10/10/08 La nuit de l'écrit












La fête au village !!! Un évènement à commenter en live ...


Le dix Octobre 2008, lors de la nuit de l'écrit, un drôle de groupuscule armé de stylos et de cahiers s'est réuni au coeur du village de Bellegarde, alors en pleine festivités bouvines.



Texte de Yoma

Où se tient donc la fête?
Devant les comptoirs où l'on s'empoigne et se bouscule, virile manière de se saluer.
Aux petites tables où se sont posés les moins hardis, profitant d'une relative accalmie des baffles pour échanger quelques mots.
Dans les rangs colorés de jeunes gens, masse imprécise et gaie, prompte à s'agglomérer et à se défaire.
Est-elle davantage sur les manèges, qui à grand renfort de cris enregistrés, s'efforcent d'attirer le chaland?
L'esprit de la fête se tient-il dans les sons qui parviennent de loin aux maisons plongées dans le noir ?
Il se répand sur le village, repeignant la nuit de lumière et de bruit.

Ce que tu entends d'abord, c'est le rythme, les basses qui cognent, le chanteur qui s'époumone. C'est ce qui te prend. Il n'y aurait pas de fête sans les mots percutés, sans les borborygmes amplifiés.
Petites tables sous les platanes : par quatre ou cinq les vieux s'y regroupent, verres ambrés posés devant eux qu'ils sirotent placidement. Leurs yeux sont des miroirs où virevoltent les fumerolles de la fête.
Les ados sont debout dans leurs T shirts appariés. Ensemble c'est plus facile d'approcher les filles. Elles passent par petits paquets ondulants, l'air de rien.
Il se joue là bien autre chose que de l’accroche-cœur.
La sono monte le ton, le brouhaha des conversations aussi. Ca devient difficile de sentir et d'écrire.
Les vieux s'en vont.
S'approche la photographe. Elle se montre et cependant se cache derrière l'œil numérique pour capter le monde et les gens.
Son geste est vif, son sourire qu'elle a mis en bannière, est aussi son passeport.
Entrer en contact, séduire le sujet, capter l'âme de l'instant, c'est là son art tout entier. Ce que le modèle lui donne transparaîtra-t-il sur le cliché ? Peu lui importe! Elle est loin, déjà, son butin engrangé.

Voici une nuit de l'écrit bien étrange. Plongés dans la fête, nous en rapportons sons, rythmes, odeurs, images qui s'entrechoquent.
Installés à l'écart dans la nuit, nous laissons le tableau se repeindre à l'infini devant nos yeux et nous le décrivons pour vous.
A la fois dans la fête et hors la fête, nous demeurons présents-absents du monde pour mieux raconter ce que nous avons vu. Bonne fête, Bellegarde!!




Texte de Marie-Pierre



La place devant chez Seb

A proximité, l’agitation de l’abrivado : le souffle fort des taureaux enfermés dans le camion, le choc de leurs sabots contre les parois, le bruit métallique des grilles de séparation que les gardians entrechoquent. Les spectateurs tendus vers la cavalcade mais prêts à fuir.

Sur la place, banderoles et néons se succèdent : Ricard, Ricard, Ricard, panini, churros, confiseries, gaufres. Au milieu, toute une faune hétéroclite qui se côtoie, se succède sans arrêt. Cacophonie des pétards et de la musique de féria, tout le monde parle de plus en plus en fort. Le son monte inexorablement.

Au-dessus de la mêlée, le DJ sur son estrade rose fluo. Il est concentré sur sa musique : « on va s’aimer dans un avion, dans un bateau à s’en brûler la peau », « viens danser sous le sunlight des tropiques »…Tout un programme !

Au milieu, les tables en plastique moches habituelles. A côté, il y a la table des quatre filles, jeunes, maquillées, souriantes. Deux d’entre elles portent des tee-shirts bruns avec des inscriptions orange « PRINCESSE ». Elles attendent leur prince charmant. D’ailleurs, les mecs tournent, passent, repassent. Ca embrasse, frotte les cheveux, chatouille.. enfin les manœuvres d’approche habituelles.

Une autre table avec deux couples d’un age avancé. Tous ont commandé un ballon de rosé (joli effet sur la table). Ils on l’air un peu figé, mais on voit pourtant le sentiment d’être dans la fête ; certains battent la mesure sous la table. Le plaisir est là, juste un peu caché. Puis ils partent laissant leurs verres à moitié pleins.

Le son monte encore. Fausse nonchalance des chalands, mélange des ages et des styles : grandes mèches des « djeuns », chapeaux, casquettes. Visiblement, c’est une occasion pour les groupes de s’identifier par des noms ou des surnoms et des numéros, sur des tee-shirts de différentes couleurs. Est-ce que « Lagaf 84 » ou « Coq 15 », « Doudou 1 », « Titou 15 », « Stress 2 », ça le fait ?

En fait, tout le monde se regarde en coin, se teste, évalue éventuellement ses chances. Les mecs jouent aux « machos », les filles pétillent ou sont tout miel. On n’entend plus que la musique, le DJ s’éclate, les gestes et intentions se précisent. La tension est palpable dans l’air.




