouveau la patate !

Nous visitons de fabuleuses grottes incas. Un reportage-photos vous attend à l'Institut.

L'heure du retour a sonné.

La prochaine fois, nous irons en mission chez nous, en France, pour étudier la mirabelle, dite la Belle de Lorraine, à Metz.

Ensuite, dans deux mois, nous partirons admirer la ligne bleue d'Auvergne, à Volvic. Au programme : analyse du bassin hydro-géologique avec tout le gratin ou la crème, au choix, de la région. Nos homologues nous ont promis un aligot d'enfer !

A bientôt.

Texte de
Martine

Sous la ramure de l'Azalia du Pérou, King Edouard et la reine Tocharena devisaient gentiment.

Comme le soleil nuit à son teint, Tocharena pria la négresseVitelotte d'aller quérir sa charlotte violette oblonge à grands rabats au point Patusa du Tibet. Celle-ci posa à regret le journal qu'elle épluchait consciencieusement et s'exécuta, Mais las! la négresse patraque buta au retour sur les cornes de gates qui ornaient l'escalier et sa masse imposante infligea quelques dégâts aux tableaux qui ornaient le mur: Early Rose et Belle de Lorraine, deux splendides roses anciennes peintes de la main du roi s'inclinèrent dangereusement quand elles virent passer à proximité de leurs cadres le postérieur bleu d'Auvergne bien charnu de la créole. Plusieurs fois celle-ci rebondit en dévalant les marches, tel a un Astérix au meilleur de sa forme.

Pendant ce temps dans le jardin les deux altesses se faisaint milles politesses, se remémorant leur visite à l'Institut de Beauvais où une certainse Désirée Roseval avait cru bon de parler savament de la Mexique Ronde, une nouvelle fraise excellente à confir au sucre.

Tocharena s'apercut enfin de l'absence de sa servanteVitelotte. "Par toutes les rattes de la contrée, cette créole me rendra folle!! Purée, je vais de ce pas la chercher!". Elle se dirigea d'un bon pas vers la maison et découvrit la servante tassée au pied de l'escalier, alors qu'un air de la "Missa Criolla" sortait par la porte de la cuisine. "Rosabelle, appela-t-elle, Rosabelle, apporte un peu d'eau fraîche!". Elle s'était mise en devoir de réconforter la quarterone accidentée qui recouvrait peu à peu ses esprits, gémissant "j'ai les pieds comme des paquets de pommes de terre écrasées, et mon dos est aussi mâché que si on m'avait passée au presse-purée!".

King Edouard, toujours galant vint prêter main forte à sa reine pour relever la négresse et la ramener doucement au jardin où enveloppée d'une belle robe des champs, elle put tout à son aise se remettre de ses émotions.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

05/10/09 Après le tremblement

12/06/09 La fille d'acier

03/05/2011 Notes de chevet