24/02/09 Je voudrais pas crever...


Parce qu'il y a eu Vian ...
Un certain 10 Mars 1920, naissait Boris l'ingénieux.
Le talentueux virtuose des mots et des notes...
Le poète à la trompette !



Texte de Sonâya


« Je voudrais pas m’évaporer
Sans avoir dit merci
A cette chienne de vie
Si belle si vache
Si belle si braque
On s’dit « mince, j’ai vécu »
Quand la Camarde débarque
Sans nous avoir prévenu

Je voudrais pas m’escamper
Sans avoir vu l’Homme jovial
Rire à s’en péter les tripes
De l’absurdité abyssale
De cette farce glaciale
Que jouent ces sombres types
Animaux pensants, mal intentionnés
Que nous sommes : des affreux bonshommes

Je voudrais pas m’éclipser
Sans avoir aimé, sans avoir bu
Sans m’être encore enivré
Sans avoir joui, sans avoir bu
Sans avoir appris, sans avoir connu
Sans avoir obtenu,
La certitude de n’être rien
Puis d’être tout, pi d’être humain

Je voudrais pas démissionner
De ce théâtre criard, braillard
Sans avoir vu les vieillards
Danser sous les étoiles
Claquant leur dentier castagnette
Sans avoir vu les politicards à poil
Oublier leurs fantasmes, leur vie d’oubliette
Jeter leurs costumes au fond des toilettes

Je voudrais pas foutre le camp
Sans avoir donné vie, sans avoir écrit
Sans laisser une trace, comme ça :
Deux, trois mots : « vanité », ah…ça !!!
Ou « a bientôt » ?, « bon débarras ! » ??
Zut ! la Camarde, la v’là…
« Vous pressez pas, j’ai fini ! »
Ah non ! j’ai pas ma brosse à dents !!




Texte de
Marie-Pierre



Je voudrais pas sauter
Dans le vide éternel
Sans avoir ciré mes pompes
Repeint ma chambre
En rose, mauve et violet
Caressé mon chien
Et attaché ma ceinture
Pour amortir la chute

Je voudrais pas expirer
Mon dernier souffle
La rage au ventre
De n’avoir pas pu
Goûter à tous les plaisirs
Encore affamée de la vie
Et surtout sans brancher
Mon ballon à oxygène

Je voudrais pas errer
Dans le royaume des morts
Ombre pour l’éternité
Condamnée à être spectateur
De la vie des autres
Toutes sensations oubliées,
Et seul parfois le souvenir fugitif
De moments heureux

Je voudrais pas m’empoisonner
Avec les nourritures du sang B+
De ces barbares nomades
Qui bouffaient la chair des bisons
Mais dédaignaient les poulets,
Ces descendants de dinosaures;
Ils prenaient les oranges pour le soleil
Et se croyaient invincibles

Je voudrais pas m’endormir
Solitaire pendant cent ans
Sur un lit de roses fanées
Dans un château habité
Par les seules araignées
Sans être sûre au préalable
Que l’homme le plus charmant
D’un baiser viendra me réveiller

Je voudrais pas disparaître
Dans l’espace infini
Chevauchant une planète
Au nom de Perséphone,
Même bercée par les étoiles
Et guidée par le berger
Non, je préfèrerais de loin
Rester dans la lune

Je voudrais pas
Sucrer les fraises
Prendre racine
Partir en quenouille
Mourir d’ennui
Casser ma pipe
Faire de vieux os
Et mettre un point final.

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