02/02/10 Voyage dans la Nuit

Homonymie

Embarquement immédiat pour un voyage au bout de la nuit.

Les homonymes guideront le fil ténu de l'inspiration, à la suite de cet incipit :





« Quelques gouttes de lait chinent le noir de gris ; ici les fleurs de l'ombre goûtent aux mille et un ennuis. »


Texte d'Anne-Sophie

Alors que le rose pâle et vif des belles de nuit éclate dans ce noir qui nuit aux couleurs, les belles roses attendent en vain la proche lueur de l’aurore.

Des éclats de voix sombrent soudain dans une pleine et sombre nuit, où seule la voie lactée guide les peuples de l’ombre, éclairé par la douceur de la lune, mère sans vie, vide de mer et d’océan, vie de poussière.

Longues heures nocturnes, silence mélangé aux bruits feutrés succèdent aux courtes journées d’hiver engoncées dans leur pull feutré.

Nature en sommeil profond, lentement les heures s’égrènent, rien ne pousse ni grandit, un rien de vie s’anime ni même ces graines ne prennent racine, tant qu’à pas de fourmi les jours ne s’allongeront.

Les ténèbres de l’hiver se noient dans le verre de l’ennui, dans lequel les pensées se teintent de brou de noix et de vert de gris. Comme un vers teigneux l’hiver ne se bouscule pas, il attend juste que le vert du printemps le séduise, la lumière blanche contrer son gris livide.

Quand le souffle chaud et le doux toucher d’une bise embrasseront les nuits hiémales, alors la bise sifflante cessera enfin de sa chaux vive de paralyser âme qui vive.

Nuits de printemps ou nuits d'été, celles qui commencent tard et finissent tôt, où le répis ne s'éternise qu'à peine, où la chaleur distrait le sommeil et la lumière refuse le repos. Quand deviendra t-elle l'amie, confiante qui laisse venir sans peine les confidences de l'esprit, la mie des pensées tournoyantes ?



Texte de Mistraline


Scintillantes balises dans l’obscur firmament, amarrées à la voûte céleste, elles tendent le cou et voûtent leur dos afin de préparer leur coup - d’œil ou de Trafalgar.

Dans ce ciel d’encre de Chine, la voie lactée éclabousse de lumières, le noir du ciel charbonneux. L’astre blanc trône à nadir, tel un joyau impérial, qui rehausse, et la couronne, et le trône…

La voix des muses, fuse dans les ténèbres, entraînant derrière elles des faisceaux lumineux, des traînées de poussières éternelles.

Sur une symphonie en Do mineur, leurs parures d’argent s’illuminent sur la toile noircie comme les sombres faces des mineurs. La voûte disparaît et sombre inexorablement, chaque matin qui voient le jour se répandre, et ce, quoi qu’on y fasse.

Parfois l’une d’elle poursuit sa course nocturne jusqu’aux premières lueurs de l’aube, avant de disparaître à tire d’ailes.

Le ciel azuré lève alors le voile endeuillé qui a recouvert le monde, le temps d’un sommeil de plomb. Sur ces entrefaites, la nuit met les voiles vers d’autres caps, pour revenir sans faute dès le lendemain.

Elle est de ces choses immuables qui équilibrent la vie et gouvernent le monde.

Nuit... refuge vers l’apaisement, qui nous évite sans doute de finir vert de rage. Elle offre le souffle du repos, le calme infini de ce qui est opaque. Elle hait le vacarme des villes noctambules qui mélangent le jour et la nuit, la mort et la vie ; l’indistincte question de ce qui nuit ou qui ravit.

Aux premières lueurs vespérales, le monde expire, lasse.

Mais revoilà la nuit qui vient vendre son sable…

Texte de Marie-Raphaële

La voie lactée se dessine et parsème sa lumière tamisée. Les insectes sont sans voix, figés.
Chaque relief s'anime, se dessine, les oiseaux de nuit paraissent.
Lentement, la casserole se constitue avec paresse. Que nous prépare-t-elle? Une recette faite maison? Un avenir gai comme un jour de fête? Et les autres constellations?
Le Taureau entre dans la troisième maison du Capricorne. Cette paire annonce que la chance se perd pour longtemps.
Interprétation, boni-mensonge diront certains. Lire dans le ciel c'est comme lire dans le marc de café, c'est comme faire une exégèse hardie des songes. Y en-a marre!
N'est-il pas possible de contempler des astres sans annoncer un désastre? Un peu de romantisme, que diable!

La nuit. A Noël, les chants la font douce. A l'église, les fidèles la font sainte. Elle nous entoure, dans les champs, dans les maisons, la ville en est ceinte. Joli voile de dentelle qui panse les plaies diurnes et qui, quand j'y pense, protège et ressource.
La nuit est belle. Au loin, les troupeaux paissent tranquillement. Un chien hurle, un mouton bêle. Tout près, les belles de nuit s'épanouissent et leur parfun exhale alentours.

Paradoxalement, la nuit fait parfois peur. Vision limitée, bruits amplifiés, univers désorienté. Dans les contes de fées, elle est le moment propice aux événements tragiques. Tel l'ogre voulant manger le Petit Poucet. Cependant, celui-ci s'est méfié et dans l'urgence s'est poussé ainsi l'ogre a dévoré ses propres filles.
La nuit, quotidien des insomniaques ou bien des doux rêveurs. Même les ados y sont accros. En boîtes de nuit ou en party, ils se rejoignent en cohorte pour former la bande des ravers jusqu'au bout des ténèbres en espérant que le dénouement ne sera pas funèbre.


Amicale ou angoissante, la nuit ne laisse pas indifférente.


Texte de Martine


"Quelques gouttes de lait chinent le noir de gris, ici les fleurs de l'ombre goutent aux mille et un ennuis"

Le ciel d'encre se révèle au bord du disque blond de la lune

tel l'iris vert qui s'ancre à la pupille noire

Sur l'étang bourbeux la brume se lève en mèches longues

Les fleurs de coton s'élèvent

Glissent les temps frileux vers le Nord

Les grillons se taisent à mon passage

Parfumé, le vent passe, sage au dessus des marais

L'herbe effleure la terre endormie

Lentement les fleurs se bercent en courbant leur col

Nuit d'étoiles et de bise

Nuit de toiles noire et bise

Nuit sauvage d'enfance

Nuit perdue d'en France

Reviendras-tu jamais dans mes songes?

Commentaire : je me suis laissée prendre par les sirènes de l'homophonie et j'ai oublié l'homonymie à une exception près...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

05/10/09 Après le tremblement

12/06/09 La fille d'acier

03/05/2011 Notes de chevet