10/03/09 Commune présence

René Char ...
Pour une intertextualité inposée.



Texte de Marie-Pierre

AMON ami

Tu as été créé pour des moments peu communs,
Modifie-toi, disparais sans regret,
Cerf-volant détaché de son fil,
Murène s’enfonçant entre deux eaux,
Lotus immobile au milieu du marais,
Ou Boudha contemplatif du Wat Pho….
Albatros perdu dans l’océan,
A la recherche d’une terre vierge,
Tu laisses le vent décider de ton sort.
La houle furieuse t’emporte plus loin,
Ton espoir de survie s’amenuise, s’éteint.
Effectivement, tu es en retard sur la vie
La vie inexprimable
Douceur des nuits d’été indien,
Langueur des gestes amoureux,
Doux frisson des voiles au gré des brises….
Magie d’une rencontre impossible
Entre le Dieu Soleil et ses invités
Entre cosmogonie et civilisation urbaine.
Indigo, bogolan et mains bleutées,
Chaleur des rapports humains, respect des Anciens,
Belle étoile et ronde des galaxies.
Ce que tu as vécu est incomparable.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance
Avant que ne s’efface le souvenir de cette harmonie fragile
Civilisation unique dans ce Monde hostile.



Texte de S


ANNULE AUTRE PAREIL

Chercheras-tu parmi les tiens
Semblable qui te ressemble ?
Trouveras-tu en ce frère
Le reflet de ton ombre,
L’épopée de ton histoire ?
S’il en est ainsi, fait cortège à tes sources,
Hâte-toi

Puise cette force des racines gourmandes
Qui épuisent la terre de l’eau qui la délasse
Fais conquête de chaque jour
A la lumière de tes premiers pas.
Mais hâte toi de transmettre
Ta part de merveilleux, de rebéllion, de bienfaisance !

Offre à merveille les flammes de tes oui et de tes non
Comme un soleil ardent incendiant l’horizon
Hurle ta présence, refuse le compromis
La liberté revient au bout de combats sans merci
Hors d’elle tout n’est agonie soumise, fin grossière.
Préserve cette chance que l’on t’enviera en secret
De n’être comparable, ni lui ni à moi

Et si tu veux rire
Offre ta soumission
Feinte abnégation à des années d’insouciance
Courbe belle silhouette, cherche parfois tes mots
Offre sourire coquin et dévoile sans pudeur
Pareille insolence …

Texte d'Anne-Sophie

Tu es pressé d’écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie
Tu cours tu t’envoles
Mais le temps n’est ni un film qui s’étire
Ni un train que tu rattrapes
Elle est là, passante, inexorable.
La vie n’a pas l’image que tu t’en donnes
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés.
Elle s’offre généreuse inconditionnelle ou injuste.
Tu peux la rire la pleurer
La haïr l’aimer
Elle n’est ni chimère ni étrangeté
Ce sont tes yeux qui la feront fée
Même si la mort menace, fait place
Même si tu oublies comment peindre tes jours.
Il n’y aura pas d’aube
Sans chemin de nuit.
Tu as été créé pour de moments peu communs
Modifie-toi, disparais sans regret
Renais sans honte
Baisse les armes et les couleurs reviendront.
La vie t’attend,
En face à face,
Les fleurs de demain ont pris racine hier.

Texte de Mistraline

Tambourins lugubres

Au loin les tambours du temps retentissent,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi, fais cortège à tes sources,
Ne laisse rien s’effilocher.
Agrippe les mots comme des mains tendues
Et ceux qui filent entre tes doigts
Rejoins-les au détour du chemin des livres.
Effectivement, tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
Qu’on traduit en images.
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-la quelques fragments décharnés
Mais à quel prix ?
Celui du corps malade ou bien du cœur aigri
Ici les mots sont pauvres, mais Ô combien chéris !
Ils pansent tes blessures, tes vieilles écorchures.
Si les mots somatisent et se changent en lapsus
Agite ta bedaine et tes zygomatiques
Laisse jaillir tes larmes, elles sont inoffensives.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Oublie, qui tu as cru être
Deviens seulement toi.
Renoue et relie-toi ; écris !!
Arpente la langue des mots libres,
Car les mots ici-bas
Chuchotent des mystères.