07/04/09 Francis Ponge


L'avenir des paroles...
Où comment jouer les amplificateurs d'une poésie moderne...


Texte de Fabien

Quand aux tentures du jour, pastels tamisés d’un crépuscule qui perdure, aux noms communs hors du temps, au-delà du sens, drapés pour notre demeure où nous passons des heures calmes en lectures, en silences, en murmures, enlacés, étonnés, enfiévrés ; on ne reconnaîtra plus grand-chose dans cette nonchalance habituelle, sinon de hors de l’imaginé, de l’imaginaire ; des rêves éphémères par ci par là : s’apercevoir d’une redondance, s’émouvoir en admirant la danse, voir nos initiales briller comme épingles ferrées, sur l’édredon ancestral, sur un monument de toile, un assemblage de tissus, géométrie sidérale.
Une croupe aux cieux s’insurgera contre les couvertures, chaudes, trop chaudes, de cette couche de quiétude ; le vent soufflera comme à son habitude, par un échappement compensateur du fondement, un vent libérateur et favorable ; les forêts du bas-ventre seront frottées contre la terre, insatiable, humide, aimable, arable, jusqu’à ce qu’au genou de l’Ouest, mystérieuse et lointaine, se dégrafe la dernière faveur diurne : la prime douceur nocturne ; alors que la nuit tombe, sereine :

Le corps du bel obscur hors du drap, enivré, hagard, tout de rien vêtu, des paroles alors perdues sur les lèvres suspendues, le corps tout découvert, nu : bon pour un bol à boire, éperdu, incrédule, au nichon de la mère d’Hercule ! en cette fin de crépuscule…


Texte d' Anne-Sophie

Quand aux tentures du jour, à l’ivresse prochaine d’un soleil encore frileux, à la fuite du fantôme lunaire, aux noms communs qui peuplent nos vies, aux noms propres qui animent nos jours, drapés pour notre demeure, respirante haletante ou reposante au rythme des heures, en lecture, en paix ou en guerre, on ne reconnaitra plus grand-chose si le désert venait, sinon de hors du temps, le vent par ci, la pluie par là, laisseraient inexorablement nos initiales briller comme épingles ferrées polies par l’usure des années, sur un monument de toile aussi fin et délicat que celle qui la tisse avec ferveur à la lumière de la rosée.
Une croupe aux cieux s’insurgera contre les couvertures dévoilant ses courbes rondes et généreuses, le vent soufflera soudain sur la peau laiteuse frileuse, par un échappement compensateur du fondement, par l’enchantement d’une lune virile, les forêts du bas-ventre seront frottés contre la terre, cherchant l’ébat ou le combat, jusqu’à ce qu’au genou de l’Ouest, plus haut encore, région du Centre, se dégrafe la dernière faveur diurne qui vient après les étoiles.
Le corps du bel obscur hors du drap, fier et étincelant, des paroles alors secrètes, muettes, tout découvert, sans apparat, bon pour un bol à boire, un noir de préférence et rester éveillé au nichon de la mère d’Hercule sans atermoiement.





Texte de Pierre

Quand aux tentures du jour, quand dans cette finesse même des teintes qu’il si de lui on peut dire il glisse entre nous et l’autre, la sombre et qu’il la chasse, pas toujours à notre bénéfice, aux noms communs qui s’inscrivent parfois dans le théâtre occasionnel de nos intérieurs qui se réveillent quand le reste s’endort, drapés pour notre demeure louée pour l’occasion en lecture qu’elle soit de Braille, d’astres, de passé ou d’avenir, on ne reconnaîtra plus grand-chose ce qui d’ailleurs ne nuira pas au sens ce qui au contraire le nourrira le formera, sinon de hors de ce hors qu’il y a à vaincre, territoire inconnu qu’il y a à atteindre par ci pour peu qu’il se laisse vaincre nos initiales briller comme des épingles ferrées, comme des fils d’araignées qui suivent une logique qui n’est pas celle-là ni celle-ci non plus mais des fils qui font sens, sur un monument de toile,
Une croupe aux cieux s’insurgera contre les couvertures, un espace repoussant la nuit, la douce, celle de l’oubli le vent soufflera déplacera le moment d’ici à là-bas, effluent des repas qu’on fit en trop, en mal, en super flux par un échappement compensateur du fondement bien loin des plaines mornes des premières pensées bien loin de ce qui flotte trop haut trop vide les forêts du bas-ventre seront frottées contre la terre et les sources caverneuses d’un développement durable aussi s’insurgeront jusqu’à ce qu’au genou de l’Ouest ou de l’Est ou du Sud qu’importe se dégrafe la dernière faveur diurne c’est-à-dire que le soleil finisse de déborder l’horizon :
Le corps du bel obscur hors du drap oui le mien quoi des paroles alors qui parfois plus que le silence sont d’or tout découvert dis-je le corps est bon pour un bol à boire un bon bol d’air d’abord avant de replonger bouche ouverte au nichon de la mère d’Hercule, un pote du collège.


Texte de Marie-Pierre

Quant aux tentures du jour, ce sont les robes couleur du temps de Peau d’Ane, irisées, chatoyantes comme une journée radieuse, aux noms communs drapés pour notre demeure ancestrale, vénérable bibliothèque tapissée d’ouvrages précieux, rescapés de Babylone ou d’Alexandrie. En lecture, on les feuillette avec moult précautions, eu égard à leur fragilité. De peur de les voir s’évanouir en poussière, on ose à peine les aborder, car sinon on ne reconnaîtra plus grand-chose des fines enluminures, des textes secrets, sciences occultes, cartes de trésors cachés, symboles ésotériques, sinon de hors ce manoir diabolique, on se transformera en spectres, errant par ci et de là comme des âmes en peine. Notre chagrin sera immense et l’on verra dans la nuit scintiller nos larmes et nos initiales briller comme des épingles ferrées, lettres de feu et de sang se détachant funestement sur un monument de toile noire.
Une croupe aux cieux s’insurgera contre les couvertures, la sorcière d’un coup sec lancera son balai vers les étoiles, le vent soufflera, sulfureux, issu des entrailles de la terre. Celle-ci crachera sa lave brulante par un échappement compensateur du fondement. Perdus dans cette bacchanale, démons et déesses seront mêlés, les forêts du bas-ventre seront frottées contre la terre. De ces unions improbables naîtront des monstres qui vivront jusqu’à ce qu’au genou de l’ouest se dégrafe la dernière faveur diurne.
A la nuit tombée, le corps du bel obscur hors du drap, viendra l’apaisement des sens. Cupidon posera son arc et Vénus prononcera des paroles alors évitées et laissera son cœur apparaître tout découvert aux yeux de son amant ébahi, qui n’aura plus d’autre ressource pour étancher sa soif que de plonger au tréfonds des abysses, bon pour un bol à boire et s’imaginant dans son délire tétant avidement au nichon de la mère d’Hercule.



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