24/11/09 HIATUS


Nous écrivons, ici, d'après un titre de John Fante : Demande à la poussière.

Nous appliquerons la règle du hiatus, qui veut que l'on répète en début de phrase le son de la dernière syllabe du mot qui clôture la phrase précédente.


Texte de Mistraline


Demande à la poussière

Hier et aujourd’hui sont contenus dans un grain de résidus,
Duquel s’échappent les effluves d’un temps résolument âcre.
Crevasses et failles apparaissent signant la trace du temps,
Tangibles signes des années qui s’effritent comme la pierre,
Renouant inlassablement avec les fondements vitaux.
Torrent de vie, source intarissable qui nourrit nos cœurs,
Heureux ou malheureux, le requiem se fait en Terre.
Requête d’une terrienne à la poussière mère, la grande déesse :
Est-ce le ciel qui nous veille et la pluie qui nous berce ?
Serait ce une larme de vie qui a coulé ?
Légère comme un souffle d’ange…
Genoux à terre, je m’incline du ciel au sol.
Olives et feuilles jonchent le pied d’un arbre centenaire,
Airain d’un tronc qui se dresse tel un pic infrangible.
Bleu du ciel de Provence et des cieux sans nuisance.
Ancien rituel païen, je mange un peu de terre et je recrache,
Achevant ma prière à Cybèle, à Gaia, à Cérès, à nos Terra-Mater.
Terrible la vérité me frappe : ainsi je redeviendrai poussière !
Errance d’une particule aspirée par le soleil
Ayant accompli le minimum requis : s’illuminer et puis s’éteindre…


Texte d'Anne-Sophie

Demande à la poussière,
Hiéroglyphe laissé par le doigt,
Oisiveté de l’air au fil du temps.
Empile les secrets les rires les satires,
Ires de la main soudain efface la trace,
Sereine et libre reconstruit l’après.
Réinvestit l’espace,
Celui offrant les possibles les peut-être,
Etre autre mais avec l’avant,
Vent tournant ou bise droite,
Ouate résistante qui transit l’envie.
Vile terreur des jours inconnus,
Ubiquité du soleil qui s’effiloche,
Chenu je deviendrai,
Existences plurielles j’aurai vécu.

Texte de
Martine

Hiéronimus me regardait tenant à la main un petit miroir glacé. Ses mots résonnaient comme des cailloux dans la main d'un enfant. Un enfant qui jouerait à "Greli-Grelot".

L'autre image s'imposait déjà, me montrant un désert roux en mouvement, une sorte d'aurore boréale en plein midi : dix mille milliards de milliards de grains de sable dansent devant le soleil, le transforment en disque lunaire et mystérieux.

Yeux d'insectes, ailes de papillons, froissements délicats répandent l'ineffable parfum du genêt fleuri.

Rire des femmes perchées sur la charrette grinçante que tire un âne pelé, les chèvres et les moutons suivent en bêlant.

Lenteur du temps dans ce lointain coloré d'ailleurs, lenteur du temps et profondeur.

Deux chemins s'ouvrent sous le pas des bêtes, l'un vers l'oasis, l'autre vers le village ensablé.

Elégance de ces êtres qui vivent de peu et existent sans commune mesure avec nos trop-plein de tout.

Tour de passe passe ou tour de manège, nous voici au cœur du désert, au bord d'une autre source qu'il faut savoir trouver.

Élan des pas qui grimpent, joie d'enfant à dévaler en courant la dune, à glisser mes pas comme dans neige rousse et tiède.

Dérouler le jour, dérouler le chemin et s'arrêter parfois devant le velouté des dunes au soleil rasant ou la blancheur inattendue d'une fleur simple et solitaire.

Terre de mes aïeux, j'ai demandé à la poussière et sa réponse infinie me parvient sans fin.

Ainsi, j'ai pris le miroir glacé de Hiéronimus et j'y ai contemplé le soleil voilé des lointains.

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