02/05/2011 Dialogue brut

La proposition est très simple, mais peut être dérangeante dans son aboutissement :



Noter, sans didascalie ni explication d’aucune sorte, une discussion que vous aurez surpris, un rituel verbal que vous avez coutume d’avoir avec votre boulangère, votre boucher, votre facteur… ou encore ce que vous entendez ou entendiez du matin au soir.


Texte de Dominique

Comment me trouves-tu mon chéri ? Je te plais ? - Réponse n°3 -

Non, dis le moi ! - Tu es comme d’hab - Tu ne m’as pas regardée - Je te vois tout le temps, pas la peine ! - Tu n’es qu’un mufle - Pour vous servir, ma chère - Je me casse, t’es pas drôle - Tu es merveilleuse, ça te va ? - J’aimerai plus de spontanéité -T’es jamais contente - Je te demande juste un peu d’attention - Le monde ne tourne pas autour de ta petite personne - Tu ne me comprends pas - T’as fini ? Je peux disposer ? - Mais j’existe - Pour exister, tu existes, mais là, j’ai autre chose à faire - Tu ne m’aimes plus - Et c’est reparti ! Sans être devin, je prédis une crise de larmes dans 30 secondes... - Espèce de connard - Monsieur Connard, s’il te plaît -  Monsieur triple connard plutôt - Quelle promotion, mais monsieur Connard suffit amplement - Je te déteste - Tu n’as pas d’humour, ma biche, laisse moi te regarder : tu es splendide - C’est vrai ? - Bien sûr ! C’est toi la plus belle - Je t’aime - Moi aussi je t’aime, mais là je dois y aller....

Texte de Mistraline


« – Tu as vu ? – Quoi ? – Sa tête ! – Et ben ? – Elle tire la tronche. – Tu crois ? – Sûr que oui. – Pourquoi ? – Pourquoi pas… – Elle t’a dit quelque chose ? – Non, elle dit jamais rien. Elle a pas besoin on lit en elle comme sur un prompteur. – C’est pas faux. – Regarde elle a sa tête des mauvais jours. – Sa tête de tous les jours tu veux dire… – Non quelquefois c’est mieux. – Pas là ! – Non là elle est chiffonnée, elle a l’œil tout froissé. – On va la voir ? – Si tu veux. – Alors Madame R on prend son quart d’heure de soleil ? – Faut bien, y a que ça de gratuit de nos jours. – Et sinon vous allez comment ? – J’allai pas trop mal… – Et maintenant ça ne va plus ? – Plus trop. – Mais qu’est-ce qu’il vous arrive ? – Figurez-vous qu’un touriste m’a demandé des renseignements sur les monuments historiques de la ville. – Et alors, quel mal y a-t-il ? – Aucun. Mais quand je lui ai répondu que la ville en était pleine, mon mari qui n’en rate pas une, m’a balancé tout de go que j’en faisais un beau de monument historique, moi ! – Ce que c’est drôle Mme R ! – Ah vous trouvez ? – Mais oui, il ne faut pas le prendre de travers. – Oh mais je l’ai pris de face, en pleine poire même ! – Il n’y a pas mort d’homme que je sache. – Manquerez plus que ça ! – Vous connaissez les hommes… – Juste le mien et c’est déjà de trop. – Il ne serait pas là qu’il vous manquerez, hein ? – Vous croyez peut-être que le nez du sphinx lui manque ? – Sans doute… – Il s’en fiche éperdument Mme L, il est tout de pierre et d’orgueil, comme moi. – Ne faites pas votre monument hystérique Mme R, voyons ! – Vous avez la galéjade bien prompte aujourd’hui Mme S. – C’est pour vous distraire, vous faites une tête de six pieds de long ! – Je dois avoir un os coincé en travers quelque part… à moins que ce ne soit la pierre taillée d’un monument historique… – Vous n’êtes pas la moitié d’une rancunière vous alors !! – Je ne suis pas une ranconneuse moi Madame. – Vous parlez pour qui ? – Mme S, on vous appelle Lady pantouflarde, ça vous parle ? – C’est odieux !! – Voyez-vous ça… il vous en faut peu ma bichette pour crier au loup. – Je veux bien admettre mon aversion pour l’hyper activité… – Encore heureux !! – Pardon ? – Allez ça va pour cette fois, je vous accorde mon pardon et ce faisant, je me rentre mesdames. – Elle est impayable, non ? – Elle est redoutable oui !!