Texte de Pierre


L’épicentre de la fête

Chaque deuxième vendredi d’octobre, Bellegarde (Gard) entre en fête. Crise ou pas crise. Dans la salle «Espace 2000 » (sitôt baptisée sitôt périmée, nous sommes en 2008), le maire inaugure l’expo-photo d’un discours fleuri : « métier d’honneur… », « passion… », « artiste… »
Il est 20 heures. Les restos sont sur leur trente et un. Sous les chapiteaux, les tables dressées attendent le client. 14 euros vin compris. La rue s’anime doucement. On traîne. Sons et lumières.
Mais l’épicentre de la fête, c’est la place des fleurs. Ce triangle des Bermudes piège les adolescents, entre la terrasse du café « Chez Sébastien », la scène en hauteur du didji qui rode ses watts et ses spots et la remorque « Confiserie-snack Chez Yannick » avec ses monuments de la tradition culinaire foraine : bidons de 5 litres de mayonnaise, de ketchup, de moutarde. Ca coule sur les frites, ça déborde sur le pain, ça comble les vides entre les morceaux de steack haché. On parachève d’un va-et-vient de salière. Ca va durer 9 jours.



Textes de Sonhayâ


1 – « Atelier d’écriture et Gipsy King :



Rentrée littéraire peu banale, dans la liesse populaire. Le petit groupe d’écriture animé par Virginie Molina s’est réuni ce soir au café « Chez Seb » pour sa première séance de l’année.

En ce même soir débute la fête des taureaux dite « du Barjac », réjouissance phare dans la vie de cette petite ville gardoise.

Bruits de chaises, ambiance de bar bondé. Musiques commerciales et pétards qui éclatent. L’ « E.P.O » coule à flots : il semble que les aficionados locaux en aient besoin autant que les cyclistes ; il faut de l’énergie pour courser les taureaux. Précisons que cet E.P.O local est entièrement légal : Eau, Pastis, Olive. Les taureaux eux, sont dans la rue, mais personne n’a l’air de s’en préoccuper.

Il est très étonnant d’observer le petit groupe, hésitant entre l’écriture et la biture, penché sur leur feuille ; leur stylos et leurs doigts tapotent, les têtes dodelinent, au rythme de la corrida en boîte. Et pourtant, régulièrement, les stylos s’activent.

Tous les noctambules sont réunis « Chez Seb ». Mlle Molina a encore eu une bonne idée en proposant au groupe de venir puiser leurs idées créatives au cœur de cet évènement festif. »

Ce soir débute la fête du Barjac. Pendant trois semaines, des taureaux sont lâchés dans la rue, c’est une des spécialités locales. Il y a des bals, et, chose extraordinaire, les rares cafés du village qui habituellement ferment à 20h le soir – provoquant une crise chez les alcooliques locaux, restent ouverts jusqu’à 1h du matin.

Les taureaux, à ce qu’il paraît, tournent dans les rues. Mais on ne les voit pas. L’œil du cyclone, c’est le café « Chez Seb ». Là, c’est la fête ; préambule à un bal : chansons que l’on connaît par cœur, véritables rengaines indissociables d’une bonne fête de village. Gardians en bottes et chapeaux, le club des pépettes. Omniprésente, l’odeur étonnante et collante générée par les effluves des churros et ceux des hot-dogs. Le bar, saturé de monde. Des personnes qui titubent. D’autres qui crient pour se faire entendre. Celles aussi qui trépignent d’impatience en attendant leur verre, ou encore celles qui aimeraient danser mais qui n’osent pas, genre : « j’ai l’air con là, à me trémousser tout seul… »

Toujours cette même stupeur en constatant l’uniformité de certaines ambiances au gré des découvertes des villages. Chacun leur couleur locale, mais des ambiances similaires.

La place de l’Eglise est déserte. Les rues sont désertes. Mais, et les taureaux, courent-ils ? Oui, à ce qu’il paraît.

« On va s’aimer !!! » clame le chanteur, mais les taureaux, s’ils continuent à courir et à parcourir inlassablement les rues, il semble que tout le monde s’en fout. »




2 – « Un soir de fête dans une petite ville du Gard :



Ce soir débute la fête du Barjac. Pendant trois semaines, des taureaux sont lâchés dans la rue, c’est une des spécialités locales. Il y a des bals, et, chose extraordinaire, les rares cafés du village qui habituellement ferment à 20h le soir – provoquant une crise chez les alcooliques locaux, restent ouverts jusqu’à 1h du matin.

Les taureaux, à ce qu’il paraît, tournent dans les rues. Mais on ne les voit pas. L’œil du cyclone, c’est le café « Chez Seb ». Là, c’est la fête ; préambule à un bal : chansons que l’on connaît par cœur, véritables rengaines indissociables d’une bonne fête de village. Gardians en bottes et chapeaux, le club des pépettes. Omniprésente, l’odeur étonnante et collante générée par les effluves des churros et ceux des hot-dogs. Le bar, saturé de monde. Des personnes qui titubent. D’autres qui crient pour se faire entendre. Celles aussi qui trépignent d’impatience en attendant leur verre, ou encore celles qui aimeraient danser mais qui n’osent pas, genre : « j’ai l’air con là, à me trémousser tout seul… »

Toujours cette même stupeur en constatant l’uniformité de certaines ambiances au gré des découvertes des villages. Chacun leur couleur locale, mais des ambiances similaires.

La place de l’Eglise est déserte. Les rues sont désertes. Mais, et les taureaux, courent-ils ? Oui, à ce qu’il paraît.

« On va s’aimer !!! » clame le chanteur, mais les taureaux, s’ils continuent à courir et à parcourir inlassablement les rues, il semble que tout le monde s’en fout. »

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