30/11/07 Eric Valli

Communiquer une vision personnelle en apprenant à regarder, à écouter, à sentir ...
Explorons un peu comme Eric Valli dans Le ciel sera mon toit.



Texte de Sonhayâ


NB: Pour ma part, première séance d'atelier avec Virginie.



LES GRIOTTES

Tacatac, tacatac ! boudoumboudoum, badoumbadoum…grisaille, cliquetis métalliques qui claquent, des odeurs agressives, nocives, qui nous prennent à la gorge, nous écoeurent, nous écoeurent. Et ce lancinant rythme – boudoum – saccadé – boudoum – qui nous rend hypnotisés – boudoum – lobotomisés. On est prostrés, blasés.

Visages tristes, visages tendus. Incompréhension : que faisons-nous là ?...on a peur que nos mains se frôlent, que nos regards se frôlent – gris. On est perdu dans les affres de nos angoisses – gris – prisonniers de cette toile grise qu’est la ville arachnide…perdu dans les méandres obscurs des tunnels souterrains – gris, noirs, grisâtre, jaunâtre et verdâtre, noirâtres…Arrêt, sonnerie qui nous fait grincer les dents : tuuuuuuuuut ! c’est reparti : pancartes décrépies rendues floues par la vitesse…on soupire, on regarde dans le vide…puis de nouveau l’on s’arrête : Barbès Rochechouard.

Les portes s’ouvrent puis soudain, des soleils rentrent dans la rame, ainsi qu’une chaude odeur d’épices, de malice et de joie de vivre chaleureuse : transition émotionnelle : le décor se métamorphose d’un coup : les ténèbres et la grisaille disparaissent d’un seul coup, quand ces lumières, ces soleils, ces étoiles bariolées et bigarrées rentrent dans la rame : on sourit, on écoute, on est suavement aveuglés par toutes ces couleurs : bleu éclatant, azuréen, jaune vif, orange velouté et rayonnant, violet, marron ocre, vert émeraude : des spirales, des boules de feu, des motifs simples et limpides – on est transporté dans un petit village écrasé de soleil ; et sous l’arbre à palabres, les mots dansent la gigue, une folle farandole, tandis que le contes racontent, racontent, racontent toujours, ponctués par les tambours – et les rires qui fusent, des mélodies rythmées, parfois lentes comme les mélopées de la kora délicieuse, parfois égayées de djembés et d’exclamations voluptueuses et aquatiques de balafons magiques : crescendi, descrescendi, staccati…on est vite entraîné par cette force de vie, cette joie simple et communicative, tandis que les boubous oscillent et ondulent au gré du dialogue tonitruant mais mélodieux de ces quatre soleils, de ses quatre étoiles africaines, qui nous ont rejoint dans la rame et qui ont fait se disperser la grisaille et la déprime de ce jour pluvieux, pour nous offrir la joie, la joie tout simplement.

Nouvel arrêt : je sorts de la rame, et les visages hagards et blafards ne me font plus peur : j’ai du soleil plein la tête et de la musique colorée plein les oreilles.

Les griottes m’ont oté le gris.

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