03/04/09 Eros intime



En nous greffant sur le conte d'Henri Gougaud," les enfants amoureux", vers où nous insinuons-nous ?

Texte de M

LE PRINTEMPS DU DESIR



Une fille et un garçon jouaient sous les muriers de chine qui trônaient dans la cours de l’école.
La fille regardait discrètement le garçon qui s’agrippait aux branches à la recherche de mures, elle ne pouvait pas empêcher ses yeux d’aller se poser sur le visage du garçon.
Lui à son tour la guettait, et chaque fois que leurs regards se rencontraient il se perdait dans le mystère de ses yeux noirs.
Ce va et vient silencieux tendait leurs corps.
Leurs cellules s’agitaient, s’ébranlaient, s’unissaient dans l’intervalle qui les séparait.

Au son de la cloche, chacun courut dans sa classe, mais rien n’était plus pareil.
Le ventre de la fille était moelleux, langoureux, il ondulait et l’enveloppait de sensations délicieuses.
Le garçon ne pensait qu’a ces œillades appuyées qui lui provoquaient des frisons dans les reins.

Les jours passèrent, ils se cherchaient, ils se surveillaient, le moindre attroupement était un prétexte pour raccourcir les distances, pour se froler, pour deviner la chaleur du corps de l’autre dans la foule. Si elle se trouvait derrière lui, la fille suivait de ses yeux, le dessin de la nuque du garçon depuis la racine des cheveux jusqu'à que la peau mate disparaisse par le col de la chemise et millimètre par millimètre lui envoyait son haleine chaude chargée des sortilèges de sa fécondité. Lui, souriait et baisait les yeux, tandis que des petites gouttes de sueur roulaient le long de sa poitrine pour aller se loger dans le doux gonflement de son intimité. Chacun s’insinuait dans la chair de l’autre, ils s’attisaient, ils s’insufflaient le commandement avide de la vie.

Avec les grosses chaleurs les groupes se firent rares dans la cour, les maîtresses disparaissaient le temps de la recréation et les enfants cherchaient une ombre tranquille, un coin à courants d’air épargné par le soleil.
La fille empruntait chaque jour une coursive sombre aux tomettes fraîches, le garçon suivait lentement son sillage captivant.






Texte de
Dominique Bohler

Jour de rentrée des classes : un garçon et une fillette se regardent.
Ils sont nouveaux, ils sont perdus.
Ils ne se connaissent pas, mais se reconnaissent.
Ils décident tacitement de s'asseoir côte à côte.
Leurs cahiers se touchent, leurs genoux se touchent.
La petite fille se met à frissonner, ce contact la rassure, la réchauffe.
Elle se rapproche un peu plus de son compagnon. Elle sent la main du garçon effleurer sa cuisse. Elle ne dit rien, elle aimerait que cette main soit toujours là.
La journée d'école touche à sa fin.
Le lendemain, elle attend avec impatience le contact.
Au fil des jours, la main du garçon prend de l'assurance. Elle remonte doucement la cuisse et écarte la culotte en dentelle rose. Elle, ouvre un peu plus les jambes afin de ne pas gêner la progression de la main.
C'est la première fois qu'elle est touchée de cette façon. Le plus dur est de rester stoïque face à l'institutrice, alors que son corps est parcouru d'ondes de plaisir. Elle se sent ouverte, offerte dans l'intimité du bureau. Sa main à elle est timide, mais petit à petit elle se risque à frôler, à toucher, à caresser. Les deux mains libres sont bien à plat sur la table. Livres et cahiers sont ouverts à la bonne page.
Ce sont deux enfants studieux au regard des autres. Ils ont l'air de suivre le cours magistral que dispense l'institutrice.
Jamais ils n'échangent de paroles, mais ils sont détenteurs d'un secret autrement plus important à leurs yeux, que les règles d'arithmétique ou de grammaire...

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