28/12/09 Ecrire en Musique !!



Aujourd’hui, nous tentons l’expérience de l’écriture en musique.

Vous ne savez pas dans quel pays vous êtes, c’est comme un éveil en terre inconnue et il vous revient de dire quel est ce pays dont le premier contact se fait en musique.
Que voyez-vous ? Que sentez-vous ?
Essayer de pénétrer la musique en laissant défiler des images dans votre esprit, en ouvrant votre corps aux sensations et votre créativité à l’imagination.

Essayer de caler le rythme de la prose au rythme musical.

Pour ce texte vous pouvez vous essayer à l’érosion, cette figure de construction qui consiste à répéter plusieurs fois un groupe de mots duquel on retranche un mot à chaque répétition.



Couleurs - Couleurs

Texte de Mistraline


Le jour se lève sur Jaipur chassant la brume dans un éclat de roses à peine éclosent. Les ruelles s’ébranlent en douceur ; on vient chercher son pain, boire un tchaï épicé en fumant le premier bidies, le regard captivé par l’horizon qui se colore de zinzolin.
Aux premiers rayons chauds, les vaches cèdent la place et libèrent la ville de l’occupation divine.
Au temple d’Anouma les singes font la manche ou s’improvisent pickpockets agiles.
Voilà qu’on entend des cris et la rumeur qui se propage telle une pandémie : quelqu’un a crié, crié sur un singe et ce quelqu’un qui a refusé de se plier aux dictats, est une femme !
Elle a crié si fort, si vite que les singes ont quitté la cité.
U kako U kako U kako U !!!
La ville s’éveille aux sons d’un chant de guerre ; celui de la femme opprimée.
Loin des agitations urbaines, sur les rives du fleuve sage, des saris verts, roses et orangés flottent dans le lit du courant, mêlés de chevelures jais qui dansent lentement.
Les filles ont quitté le dôme argenté et se toilettent comme Bastet, tout en musique. Elles se rincent de leur nuit câline effaçant lentement les traces des étreintes éreintantes.
Le rose de leurs joues se dilue dans les eaux ternes et le khôl de leurs yeux s’estompe en un brouillard mais un nouvel éclat jailli de leurs prunelles.
Elles ont quitté le corps de la nuit, celui des amantes asservies, retrouvant soudain le corps du quotidien, l’inassouvi.
Sur la berge un gros singe est apparu, il fixe les saris, il suit leur mouvement, il attend.
La première sortie des eaux est assaillie. Le macaque convoite l’étoffe lilas qui recouvre la nudité de la fille, apeurée. Intimidante, la bête tire le sari, montre les crocs assauts après assauts et ne semble pas vouloir lâcher prise.
Mais la fille redouble de stratège et s’éclipse en nageant vers l’autre rive.
Nue, la naïade se laisse flotter.
Radeau de soie à la dérive. Radeau de soi. Radeau. Eau...

Couleurs indiennes - La queue pour visiter le palais de Jodhpur


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