07/07/08 Acruciverbostiches


Néologisme et mot-valise ...



Texte de Pierre


Tavernostalgie

Ce goustachu était de nature moutardive. Ce qui nous donnait d’être régulièrement témoins d’un dandy, sentant l’ail malgré tout, rouge d’une colère trop longtemps rentrée et qui n’avait plus alors pour spectatrices que nos mines réjouies lorsqu’elle s’essayait à l’explosion, sous l’œil amusé d’une serveuse rêveuse.
— Va au larmoir ranger tes pleurs, lui lança alors Mélanie lors d’une de ces accalomnies qui nous permettaient de reprendre notre souffle.
Et lui, élevé dans la cadoration de soi comme le poulet landais dans l’ombre de ses pins, n’avait d’autre issue que de rire avec nous. Nous invitions alors la bourmignonne à refaire les niveaux dans nos verres.





Texte de Marie-Pierre



Il faut que je vous raconte mon dernier week-end, pour que je puisse l’oublier au plus vite, parce-que comme larmoir, il n’y a pas mieux.

Ma copine Hortense s’est récemment mise en ménage avec une espèce de goustachu complètement décalé, auquel elle est la seule à trouver du charme. Ses bacchantes sont à elles seules un vrai monument et leur proximité fait l’effet d’une cohabitation avec un putois (à moins d’aimer particulièrement l’ail). Cet énergumène l’a tellement couverte de cadoration que la pauvre n’a pas eu d’autre issue que de se laisser demander en mariage.

Et nous voilà donc ce jour néfaste embarqués pour cette cérémonie sans rime ni raison. Votre serviteur est tenu de jouer le rôle du photographe, avec pour mission d’immortaliser cet heureux événement. Notre goustachu toujours égal à lui-même avec sa suave odeur, au bras de ma chère Hortense !

Je mitraille cet évènement comme on me l’a demandé, quand tout à coup, au moment crucial du « oui », notre drôle se dandine d’un pied sur l’autre et finit par se gratter le derrière, là où ça le démange. Moi, perfide, je garde précieusement cette photogaffe pour la projection à toute l’assemblée un plus tard.

Voilà que devant les rires, le marié vexé se met en moutardif ! Il faut dire qu’il n’a pas l’esprit vif, le pauvre (et pauvre Hortense !). Après cet éclat, j’ai fait une accalomnie, parce-que l’escogriffe m’en veut à mort. Mais c’est surtout parce que Hortense m’a prévenu que si je recommence à dénigrer son chéri, elle ne m’adressera plus jamais la parole. Et ça m’embêterait quand même de rester fâché avec Hortense, même si elle n’a pas plus de jugeotte qu’un oiseau avec les mecs. Quelle crédulidiote !




Texte d'Anne-Sophie


Au bar des Fleurs, en face la gare, tous les jours, en bout de comptoir, se retrouvent deux collègues autour d’un petit blanc. Ce lundi soir Raymond raconte son week-end endimanché : la noce de sa sœur et son beau-frère.

Il ne se souvient plus de sa ribambelle de patronymes, mais d’un Marie au milieu d’une série de Charles Henri quelque chose de je ne sais où.

Heureusement, Raymond avait été délicatement mis en garde par sa sœur de peur qu’il ne ressente le jour des épousailles quelque complexe face à l‘évident décalage qu’il semblait se dessiner entre lui et ce nouveau venu. « Bon écoute, Raymond, voilà, cette conversation n’est point dans le but de t’effrayer, bien au contraire, elle se verrait rassurante au sujet de mon futur mari. Tu sais, il n’est pas si impressionnant qu’il ne paraît… Laisse-moi te révéler un brin de son intimité… ».

Au terme de ce conciliabule, Raymond repartit serein mais surtout des plus amusés.
Effectivement, ce week-end là, il n’eut à faire que de simples observations. Son futur beau-frère n’avait ni plus ni moins que l’élégance d’un goussetachu dont la fragrance faisait discrètement grimacer les convives. Malgré ses allures de jeune dandy raffiné, il se comportait sur chaque cliché comme un redoutable photogaffe. D’ailleurs, lors des séances de pose, Raymond ne put s’empêcher d’avoir le même sourire entendu que la jeune mariée.

Elle lui fit part également que son promis bégayait sans arrêt dans l’intimité, et que la cadoration compulsive lui permettait de s’exprimer et son larmoir de se soulager. Elle lui reprochait souvent une lenteur dans ses comportements, une fâcheuse tendance moutardive qui lui provoquait des crises de tétanie, espacées de curieuses accalomnies.

Raymond dit ce soir là à Maurice, mi dépité mi moqueur, que sa sœur s’était entichée d’un coincechichi.


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